Les logements bouilloires : un sujet brûlant bientôt débattu à l’Assemblée nationale ? information fournie par BoursoBank 04/07/2025 à 12:00
Après les passoires thermiques, les logements bouilloires vont-ils à leur tour être dans le viseur des pouvoirs publics ? Jusqu'ici angle mort de la politique de rénovation énergétique du parc immobilier en France, la problématique des logements bouilloires énergétiques est en tout cas mise sous le feu des projecteurs par la Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre), qui publie un rapport intitulé « Chaud dedans ! L'urgence d'adapter les logements bouilloires aux canicules » et annonce dans la foulée le dépôt à l'Assemblée nationale d'une proposition de loi transpartisane baptisée « Zéro Logement Bouilloire ».
Après l'interdiction de mise en location des passoires thermiques pour les biens immobiliers dont le DPE est classé G , les bouilloires thermiques sont à leur tour montrées du doigt !
A l'occasion de la publication d'un rapport sur ce sujet brûlant, la Fondation pour le Logement des Défavorisés a annoncé en juin 2025 qu'une proposition de loi transpartisane dite « Zéro Logement Bouilloire » sera déposée dans le courant de l'été à l'Assemblée nationale.
Parmi les mesures proposées, l'affichage systématique de la note de « confort d'été » du DPE dans les annonces immobilières et la mise en place d'un calendrier de rénovation des logements bouilloires à la location à partir de 2030…
Vivez-vous dans une bouilloire thermique ?
Mauvaise isolation thermique, ventilation insuffisante, présence de matériaux qui captent et accumulent la chaleur, nombreux sont les facteurs qui peuvent rendre votre logement très (trop) chaud pendant la saison estivale.
Lorsqu'un logement dépasse une température de 26 à 28 degrés le jour et 26 degrés la nuit, on parle de «bouilloire thermique».
Là où un logement considéré comme une «pas soire thermique » ne retient pas suffisamment la chaleur l'hiver, le logement «bouilloire thermique» ne reste pas suffisamment frais en été et peut devenir invivable pour ses habitants en cas de fortes chaleurs.
Les deux situations peuvent se cumuler puisqu'un logement mal isolé peut être une passoire thermique en hiver et se transformer en bouilloire thermique en été !
Une étude du syndicat Ignes (1) estimait en 2024 que 9 logements sur 10 ne sont pas adaptés aux fortes chaleurs et que près de 40% des logements n'ont pas de protections solaires suffisantes .
La même étude soulignait qu'une bonne notation du DPE ne garantit pas un bon confort d'été puisque 31% des logements classés A ont un niveau de confort d'été jugé «insuffisant» et seulement 10% atteignent un niveau classé «bon».
Bon à savoir : Le DPE d'un bien immobilier comporte un indicateur dit de «confort d'été» classé selon trois niveaux : bon, moyen ou insuffisant, en fonction de plusieurs critères comme la présence de protections solaires, l'isolation de la toiture, l'inertie du logement, etc. Les professionnels du secteur sont toutefois nombreux à estimer que cet indicateur trop simpliste n'est pas suffisant pour répondre à l'enjeu face à la multiplication des pics de chaleurs extrême.
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Une urgence dénoncée par la Fondation pour le logement des défavorisés
Dans son rapport 2025 (2), Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) dénonce «une urgence sociale, écologique et sanitaire à laquelle l'Etat doit apporter des solutions rapides et durables, au risque de voir se développer des solutions contre-productives comme la multiplication des climatiseurs individuels».
Selon ce même rapport, 42% des Français ont souffert de la chaleur dans leur logement pendant l'été 2024, alors même que les températures étaient plutôt modérées.
«Cela souligne que le problème est structurel et est amené à s'aggraver fortement avec la récurrence des étés caniculaires. Les chiffres de la précarité énergétique d'été traduisent de fortes inégalités», explique Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le Logement.
En effet, les habitants des quartiers populaires, les jeunes, les personnes âgées et les plus précaires ont été les plus exposés.
Être exposé à de fortes températures dans son logement comporte des risques graves pour la santé comme entrainer une aggravation des pathologies cardiovasculaires ou respiratoires. Santé Publique France dénombre 3.700 personnes décédées à cause de la chaleur pendant l'été 2024, dont plus de trois quarts étaient âgées de 75 ans ou plus.
Vers une loi «Zéro Logement Bouilloire» ?
Dans la foulée de son rapport, la Fondation pour le Logement a annoncé le dépôt prochain auprès de l'Assemblée nationale d'une proposition de loi transpartisane (PPL) baptisée «Zéro Logement Bouilloire» visant à «adapter les logements aux fortes chaleurs et à protéger leurs occupants».
Le texte de loi, travaillé avec des parlementaires de tous bords propose notamment :
- D'intégrer la surchauffe des logements dans la définition de la précarité énergétique.
- D'afficher systématiquement la note “confort d'été” du DPE du logement sur les annonces immobilières.
- De définir un calendrier de rénovation des logements bouilloires à la location à partir de 2030.
- D'interdire des coupures d'électricité tout au long de l'année pour que personne ne se retrouve dans l'impossibilité d'utiliser un ventilateur par exemple.
- De modifier le système de vote en copropriété et le fonctionnement des avis des ABF (Architectes des Bâtiments de France) pour faciliter l'installation de protections solaires.
- D'assurer que les rénovations globales des logements traitent systématiquement le confort d'été.
Bon à savoir : la Fondation pour le logement estime qu'une hausse annuelle d'un milliard d'euros des aides publiques dédiées aux simples gestes de confort d'été permettrait d'équiper tous les logements de brasseurs d'air et de protections solaires d'ici 2040.
(1) «Confort d'été : seulement 1 logement sur 10 adapté aux fortes chaleurs», Ignes, 2024.
(2) «Chaud dedans ! L'urgence d'adapter les logements bouilloires aux canicules», Fondation pour le Logement des Défavorisés, juin 2025.