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Les pommes françaises vont-elles disparaître de nos compotes ?
information fournie par Le Figaro 08/12/2020 à 19:22

N'y aura-t-il bientôt plus de pommes françaises dans les compotes industrielles ? (Crédits photo : Unsplash - Priscilla Du Preez  )

N'y aura-t-il bientôt plus de pommes françaises dans les compotes industrielles ? (Crédits photo : Unsplash - Priscilla Du Preez )

Un «bras de fer» est actuellement engagé entre les producteurs, les industriels et la grande distribution. Cette dernière est accusée de «ne pas jouer le jeu».

N'y aura-t-il bientôt plus de pommes françaises dans les compotes industrielles ? Cette question, en lien direct avec la souveraineté alimentaire et le «made in France» , se pose actuellement dans le cadre des négociations commerciales annuelles entre les industriels et la grande distribution.

Pour comprendre le débat, il faut revenir à la période de la récolte. « On a eu une récolte limitée cette année, bien plus faible que l'an dernier. Ça créé une rareté pour la pomme française », explique au Figaro Josselin Saint-Raymond, directeur de l'association nationale pommes poire (ANPP). En cause, un manque de froid, une floraison limitée et une canicule très tardive, fin août et début septembre. « Il y a une récolte de très bonne qualité mais tout ça a diminué l'offre de 300.000 tonnes, soit 20% de moins que l'an dernier », complète Josselin Saint-Raymond. Selon lui, certains producteurs ont même perdu entre 30 et 50% de leur récolte.

Des négociations tendues

Cette « rareté », en vertu de la loi de l'offre et de la demande, a conduit à une hausse du prix des pommes. Pour rappel, 80% des pommes françaises produites vont vers les marchés de produits frais. Les 20% restants (notamment les fruits biscornus, trop petits ou trop gros) vont vers le marché de la compote. C'est sur ce second marché qu'un « bras de fer » a lieu actuellement.

Cette année, les industriels du secteur de la compote (Andros, Materne, Charles et Alice, Valade, St Mamet, etc...) ont acheté leurs pommes aux producteurs ou aux coopératives 50 à 60% plus cher que l'an dernier. Les industriels - qui revendent ensuite leur production à la grande distribution - « effaceraient » cette hausse si la grande distribution acceptait une augmentation de tarif de 1 ou 1,5 centime pour un petit pot, comme nous l'indique l'association des entreprises de produits alimentaires élaborés (Adepale). En effet, la pomme ne pèse pas lourd dans le prix du produit final. Ce dernier est notamment déterminé par l'emballage et la marge de la grande distribution.

Problème : la grande distribution est accusée par les producteurs et les industriels de ne pas jouer le jeu dans le cadre des négociations commerciales actuelles, qui se termineront en février. « Le sentiment général qui ressort, c'est qu'il y a des refus d'augmentation et même des demandes de déflation », explique au Figaro Christian Divin, directeur général de l'Adepale. « La grande distribution ne veut pas acheter plus cher », abonde Josselin Saint-Raymond. Contactée par Le Figaro , la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), qui regroupe plusieurs enseignes de la grande distribution, nous indique qu'elle «ne souhaite pas s'exprimer alors que des négociations sont en cours» . Jointe par mail, la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA), qui regroupe d'autres enseignes, n'a pas répondu à nos sollicitations.

Selon les producteurs et les industriels, la grande distribution ferait même pression sur les industriels pour qu'ils achètent leurs pommes moins cher ailleurs, dans des pays où les coûts de main-d'œuvre sont moindres (Pologne, Ukraine, Serbie, Turquie, notamment). Aujourd'hui, les pommes d'importation ne représentent qu'environ 15% des achats des industriels de la compote. Si la grande distribution campe sur ses positions en refusant d'acheter les produits à base de pommes françaises, les industriels devront-ils se résoudre à importer massivement des pommes étrangères ?

Une question de souveraineté alimentaire

Les discussions en cours posent en tout cas la question de la souveraineté alimentaire. « L'enjeu c'est de maintenir la production de pommes françaises », explique Josselin Saint-Raymond. « Il faut accepter qu'on produise moins certaines années, notamment avec les aléas liés au climat. Il faut que la grande distribution accepte d'acheter la compote aux industriels un peu plus cher. Sinon on continuera malheureusement à délocaliser », poursuit-il.

«Nous travaillons dans le cadre de l'interprofession pour mettre en place une filière française de la pomme. Dans le cadre de la loi Egalim et de la charte des produits frais et locaux, nous souhaitons que ces hausses de prix soient prises en compte par l'ensemble de la chaîne : producteurs, industriels et grandes surfaces. L'objectif est aussi de mieux rémunérer le producteur» , estime Christian Divin. « La grande distribution peut jouer le jeu et faire preuve de solidarité. J'ai confiance en sa responsabilité », poursuit-il.

Contacté par Le Figaro concernant les négociations en cours, le ministère de l'Agriculture n'est pas encore revenu vers nous à l'heure où nous écrivons ces lignes. Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat le 18 novembre, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie expliquait que la souveraineté alimentaire est «une question essentielle» .

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