Casino-La pression s'accroît pour une rapide cession d'actifs

information fournie par Reuters 03/09/2018 à 14:16
    * S&P dégrade d'un cran sa note de crédit à "BB"
    * Casino publie le détail des liquidités de Casino Finance 
    * Le groupe confirme ses prévisions pour 2018
    * Le marché demeure méfiant, le titre poursuit sa chute

 (Actualisé avec détails, commentaires, cours)
    par Pascale Denis
    PARIS, 3 septembre (Reuters) - Casino  CASP.PA , en pleine
tourmente boursière liée aux inquiétudes sur sa dette et qui a
vu sa note financière à nouveau dégradée par Standard & Poor's,
a confirmé lundi ses objectifs financiers sans parvenir à
rassurer le marché.
    Après un nouveau plongeon boursier vendredi, provoqué par un
tweet du fonds américain Muddy Waters révélant qu'une filiale du
groupe, Casino Finance, n'avait pas déposé ses comptes 2017
 , l'agence S&P a abaissé d'un cran sa note de crédit
sur Casino à "BB" lundi matin, avec perspective négative.
    L'endettement du groupe est selon elle, "depuis plus de deux
ans supérieur à ce qu'impliquerait une note "BB+" tandis que "la
récente chute du titre ainsi que l'écartement du spread de
crédit de Casino et de sa maison-mère Rallye  GENC.PA  laissent
anticiper des financements coûteux et des risques sur la
structure du capital de Rallye".
    L'agence évoque "les risques que font peser sur l'ensemble
du groupe les échéances de dette de Rallye".
    Dans la foulée, Casino a répondu par un communiqué
confirmant ses objectifs financiers annuels, notamment en
matière de réduction de dette et de cessions d'actifs, évoquant
aussi "une bonne activité en France et à l'international depuis
le début de l'année et particulièrement en juillet et août".
    Le groupe, qui a dit faire l'objet "d'attaques spéculatives
répétées", juge que son cours de Bourse ne reflète ni sa
"résilience opérationnelle", ni sa "solidité financière" ni ses
"ressources immédiatement disponibles".
    Le distributeur a aussi déposé les comptes de sa filiale
Casino Finance et publié des "compléments d'informations" 
détaillant notamment sa trésorerie, Casino Finance compris.
 
    "Le groupe a perdu la confiance du marché. Il est maintenant
urgent qu'il concrétise son plan de cessions qui constitue le
seul moyen de faire remonter le cours de Bourse et d'alléger la
pression sur Rallye", commente un analyste qui a souhaité garder
l'anonymat.
       
    "LE MARCHE VEUT DU CONCRET SUR LES CESSIONS"
    "Casino confirme ses objectifs mais ce que le marché attend,
c'est du concret sur les cessions", ajoute-t-il.
    La valeur, qui a plongé de 46% depuis le début de l'année et
touché de nouveaux plus bas depuis plus de 20 ans, cède encore
-2,3435% à 14h05 à 26,67euros, alors que l'indice SBF 120
 .SBF120  gagne 0,06%.    
    Le rendement des obligations à deux ans de Casino a grimpé à
plus de 8% et le coût de son assurance contre un risque de
faillite a atteint un record.  0#CASPEURAEBMK=   CASP5YEUAM=MT 
    Le titre Rallye lâche quant à lui -3,5874% à 8,6 euros au
même moment.
    Depuis le mois de mai, l'inquiétude grandit sur les flux de
trésorerie du groupe et la dette de sa maison mère, qui devra
faire face à un remboursement de plus de 600 millions d'euros de
dette obligataire au mois d'octobre.
    La valeur des actifs de Rallye est estimée par les analystes
aux environs de 1,9 milliard d'euros, pour une dette de 2,9
milliards.
    Selon eux, faute de pouvoir faire appel au marché, Rallye
devra tirer des lignes de crédit bancaire et, pour cela, nantir
des titres Casino. Or, plus le cours de Casino est bas, plus
Rallye a besoin de nantir de titres.
    Pour certains, une baisse de Casino au-dessous de la barre
des 25-27 euros pourrait poser d'importantes difficultés à
Rallye pour ces nantissements.
    "Au cours actuel, si on estime que Rallye ne peut plus
recourir à des émissions de billet de trésorerie, près de 100%
des actions Casino seraient nanties en octobre 2018", notent les
analystes de Kepler Cheuvreux.
    
    "PRESSION ACCRUE"
    "Cela accroît la pression sur le groupe pour céder
rapidement ses actifs", ajoutent-ils, estimant cependant que les
risques de faillite sont faibles au regard des actifs que peut
vendre Casino (CDiscount, immobilier).
    Attaqué par Muddy Waters à la fin 2015 pour manque de
transparence et pile de dettes, Casino avait été contraint de
céder ses très rentables actifs asiatiques pour regagner la
confiance des investisseurs.
    A nouveau mis sous pression par le marché au printemps
dernier, il a lancé un deuxième plan de cession d'actifs de 1,5
milliard d'euros, sans rassurer davantage.
    En juillet dernier, le groupe a de nouveau été sanctionné
pour avoir annoncé une baisse de la dette de sa maison-mère
finalement imputable à des transferts en provenance de sa
holding brésilienne.  
    Il a encore été plombé, en août, par une note de Bernstein
ayant révisé en baisse la valorisation du groupe pour prendre en
compte l'impact financier de ses accords de franchise en France,
des calculs contestés par le distributeur.  
    Le titre Casino pourrait, selon Kepler Cheuvreux, sortir de
l'indice MSCI en novembre.

 (Avec Benjamin Mallet, édité par Cyril Altmeyer)