GESTION 2019-Les signes de fragilité s'accumulent sur le crédit US-LBPAM
information fournie par Reuters 15/01/2019 à 16:41

    PARIS, 15 janvier (Reuters) - Les signes de fragilité se
multiplient sur le marché du crédit américain, qui pourrait
servir de caisse de résonance dans la phase actuelle de
ralentissement de la croissance, prévient La Banque Postale
Asset Management (LBPAM), qui ne s'attend toutefois pas à une
récession cette année et reste donc positive sur les actions. 
    La société de gestion s'attend à un ralentissement de la
croissance dans les trois grandes zones que sont les Etats-Unis,
l'Europe et la Chine mais à un reflux du risque politique et
souligne qu'avec l'ajustement des marchés en fin d'année
dernière, les valorisations sont en phase avec ce scénario d'un
cycle finissant mais qui peut encore se prolonger. 
    "J'ai très peur du marché du crédit aux Etats-Unis, où les
signes se multiplient qu'un château de cartes s'est mis en
place", a prévenu Stéphane Déo, stratégiste de LBPAM, lors d'une
présentation sur les perspectives 2019 des marchés financiers. 
    La taille du marché du crédit américain, a-t-il précisé, a
été multipliée par 2,5 pour atteindre près de 6.400 milliards de
dollars depuis l'éclatement de la grande crise financière de
2008, la proportion des deux grandes catégories qui le
composent, "investissement" (IG ou investment grade) et "haut
rendement" (HY ou high yield) restant globalement inchangée à
80% et 20% respectivement. 
    Mais, la qualité des émissions a baissé. Ainsi, au sein de
l'IG, la part des "triple B", la note de crédit la plus basse de
la catégorie, est au plus haut historique. La part des
primo-émetteurs est elle aussi au plus haut tandis que la
qualité du papier émis s'est aussi détériorée avec un indice
"cov-lite", calculé par Moody's et qui mesure la faiblesse des
protections accordées aux prêteurs par les emprunteurs, à un
niveau sans précédent. 
    Stéphane Déo pointe également la liquidité très précaire du
marché, en particulier en phase de stress. 
    
    UN MUR DE REFINANCEMENT EN 2020 ET 2021
    Il met en garde contre la détérioration de la position de
trésorerie des entreprises, en particulier pour les entreprises
de petite taille. Il rappelle aussi que si les entreprises ont
rapatrié beaucoup de liquidités aux Etats-Unis en profitant des
mesures fiscales prises par l'administration Trump, elles les
ont largement redistribuées à leurs actionnaires. 
    Les entreprises américaines les plus endettées sont aussi
confrontées à un mur de refinancement en 2020 et 2021,
prévient-il en soulignant qu'un nombre croissant d'entre elles
atteint voire dépasse le seuil des 100 milliards de dollars de
dette brute à long terme, au-delà duquel il est difficile de se
financer sur le seul marché américain. 
    Des groupes comme AT&T  T.N , Ford  F.N , General Electric
 GE.N  ou Verizon  VZ.N  sont dans cette situation. 
    "Il est difficile de voir le marché du crédit générer tout
seul une crise comme celle des subprime (à l'origine de la
grande crise financière de 2008-ndlr)", tempère néanmoins
Stéphane Déo. 
    "En revanche, le marché, à cause des fragilités qu'il est en
train de construire et à cause aussi de sa taille devenue
gigantesque, pourrait constituer une caisse de résonance
particulièrement dévastatrice lorsque la prochaine crise
éclatera", ajoute-t-il toutefois. 
    Sur la base d'un scénario central d'un cycle qui se prolonge
et d'un stress politique qui reflue, la société de gestion
s'attend à une remontée des taux longs et privilégie les actions
dans son allocation d'actifs. 
    "Nous tablons sur un rendement à dix à fin 2019 de 3,25% aux
Etats-Unis et 0,8% en Allemagne, et sur une performance des
marchés actions de l'ordre de 7% compte tenu d'un rendement du
dividende de l'ordre de 3% en Europe et de 2% aux Etats-Unis", a
dit Hervé Goulletquer, directeur adjoint de la recherche de
LBPAM, dont les encours ont légèrement reculé à fin 2018 à 214
milliards d'euros contre 216 milliards un an auparavant en dépit
d'une collecte nette positive. 
    
    Sur le même thème : 
    *L'endettement des entreprises préoccupe les
investisseurs-BAML  
    Voir aussi : 
    *LE POINT sur les perspectives de marché 2019 des gérants et
stratèges  
   

 (Marc Joanny, édité par Marc Angrand)