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Heurts au Liban entre forces de l'ordre et manifestants
information fournie par Reuters 19/10/2019 à 13:07

par Ellen Francis et Alaa Kanaan

BEYROUTH (Reuters) - Les forces de sécurité libanaises ont fait usage de gaz lacrymogène et ont mené la charge pour disperser des contestataires vendredi à Beyrouth, alors que des dizaines de milliers de personnes à travers le pays ont manifesté pour demander la fin de l'élitisme politique.

Des journalistes de Reuters ont constaté que des véhicules et des officiers de la police anti-émeute ont encerclé des manifestants, dans le quartier commerçant de la capitale, tirant des balles en caoutchouc et des cartouches de gaz lacrymogène pour les disperser.

Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées et arrêtées.

Le Premier ministre Saad Hariri, qui a accusé ses partenaires de gouvernement de bloquer ses réformes, a déclaré que le Liban traversait une "période difficile, sans précédent", alors qu'économistes et investisseurs ont prévenu que l'économie du pays était proche de l'effondrement.

Les manifestants ont afflué dans de nombreux villages et villes du pays, dont Beyrouth, pour une deuxième journée consécutive pour exprimer leur colère à l'encontre d'une élite politique qu'ils accusent d'avoir pillé l'économie du pays.

Ils ont bloqué des routes et érigé des barricades de pneus en flammes, n'épargnant aucun camp de leurs critiques.

Ces rassemblements, le plus important mouvement de contestation depuis une décennie, ont mêlé des Libanais de toutes confessions et classes sociales qui réclamaient à l'unisson la démission du gouvernement du sunnite Saad Hariri, du président chrétien Michel Aoun ou encore du président chiite du Parlement Nabih Berri.

Fait sans précédent, des manifestants chiites ont attaqué les permanences de leurs députés du puissant Hezbollah et du mouvement Amal dans le Sud-Liban.

Des rassemblements se sont formés aux abords de la résidence de Michel Aoun à Baabda, dans les faubourgs de Beyrouth, et près du Grand Sérail, siège du gouvernement dans la capitale libanaise.

A la tombée de la nuit, les manifestants ont scandé en choeur: "Nous n'avons qu'une seule demande, nous n'avons qu'un seul objectif: le peuple veut la chute du régime".

Certains manifestants se sont évanouis lorsque les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogène.

La Croix-Rouge a dit que son personnel avait soigné 160 personnes depuis jeudi soir.

D'après les autorités, 52 policiers ont été blessés vendredi et 70 personnes ont été arrêtées.

HARIRI FIXE UN ULTIMATUM

"Nous sommes descendus dans la rue parce qu'on ne peut plus supporter cette situation. Ce régime est totalement corrompu", a dit Fadi Issa, un Libanais de 51 ans venu manifester avec son fils. "Ce sont tous des voleurs, ils viennent au gouvernement pour se remplir les poches, pas pour servir le pays."

"Nous ne voulons pas seulement leur démission. Nous voulons qu'ils rendent des comptes. Ils devraient rendre tout l'argent qu'ils ont volé. Nous voulons le changement", a-t-il ajouté.

Cette explosion de colère est le fruit d'un mécontentement croissant face à l'inflation et à la hausse du coût de la vie, aggravé par l'annonce de nouveaux impôts, notamment la création d'une taxe sur les appels passés par l'application WhatsApp.

Economistes, investisseurs et agences de notation ont récemment multiplié les avertissements. A leurs yeux, le pays n'a jamais été aussi proche d'un effondrement économique depuis la fin de la guerre en 1990 en raison de son endettement et d'une corruption endémique.

La France, qui a accueilli en avril 2018 une conférence sur le sujet, a prôné vendredi "la mise en oeuvre effective des décisions prises" à cette occasion.

"Il s'agit de permettre, à travers la mise en place des réformes attendues et le financement des projets identifiés, le rétablissement de l'économie libanaise et la fourniture des services publics par l'Etat, au bénéfice direct de tous les Libanais", déclare le Quai d'Orsay dans un communiqué.

Cette contestation, qui a débuté jeudi soir avec des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre dans le centre de Beyrouth, a contraint Saad Hariri à annuler une réunion ministérielle prévue vendredi sur le budget de 2020.

Le gouvernement, au sein duquel sont représentées les principales formations du pays, a déjà fait marche arrière sur son projet de taxe sur les appels WhatsApp.

Dans une allocution télévisée vendredi, Saad Hariri a accusé ses "partenaires de gouvernement", qu'il n'a pas désignés, de bloquer ses réformes. Il leur a donné 72 heures pour montrer leur volonté de sortir du blocage actuel faute de quoi il adoptera une approche différente, a-t-il menacé.

(avec Samia Nakhoul, Imad Creidi, Yara Abi Nader, Tom Perry, Suleiman al-Khalidi et Laïla Bassam; Bertrand Boucey et Jean Terzian pour le service français)

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