
Le crowdfunding s’essouffle après une décennie d’expansion / iStock.com - AndreyPopov
Un investissement immobilier rentable pendant une décennie
Le crowfunding ou financement participatif, concept lancé en France en 2014, est un financement alternatif réalisé sur des plateformes dédiées (généralistes ou spécialisées). Cette alternative aux prêts bancaires permet à des porteurs de projets, quels qu'ils soient, de collecter des fonds sur internet en sollicitant nombre de contributeurs (d'où le terme "crowd", foule en français). Ces investisseurs peuvent apporter leur contribution sous forme de dons, de prêts ou de "crowdequity" (souscriptions de titres financiers non cotés). Pendant dix ans, le crowfunding immobilier a eu le vent en poupe, si l'on en juge par les quelque 10 milliards d'euros investis. Il faut dire que les perspectives de rendement affichées par les plateformes dédiées au financement participatif immobilier étaient prometteuses, avec un taux compris en moyenne entre 9,1 % et 9,9 % entre 2017 et 2023. Malgré le pic de 10,7 % atteint à la fin du premier trimestre 2024, le dernier baromètre réalisé par France Fintech et le cabinet d'audit Forvis Mazars révèle pour 2023 un début d'essoufflement de la dynamique, avec une diminution de 11,6 %, repli confirmé par une nouvelle baisse de 17,1 % en 2024. Cette tendance baissière reflète l'état de santé de l'économie en général et de l'immobilier en particulier (remontée des taux d'intérêt, défaillance d'entreprises, diminution du nombre de transactions…). Ces difficultés s'ajoutent à une augmentation des retards de paiement, de l'ordre de 30 % fin mars 2024, devenus un enjeu et un défi majeurs pour les investisseurs.
Le recul des investisseurs… et des plateformes
Face aux risques encourus, les contributeurs ont perdu confiance et sont devenus plus frileux. L'autre conséquence de ce recul est que certaines des 60 plateformes dédiées au crowfunding, dont quelques unes des plus importantes, ont renoncé à ce marché pour se tourner vers des activités plus rentables. L'Autorité des marchés financiers (AMF) lance un double appel : elle invite d'une part les investisseurs à faire preuve de plus de vigilance, et demande d'autre part aux plateformes une plus grande transparence. Elle les incite notamment à publier les rendements de façon claire, en distinguant performances contractuelles et performances réelles, et en soulignant les retards de paiement. Le secteur des énergies renouvelables, qui affiche une levée de 352 millions, continue en revanche à gonfler ses parts de marché avec 20 % du total levé (contre 17,6 % en 2023). Les projets financés portent essentiellement sur le solaire (67 %) et l'éolien (12 %), le reste se partageant entre le biogaz, le stockage et l'hydroélectricité. Selon le baromètre 2024, un tiers des plateformes restent rentables, dont 10 % représentent plus de 50 % de la collecte. Le travail réalisé par les plateformes pleinement impliquées, conjugué aux données positives actuelles du marché (légère reprise, sélectivité plus importante des dossiers immobiliers…), pourrait présager un rebond courant 2025.
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