POINT HEBDO-Avant Noël, une nouvelle vague de réunions des banques centrales information fournie par Reuters 16/12/2024 à 07:00
(Répétition sans changement d'une dépêche transmise vendredi)
Si la fin de l'année est presque en vue, la dernière ligne droite sera loin d'être calme pour les investisseurs.
La semaine précédant Noël s'annonce en effet chargée : après la Banque centrale européenne (BCE), les banques centrales américaine, japonaise et britannique doivent annoncer leurs décisions en matière de taux d'intérêt dans les prochains jours, tandis que le gouvernement en Allemagne fera face à un vote de confiance qui devrait ouvrir la voie à des élections anticipées en février.
1/ UNE RÉDUCTION EN DÉCEMBRE, ET APRÈS ?
La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait annoncer mercredi une nouvelle réduction de 25 points de base de ses taux d'intérêt, la troisième consécutive, alors que le dernier indice des prix à la consommation a progressé conformément aux estimations et a laissé inchangées les perspectives des opérateurs pour la réunion de décembre.
Les investisseurs ont toutefois revu à la baisse leurs attentes concernant l'ampleur des réduction des coûts d'emprunt l'année prochaine. Les opérateurs s'attendent à ce que les taux tombent à environ 3,7% d'ici la fin de 2025, contre 4,5%-4,75% actuellement, soit environ 90 points de base de moins que ce qui était prévu en septembre.
L'accent est donc mis sur les propres projections de la Fed et sur les commentaires de son président Jerome Powell concernant ses attentes en matière d'assouplissement futur. Le patron de la banque centrale américaine a déclaré que l'économie était plus forte que ce que la Fed avait anticipé en septembre, et a semblé soutenir un rythme plus lent de réduction des taux à l'avenir.
2/ SUSPENS AU JAPON
Le pendule des attentes de la Banque du Japon (BoJ) en matière de politique monétaire a beaucoup oscillé ces deux dernières semaines, semant la confusion parmi les investisseurs, mais à mesure que la décision du 19 décembre se rapproche, le signal devient plus clair, même si l'issue reste incertaine.
Une majorité d'économistes interrogés par Reuters estime que la banque centrale maintiendra ses taux d'intérêt à 0,25%.
La veille, Bloomberg avait rapporté que les décideurs de la BoJ voyaient "peu de coûts" à retarder un nouveau resserrement.
La volatilité du marché pourrait sans aucun doute être élevée. L'un des risques est que la Fed surprenne en ne réduisant pas ses taux le 18 décembre, ce qui ferait grimper le dollar/yen.
Les analystes soulignent toutefois qu'il est très rare que la Fed aille à contre-courant des attentes lorsque la conviction du marché en faveur d'une baisse est si forte.
3/ LE DAX : LE DIABLE SE CACHE DANS LES DÉTAILS
Le DAX .GDAXI de la Bourse de Francfort a été l'indice européen le plus performant de l'année, battant un record après l'autre avec une hausse de 22% en 2024.
Les valeurs de la défense, de la technologie et de la construction ont plus que compensé la pauvre performance du secteur automobile, en plein marasme. Les entreprises allemandes semblent résister à la faible croissance et à l'impasse politique.
Le vote de confiance de la chambre basse du Parlement allemand prévu lundi, au cours duquel le chancelier Olaf Scholz ne devrait pas obtenir la majorité, ouvrira la voie à des élections anticipées en février, suite à l'éclatement du gouvernement de coalition.
Mais le diable se cache dans les détails. Selon Goldman Sachs, seulement 18% du chiffre d'affaires des groupes du DAX proviennent d'Allemagne, contre 33% pour les entreprises du MDAX
.MDAXI , qui a baissé de 1,1% cette année. Les bénéfices des entreprises allemandes ont chuté de 5,4% en glissement annuel au troisième trimestre, contre une croissance des bénéfices de 8,2% des sociétés du STOXX .STOXX , montrent les données du LSEG.
Les marchés d'actions allemands risquent donc de commencer bientôt à s'aligner un peu plus sur les réalités économiques et politiques sous-jacentes.
4/ UNE ACCÉLÉRATION DE LA BOE ?
En ce qui concerne les baisses de taux, la Banque d'Angleterre (BoE) prend son temps.
Les opérateurs s'attendent à ce que la BoE maintienne ses taux à 4,75% jeudi et à ce qu'elle ne procède pas à une troisième réduction de 25 points de base avant février.
L'augmentation des charges patronales dans le budget présenté en octobre par le gouvernement travailliste de Keir Starmer a conduit les grandes entreprises à annoncer des hausses de prix, alimentant les craintes d'inflation et contribuant à pousser la livre sterling à des plus hauts de deux ans et demi face à l'euro GBPEUR= , alors que la BCE assouplit sa politique plus rapidement que la BoE.
Mais les marchés obligataires s'interrogent sur cette divergence et le rendement des gilts à deux ans GB10YT=RR , qui évolue en fonction des prévisions de taux, est tombé à environ 4,38%, contre plus de 4,5% il y a un mois.
Dans le même temps, la croissance de l'emploi au Royaume-Uni ralentit, les hausses d'impôts décourageant les projets d'embauche, et la confiance des consommateurs est faible.
5/ LES SERVICES S'ESSOUFFLENT
Les indices PMI de novembre montrent que le secteur des services, autrefois robuste dans les grandes économies, s'essouffle, mettant fin à une divergence avec l'atonie de l'activité manufacturière.
Les chiffres de décembre, qui seront publiés la semaine prochaine, devraient montrer si le ralentissement s'accentue.
L'indice PMI composite de la zone euro, considéré comme un bon indicateur de la santé économique globale, est tombé à 48,3 en novembre, contre 50,0 en octobre. Au Royaume-Uni, l'indice PMI intersectoriel est tombé à son niveau le plus bas de l'année, 50,9, juste au-dessus du seuil qui sépare la contraction de l'expansion. Même l'activité du secteur des services aux États-Unis s'est ralentie.
Les inquiétudes concernant les droits de douane promis par le président américain élu Donald Trump et les troubles politiques en France et en Allemagne sont également susceptibles d'affecter davantage l'activité des entreprises.
Toutefois, pour certains observateurs, les données PMI donnent une image trop pessimiste de l'activité sous-jacente, la baisse des taux d'intérêt contribuant à renforcer le sentiment.
(Graphiques Prinz Magtulis, Pasit Kongkunakornkul, Vineet Sachdev ; compilé par Dhara Ranasinghe, Kirsten Donovan ; version française Diana Mandia, édité par Blandine Hénault)