Cécilia voit avec stupeur son logement squatté par des dealers qui occupaient au départ le sous-sol de son immeuble, à Marseille. Elle déplore l’abandon général du quartier de la Belle-de-Mai.
Les squatteurs ont pris le visage de trafiquants de drogue , pour Cécilia. Au départ, les dealers ont envahi un garage au sous-sol de son immeuble et non son appartement, situé dans le quartier Belle-de-Mai à Marseille (13), en 2022. « Ma voisine de palier a été séquestrée à main armée chez elle », confie-t-elle à La Provence . Cette mère de famille a pris son courage à deux mains et est allée à la rencontre des dealers, « pour essayer de calmer les choses ». La professeur de français remarque ensuite des tags réalisés à l’aide d’une peinture noire sur sa porte d’entrée. Elle reçoit également des menaces et commence à prendre peur.
Un abandon des institutions
Le centre d’information sur les droits des femmes avec lequel elle est en contact lui intime de quitter les lieux . « Qui n’aurait pas peur? Comme j’avais ma petite fille avec moi, il était évident que je ne pouvais pas rester dans l’appartement », s’alarme-t-elle auprès de BFM TV . Cécilia est mère célibataire d’une enfant de 5 ans et elle craint pour la sécurité de sa fille. En même temps, elle vient de devenir propriétaire de cet appartement il y a un an. Elle avait entrepris des travaux alors que le plafond menaçait de s’effondrer. Elle décide quand même de partir et pense avoir résolu le problème en quittant les lieux mais les squatteurs ont profité de son absence pour s’installer dans son logement. Cécilia croule sous les charges, elle loue un autre logement et se retrouve à payer un loyer de 700 euros par mois, son crédit avec des mensualités de 300 euros et les charges de copropriété, et ce depuis deux ans.
Elle se dit isolée et déplore le manque de soutien des pouvoirs publics. « Ce n’est pas tellement aux personnes qui sont les dealers que j’en veux. Il y a une question derrière de pouvoirs publics, de disponibilité de la police », déclare-t-elle. Cécilia, à bout, est actuellement en arrêt maladie. La quadragénaire a déposé plainte au commissariat pour « introduction dans un local à usage d’habitation à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte, et occupation frauduleuse » mais elle n’a pas les moyens de payer les frais d’huissier. Elle a tenté de revenir dans son logement, quelques mois après le début du squat mais elle a reçu un coup de poing dans la mâchoire par un squatteur et quelques dents ont été déchaussées.
Un isolement des mères célibataires
Contactée par Le Figaro , Cécilia n’a pas souhaité s’exprimer de manière plus prolixe sur le sujet. « J’ai décidé d’arrêter de répondre aux demandes d’interviews, j’ai eu de mauvaises expériences avec des médias », justifie-t-elle. Elle explique toutefois qu’aujourd’hui il n’y a plus de squatteurs dans les lieux. « Je ne vais pas revenir dans ce logement, j’ai vécu un traumatisme qui fait que c’est impossible », déclare-t-elle. Elle y retournera pour achever les travaux et changer la serrure mais c’est tout. Pour elle, le problème vient surtout « de la paupérisation des quartiers populaires, de l’abandon général du quartier de la Belle-de-Mai et de l’isolement des mères célibataires ». Elle est d’ailleurs coprésidente de l’antenne marseillaise du Mouvement des mères isolées. « Les mères isolées sont une cible parce qu’elles sont fragiles et vulnérables. Les dealers ne s’en seraient jamais pris à une femme avec un compagnon ou un mari. J’en suis l’illustration. Tout comme ma voisine de palier. ..», confie-t-elle à La Provence .
Cécilia n’est pas la seule propriétaire à ne pas en vouloir aux squatteurs mais aux institutions plutôt. Il y a quelques mois, une autre propriétaire bordelaise a vu son appartement squatté. Elle voulait vendre son logement mais le jour où elle a prévu de le faire visiter, la clé ne passait plus dans la serrure. Les squatteurs avaient changé la serrure. « La justice n’est pas inefficace, c’est plutôt la loi qui est aberrante , dénonce-t-elle. Je ne jette pas la pierre aux squatteurs, je comprends qu’ils n’ont pas d’autre solution . »
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