737 MAX-Boeing publie des centaines de messages très embarrassants
information fournie par Reuters 10/01/2020 à 11:47

    WASHINGTON, 10 janvier (Reuters) - Boeing  BA.N  a rendu
public des centaines de messages internes particulièrement
cinglants à l'égard du 737 MAX, un appareil "conçu par des
clowns placés sous la supervision de singes" selon l'un de ces
échanges.
    Les messages, que l'avionneur américain dit avoir dévoilés
par souci de transparence, mettent également au jour les
tentatives du groupe de contourner les règles de
l'administration de l'aviation civile américaine (FAA) et des
autorités de régulation étrangères.
    Cet exercice de contrition pourrait aggraver la crise au
sein de Boeing, qui peine à remettre son modèle-phare en service
et à redorer son image depuis les accidents d'un avion de la
Lion Air, en octobre 2018, puis d'un autre de l'Ethiopian
Airlines, en mars dernier. 
    Tous les 737 Max en circulation sont cloués au sol depuis
ces deux crashs, qui ont fait 346 morts au total.
    Les employés du constructeur aéronautique avaient conscience
des défaillances de l'appareil, lancé en 2016, bien avant les
deux tragédies survenues dans des circonstances similaires à
cinq mois d'intervalle, selon les messages révélés jeudi.
    Dans l'un d'entre eux, daté du 8 février 2018, un salarié
demande à l'un de ses collègues : "Mettrais-tu ta famille dans
un avion testé sur le simulateur MAX ?" Réponse : "Non."
    Ces communications jettent une lumière crue sur la double
culture de réduction des coûts et de mépris à l'égard de la FAA,
alors répandue au sein de l'entreprise. 
    Certaines d'entre elles, notamment, montrent comment le
groupe a tenté de dispenser les pilotes du 737 MAX de formation
sur simulateur de vol - une étape plus coûteuse et chronophage
qu'un simple entraînement sur ordinateur.
    Boeing a changé de pied mardi en recommandant aux compagnies
aériennes d'effectuer une formation au pilotage du 737 MAX à
l'aide d'un simulateur.  
    Ces échanges "ne réflètent pas l'entreprise que nous sommes
et que nous devons être et ils sont inadmissibles", s'est
défendu l'avionneur dans un communiqué.
    La FAA a pour sa part jugé "décevant" "le ton et le contenu"
de certains de ces messages, tout en expliquant qu'ils ne
suscitaient pas de nouvelles craintes concernant la sécurité des
appareils.
    Le constructeur, qui changera de tête lundi avec l'entrée en
fonctions du nouveau directeur général David Calhoun, a perdu
l'an dernier sa place de numéro un mondial au profit d'Airbus
 AIR.PA .  

 (David Shepardson, version française Simon Carraud, édité par
Jean-Michel Bélot)