
Bientôt un livret d’épargne industrie ?-jotoler-pixabay.jpg
Soutenir la dynamique industrielle
Lors de son discours de politique générale du 1er octobre dernier devant les députés, Michel Barnier a notamment proposé la création d’un produit d’épargne dédié au financement de l’industrie française. Ce nouveau livret d’épargne réglementé viserait à soutenir la dynamique industrielle du pays via une « meilleure mobilisation de l’épargne des Français ». Cette proposition est loin d’être une nouveauté dans la mesure où l’idée percole depuis… 1983. Le Codevi (l’actuel Livret de développement durable et solidaire – LDDS) avait en effet initialement été conçu dans cette optique. De plus, en 2023, un projet de produit d’épargne orienté vers le soutien de la défense a été intégré au projet de loi de finance 2024 avant d’être rejeté par le Conseil constitutionnel. Début 2023, un projet de loi plus large, incorporant le financement de projets de transition climatique, d’IA ou de défense via la création d’un « Livret d’épargne défense souveraineté » (LEDS) a été rejeté par le Sénat.
Quels contours pour le livret épargne industrie ?
Si le projet de mobilisation de l’épargne des Français dans le cadre du financement de l’industrie ou de la défense du pays ne date pas d’hier, les interrogations demeurent. Interrogé par Capital, Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne, soulève la question de l’incitation fiscale, et de son coût pour le Trésor public. En effet, les livrets d’épargne réglementés disposent d’avantages fiscaux, les intérêts étant notamment exonérés d’impôts. Cependant, ce dispositif n’est pas sans impact pour les finances de l’État.
Un trou de plus de 2 milliards d’euros en 2023
En effet, si 2023 a été une année de collecte exceptionnelle pour l'épargne réglementée (Livret A, LEP, PEL, etc.), les exonérations d'impôt sur les intérêts de ces livrets ont représenté un manque à gagner conséquent pour l'État, de près de 2 milliards d’euros. Considérant cette donnée, et suivant la volonté énoncée par le premier ministre d’assurer une plus grande maîtrise des dépenses publiques, la mise en place d’un nouveau produit d’épargne liquide – sur lequel les fonds peuvent être retirés à court terme – pose question. Philippe Clavel rappelle que « le financement de l'industrie nécessite un investissement de long terme ». Il pourrait alors sembler plus logique de le soutenir via des produits comme le Plan épargne retraite (PER), le Plan d'épargne en actions (PEA) ou encore l'assurance vie. D’autant plus, conclut-t-il, qu’à leur lancement, les nouveaux produits ne trouvent pas nécessairement grâce aux yeux des épargnants. Preuve à l’appui, le tout récent Plan d'épargne avenir climat (PEAC) destiné à financer les entreprises engagées dans la transition écologique, tarde à intégrer les offres des établissements bancaires.
3 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer