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Avions en retard : comment la France ralentit l'Europe
information fournie par Le Figaro 18/07/2018 à 19:15

Le trafic aérien européen est soumis à de nombreuses contraintes : un contrôle trop peu centralisé et vétuste, des grèves à répétition, et un manque criant de coopération régionale expliquent les retards constants auxquels font régulièrement face les voyageurs du Vieux Continent.

Avec l'arrivée de la période estivale, les Européens se préparent à voyager à l'étranger. Et pour cela, l'avion reste le moyen de transport privilégié. Problème, le trafic aérien à travers le continent n'est pas loin de la saturation à cause d'une mauvaise organisation du contrôle, et d'un manque de moyens de celui-ci, ainsi que le rapporte en Suisse le Neue Zücher Zeitung . Si un rapport du Sénat nous apprenait ce lundi la situation périlleuse du contrôle aérien français, à la fois en retard sur le plan technologique, constamment en grève et mal formé, la situation au niveau européen n'est pas meilleure (même si, cela dit, la France y est largement en cause).

La France, lanterne rouge du contrôle aérien

En France, bien que deux milliards d'euros aient été dépensés pour moderniser les infrastructures de contrôle depuis 2011, nous demeurons de loin les champions régionaux de la grève des contrôleurs, 254 jours ayant été comptabilisés entre 2004 et 2016 - un chiffre sans aucune commune mesure avec nos voisins, la Grèce arrivant 2e du podium avec 46 jours. La vétusté du système, créatrice de retards et d'erreurs techniques, cause également 300 millions de pertes chaque année aux compagnies. Résultat, l'Hexagone est responsable d'un tiers des retards en Europe.

Un problème européen

Les causes sont à peu près semblables en ce qui concerne l'ensemble du continent, rapporte le Neue Zürcher Zeitung . Alors que le trafic aérien a crû de 30% en cinq ans, le journal suisse souligne que «seul le développement des retards suit cette croissance». En effet, un cinquième de tous les vols européens subit un retard supérieur à 20 minutes. De quoi exaspérer passagers et compagnies aériennes, auxquelles chaque minute de retard coûte en moyenne une centaine d'euros. Un retard moyen qui devrait presque doubler, selon Eamonn Brennan, directeur d'Eurocontrol, et atteindre pour cette même proportion d'avions 30 à 35 minutes cet été, à la pointe du trafic.

Plusieurs facteurs sont en cause: le numéro un d'Eurocontrol, autorité en charge de coordonner les différents contrôleurs au niveau européen, témoigne de la difficulté de son organisation à centraliser une tâche à laquelle les pays sont très attachés, le contrôle de l'espace aérien au-dessus de leur territoire. 41 services de ce type se relaient ainsi la surveillance des routes aériennes au fur et à mesure du vol des avions, avec la complexité qu'implique une telle course de relais ; en outre, cette pratique crée des goulets d'étranglements, les points de contrôle les moins performants créant et répercutant leurs erreurs sur toute la chaîne. Autre raison, la pénurie de contrôleurs aériens que subissent les tours de contrôle européennes. Regula Dettling-Ott, experte suisse de l'aviation civile, explique au journal zurichois que «plus de 60% des retards dans l'espace aérien européen sont dus à une pénurie de personnel dans les services de navigation aérienne», contre seulement 25% imputables aux conditions météo et 10% aux grèves. D'où la nécessité des aéroports d'investir dans les ressources humaines et les infrastructures de contrôle. Parmi les sept centres de contrôle principalement mis en cause dans ces retards, trois sont Français... L'experte déplore également le manque de coordination entre les centres, qui ne développent pas des outils de contrôles permettant de mieux centraliser les données. Les compagnies aériennes du Vieux Continent sont les premières victimes de ces incohérences, qui leur coûtent 1,6 milliard par an en hausse de frais d'exploitation et dédommagement des passagers.

Si la mesure «Free Route Airspace» promue par Eurocontrol pourrait apporter un certain soulagement aux compagnies, en permettant de prédéfinir des routes pour les compagnies aériennes sans besoin de suivi permanent des centres de contrôle, il reste du chemin à parcourir avant que les aéroports résorbent «la triste réalité faisant que près de 50000 passagers doivent accepter jusqu'à deux heures de retard dans les aéroports européens», selon les mots de Violeta Bulc, commissaire européen chargée des transports.

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