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France: Un avocat accusé de financement du terrorisme suspendu
information fournie par Reuters 03/02/2019 à 16:24

PARIS (Reuters) - L'avocat Bruno Vinay, mis en examen en janvier pour financement du terrorisme, accusation qu'il conteste, a été suspendu pour quatre mois renouvelables de l'exercice de ses fonctions, a-t-on appris dimanche auprès d'un de ses conseils, Me Emmanuel Daoud.

Cette mesure lui a été notifiée vendredi après-midi par l'ordre des avocats de Paris, qui l'avait entendu le 30 janvier, à la demande des juges d'instruction chargés de ce dossier et dans le cadre de son contrôle judiciaire.

"Nous déplorons que la formation compétente du Conseil de l'ordre ait suivi cette demande", écrivent Emmanuel Daoud et l'autre avocat de Me Vinay, Me Laure Heinich, dans un communiqué publié sur Twitter.

Cette mesure de contrôle judiciaire "s'apparente en réalité à une sanction", est "infondée" et "à tout le moins totalement disproportionnée", ajoutent les deux avocats, qui ont fait appel de cette décision auprès de la Cour d'appel de Paris.

Me Bruno Vinay, avocat pénaliste spécialisé dans la défense de djihadistes, "conteste avec la plus grande fermeté" l'infraction qui lui est reprochée, qui relève "d'une pure fiction", estiment encore Mes Daoud et Heinich.

Me Vinay avait été désigné en juin 2017 comme avocat de Maximilien Thibaut, conjoint de la Française Mélina Boughedir, condamnée depuis à 20 ans de prison par la justice irakienne.

Maximilien Thibaut était alors bloqué avec sa femme et ses quatre enfants dans la ville irakienne de Mossoul, encore entre les mains de l'Etat islamique mais sur le point de tomber.

UNE OPÉRATION DE 37.000 EUROS

"Cet homme, qui avait servi l'Etat islamique, dont il se disait repenti, exprimait la volonté de se rendre aux autorités irakiennes pour être jugé en France ou en Irak", expliquent les avocats de Me Vinay, selon qui deux journalistes françaises avaient alors proposé de l'aider à se rendre.

Me Vinay avait avisé le parquet anti-terroriste de Paris, le consul de France en Irak et le magistrat de liaison entre les deux pays des intentions de son client mais ses courriers sont restés vains, ajoutent Mes Daoud et Heinich.

Me Vinay reconnaît avoir alors remis de l'argent au "fixeur" irakien des deux journalistes, via un contact en Allemagne, pour organiser sa reddition, précisent-ils.

Il a été mis en examen pour "financement d'une entreprise terroriste" et "transfert non autorisé d'une somme supérieure à 10.000 euros".

Selon le Journal du Dimanche, il s'agit d'une première tranche de 20.000 euros sur une somme totale de 37.000 euros, qui devait payer l'opération d'exfiltration et de reddition du djihadiste et de sa famille.

Mais cet argent "n'était évidemment pas destiné à l'Etat islamique" et "ne pouvait en aucune manière lui bénéficier, ayant été précisément remis à l'armée irakienne", font valoir les avocats de Bruno Vinay.

Maximilien Thibaut, qui aurait 33 ans aujourd'hui, avait rejoint l'État islamique en 2015. Selon Mélina Boughedir, capturée en 2017 par les forces irakiennes, il n'aurait été qu'un "cuisinier" de Daech. Il est présumé mort dans Mossoul assiégé, semble-t-il, tué alors qu'il allait chercher de l'eau, selon une source familière du dossier.

Quant à Mélina Boughedir, elle purge désormais sa peine dans une prison irakienne. Elle a pu garder le plus jeune de ses enfants, les trois autres ont été rapatriés en France.

(Emmanuel Jarry, édité par Caroline Pailliez)

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