(Répétition date)
* Le fonds TCI a écrit le 14 février à Safran et à l'AMF
* Safran compte redresser les marges de Zodiac en 2 ans
* TCI s'est récemment attaqué à Volkswagen
(Actualisé avec réaction de TCI)
par Cyril Altmeyer et Tim Hepher
PARIS, 24 février (Reuters) - Safran SAF.PA accuse le
fonds spéculatif TCI de mener une "campagne publique de
dénigrement" en menant la charge contre son projet de rachat de
Zodiac Aerospace ZODC.PA , dont le groupe défend le bien-fondé
et les termes.
Le président du conseil d'administration de Safran, Ross
McInnes, a répondu jeudi dans une lettre de six pages au
courrier que TCI lui avait envoyé le 14 février tout en le
diffusant sur internet.
Le fonds britannique, qui s'est illustré par sa récente
fronde contre la direction du constructeur automobile allemand
Volkswagen VOWG_p.DE , juge notamment le prix
d'achat de Zodiac proposé à 29,50 euros par action trop élevé,
estimant la juste valeur aux environs de 20 euros.
Ross McInnes rejette aussi les critiques de TCI qui doute
des capacités de Safran à intégrer des acquisitions.
"En matière de gestion de portefeuille, nous n'avons de
leçon à recevoir de personne", a-t-il dit à Reuters, citant les
plus-values, mentionnées par le fonds, prévues à la suite des
cessions des activités de sécurité et de détection de Safran.
Safran a vendu sa participation dans le spécialiste des
paiements Ingenico INGC.PA entre 2013 et 2015 pour un total de
892 millions d'euros, alors qu'elle ne valait que 470 millions
en 2012 lorsque TCI avait déjà écrit à Safran, l'enjoignant de
céder ses actions, a rappelé Ross McInnes.
Concernant le risque intrinsèque lié à l'intégration de
Zodiac, le directeur général de Safran Philippe Petitcolin s'est
montré convaincu de la capacité de Safran à redresser la marge
opérationnelle courante de sa cible aux environs de 14%, son
niveau avant la crise entraînée par des retards de livraisons.
"Même en excluant l'influence positive du dollar, on devrait
les ramener à une rentabilité au minimum égale à celle qu'ils
ont connue sous deux ans", a-t-il précisé à Reuters.
Mais TCI, qui détient 4% de Safran et est aussi actionnaire
de Zodiac, a dit douter de cet objectif, souligne que Safran
n'avait pas pu avoir accès aux usines de Zodiac pour mener une
procédure de "due diligence".
Sans plus de certitudes sur la réalité de la situation
opérationnelle de Zodiac, Safran ne peut donc pas justifier la
valorisation de l'opération, souligne TCI.
"Mauvais deal, mauvais prix - les calculs ne sont pas
corrects", a déclaré à Reuters Jonathan Amouyal, partenaire au
sein du fonds.
Mais des analystes ont mis en doute les propres projections
de TCI concernant la valorisation de Zodiac.
Dans sa lettre, Safran défend sa stratégie de
diversification permettant au motoriste d'accroître son
exposition au rentable secteur des équipements aéronautiques de
Zodiac.
"Le conseil d'administration n'a pas l'intention de changer
son fusil d'épaule", a déclaré Ross McInnes, soulignant que les
motoristes américains General Electric GE.N et United
Technologies UTX.N avaient eux aussi réalisé des acquisitions
dans les équipements.
PAS QUESTION D'UNE AG AVANT L'OPA
Dans le cadre d'une opération complexe destinée à satisfaire
des actionnaires des deux groupes, Safran doit d'abord
convaincre les minoritaires de Zodiac, qui détiennent 68% du
capital, d'apporter leurs titres à une OPA. Si plus de la moitié
d'entre eux acceptent, Safran pourra passer à la seconde phase.
Les actionnaires de Safran recevront aussi un dividende
exceptionnel de 5,5 euros avant la fusion.
TCI, lui, juge qu'un rachat d'actions serait bien plus
rémunérateur et bien moins risqué pour les actionnaires de
Safran qu'un rachat de Zodiac, une attitude jugée
"court-termiste" par Ross McInnes.
Mais TCI demande aussi une assemblée générale extraordinaire
du groupe avant le lancement de l'OPA sur Zodiac, elle-même
prélude à une deuxième phase, la fusion des deux groupes par
échange d'actions.
"La demande d'un vote des actionnaires de Safran avant le
lancement de l'offre publique est infondée au plan juridique
comme selon les principes de bonne gouvernance", déclare Ross
McInnes dans sa lettre à TCI.
"Les actionnaires ne sont pas consultés en référendum
permanent", a-t-il précisé à Reuters.
Sollicitée sur les arguments de TCI, une porte-parole de
l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'est refusée à tout
commentaire.
TCI a déclaré jeudi dernier avoir reçu le soutien de
plusieurs fonds américains et européens. Reuters n'a pour
l'instant obtenu aucune confirmation de tels ralliements.
Mais selon des analystes, ses arguments peuvent convaincre
certains actionnaires.
(Edité par Jean-Michel Bélot)