Les voitures électriques chinoises fortement taxées information fournie par Boursorama avec LabSense 15/11/2024 à 10:30
Contrer un marché asiatique en expansion
Le prix de vente des voitures chinoises, jusqu'à 20 % moins élevé que celui des véhicules européens, est un véritable sujet de préoccupation pour l'Union européenne. La part de marché des constructeurs chinois est en effet passée d'à peine 1 % en 2019 à 8 % en 2024, et les perspectives sont de 15 % d'ici 2025. Afin d'inciter les constructeurs à investir en Europe, l'Union européenne a décidé d'augmenter les tarifs douaniers sur les véhicules électriques à batterie importés de Chine. Pour être adoptée, la mesure devait être votée par une majorité de 15 États membres. C'est chose faite, avec 10 pays pour le nouveau dispositif, 5 pays contre et 12 pays qui se sont abstenus. Ces droits compensateurs, entrés en vigueur le 30 octobre 2024 pour une durée de 5 ans, sont à la hauteur des aides reçues en Chine. Ils peuvent atteindre 35,4 % et s'ajoutent aux 10 % de droits d'importation actuels. La surtaxe s'applique aux producteurs de tous les pays implantés sur le sol chinois. L'enquête anti-subventions menée par la Commission européenne pendant un an a permis de conclure, fin octobre, que les fabricants profitaient largement des subventions accordées par la Chine. Selon la Commission, ces aides (telles que les fournitures à faible coût pour les batteries) constituent une concurrence déloyale vis-à-vis de la production européenne, en permettant une production de masse à prix réduit. Le marché asiatique dispose ainsi d'un surplus de trois millions de véhicules électriques par an, ce qui représente deux fois la taille du marché de l'UE.
Réactions hostiles en Chine et réticences en Allemagne
La décision prise par Bruxelles était censée créer un effet levier en mettant les Chinois face à deux options : soit payer plus cher pour exporter, soit investir en Europe, afin de rétablir une équité entre marché asiatique et marché européen. Mais l'idée, cohérente en théorie, a tourné au bras de fer et pourrait même se retourner contre l'Europe. Le ministère du travail chinois du Commerce a affiché sa désapprobation en qualifiant les tarifs européens de "protectionnistes". Pékin riposte en demandant à ses leaders du marché automobile, tels que BYD, SAIC ou Geely, de geler les projets d'implantation européens. Des pays comme la France, l'Espagne ou la Hongrie seront fortement impactés, car ils misaient sur ces investissements pour soutenir leur industrie automobile. Par ailleurs, la Chine a décidé de lancer ses propres enquêtes anti-subventions sur les importations de différents produits européens, tels que le cognac, les produits laitiers ou le porc. La décision de Bruxelles n'a pas fait l'unanimité non plus au sein des États membres. L'Allemagne, entre autres, affiche clairement son refus, par crainte des conséquences des représailles asiatiques sur ses propres exportations. Les représentants de l'industrie automobile allemande affirment que la mesure est susceptible d'accentuer les tensions commerciales, de nuire à la compétitivité des constructeurs européens et de menacer les emplois du secteur automobile en Europe. Ils prônent plutôt le dialogue, afin de répondre au défi économique que représente la Chine. La France, quant à elle, valide la décision et affirme qu'elle soutient la libre concurrence si celle-ci reste équitable. La porte du dialogue reste ouverte, l'UE n'excluant pas des négociations à venir avec la Chine et les exportateurs individuels.