Les prix alimentaires flambent information fournie par Boursorama avec LabSense 24/03/2023 à 10:00
Après la fin des négociations commerciales entre supermarchés et industriels, les prix des produits alimentaires vont encore grimper. La hausse supplémentaire pourrait même, dans les semaines à venir, être de l'ordre de 20 % par rapport à janvier 2022.
La fin des concertations signe le début d'une nouvelle hausse
Les prix de l'alimentaire continuent à exploser, à tel point qu'en février, la hausse de ces produits, sur un an, a dépassé pour la première fois celle de l'énergie. Et, après la clôture des négociations entre l'industrie agroalimentaire et les grandes surfaces, cette flambée risque bien de poursuivre sa course folle. C'est en effet le 1er mars qu'ont pris fin les concertations annuelles, dont le but est de fixer les conditions d'approvisionnement des supermarchés auprès des industriels. Cette année, ces échanges ont pris l'allure d'un bras de fer, avec trois mois de discussions particulièrement houleuses. Selon les représentants des centrales d'achat des supermarchés, les propositions de hausse des industriels ont atteint un niveau "délirant", certains grands groupes allant même jusqu'à imposer des augmentations frôlant les 20 %. Les distributeurs préviennent, par le biais de leurs représentants, qu'il ne leur sera pas possible d'absorber de telles hausses, et qu'ils devront inévitablement les répercuter sur le consommateur. Certaines grandes enseignes pourraient aussi faire le choix de retirer à la vente les marques aux prétentions tarifaires trop élevées, pour privilégier leurs propres marques.
Quelles causes et quelles mesures contre l'envolée des prix ?
Un second coup de massue attend donc le consommateur, dont le porte-monnaie a déjà souffert d'une hausse de 14,5 % sur un an, chiffre annoncé par l'Insee pour février 2023. Les ménages les plus fragiles ont beaucoup de mal à faire face et limitent leur consommation, si l'on en juge par le recul de près de 9 % des dépenses alimentaires par rapport à fin 2021 (soit 52 € de moins par foyer). Pourquoi ces hausses ? Outre la guerre en Ukraine, elles s'expliquent par l'augmentation des tarifs du gaz et de l'électricité, qui a gonflé la facture des agriculteurs (le prix des engrais chimiques, par exemple, a flambé compte tenu de leur fabrication énergivore). Les industriels sont également impactés par l'augmentation du prix des matériaux de conservation et d'emballage des produits livrés (verre, papier, plastique). Cette répercussion sur le panier des Français a demandé plus ou moins de temps, mais elle est aujourd'hui visible dans tous les secteurs. Certains géants, tels que Lactalis, évoquent la nécessité de mettre à contribution les supermarchés pour mieux rémunérer les éleveurs. Quelles sont les mesures proposées par le gouvernement ? Son porte-parole, Olivier Véran, a annoncé que l'objectif du moment était de "casser les prix du quotidien", afin de préserver le pouvoir d'achat des Français. Quelques coups de pouce ont donc été mis en place. Le projet du panier anti-inflation, que Bercy a tenté en vain d'imposer aux distributeurs, a été remplacé par le "trimestre anti-inflation". La plupart des enseignes proposent donc, jusqu'au 15 juin, un panier de produits de base (alimentaires ou non) au "prix le plus bas possible". Parallèlement, l'idée d'un chèque alimentaire pour les plus modestes, un temp rejetée, refait surface et sera expérimentée dans les mois qui viennent. Le gouvernement mise également sur une responsabilisation des acteurs, en demandant aux distributeurs de rogner sur leurs marges pour une "action collective juste". Emmanuel Macron, qui considère que l'industrie agro-alimentaire a déjà fourni un effort important ces dernières années, invite donc les supermarchés à participer à l'effort général.