Les jeunes et l'épargne : entre prudence et nouvelles tendances
information fournie par Mingzi 18/02/2025 à 08:24

Quelles sont les tendances d'investissement chez les moins de 35 ans ? (Crédits photo: 123RF)

Face à un contexte économique incertain, les jeunes Français jonglent entre prudence et audace dans leurs stratégies d'épargne. Une étude du Cercle de l'Épargne met en évidence cette dualité, illustrant comment les moins de 35 ans naviguent entre produits financiers traditionnels et nouveaux modes d'investissement.

Une capacité d'épargne sous contrainte

Les jeunes de moins de 35 ans font face à des difficultés économiques particulières. En 2023, le taux de chômage des 15-24 ans atteignait 17,2 %, bien au-dessus de la moyenne nationale de 7,3 %. Environ 18 % des jeunes de moins de 25 ans occupent un emploi précaire contre 10 % des 25-49 ans. Cette instabilité affecte leur capacité d'épargne, d'autant que le coût du logement, notamment en milieu urbain, grève fortement leur budget.

Selon l'INSEE, le niveau de vie moyen des 18-24 ans s'établit à 24.210 euros par an, soit 11 % de moins que l'ensemble des adultes. Près de 19 % d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Pour les 25-29 ans, la situation s'améliore avec un taux d'emploi de 77 % et un niveau de vie moyen de 25.600 euros, bien qu'inférieur à celui des générations plus âgées.

Dans ce contexte, beaucoup de jeunes adoptent une approche prudente, privilégiant des solutions d'épargne liquides et accessibles. Ils se tournent principalement vers des produits sécurisés, tels que le Livret A, qui leur permet d'avoir une réserve financière en cas de coup dur. Par ailleurs, la crainte de ne pas pouvoir accéder à la propriété ou à des investissements à long terme renforce leur intérêt pour des placements facilement mobilisables.

Des choix d'épargne diversifiés

Malgré des moyens limités, les jeunes font preuve de pragmatisme dans leurs placements. Le Livret A reste leur produit d'épargne préféré : en 2021, 89 % des moins de 30 ans en possédaient un. L'immobilier demeure un objectif majeur, bien que son accès soit de plus en plus difficile en raison de la hausse des prix et des exigences en termes d'apport personnel. En 2024, 65 % des 18-24 ans et 63 % des 25-34 ans considèrent l'investissement immobilier comme un placement attractif.

L'épargne retraite suscite également un intérêt croissant. Le Plan d'épargne retraite (PER), introduit par la loi PACTE de 2019, est jugé intéressant par 62 % des 18-24 ans, contre 57 % pour l'ensemble des Français. Environ 13 % des jeunes de 18-24 ans et 24 % des 25-34 ans ont déjà souscrit un PER, un chiffre en hausse.

L'assurance-vie, bien qu'historiquement plébiscitée par les générations plus âgées, attire également les jeunes : 22 % des moins de 30 ans et un tiers des trentenaires en détiennent une. Sa flexibilité et la possibilité d'investir en unités de compte y contribuent largement.

L'attrait des nouveaux placements

Les jeunes se tournent également vers des solutions d'investissement plus dynamiques. L'investissement en actions rencontre un fort succès : en 2024, 58 % des 18-24 ans et 48 % des 25-34 ans considèrent qu'il est intéressant d'investir en bourse, contre 43 % pour l'ensemble des Français.

Les cryptomonnaies et les ETF sont également en plein essor. Plus d'un tiers des moins de 35 ans se disent prêts à investir dans un cryptoactif, contre seulement 11 % des 65 ans et plus. La part des jeunes parmi les investisseurs en ETF a triplé en cinq ans, passant de 9 % en 2019 à 30 % en 2024.

L'engouement pour ces placements plus risqués s'explique en partie par leur familiarité avec les outils numériques. Grâce aux plateformes en ligne et aux applications mobiles, les jeunes ont un accès simplifié aux marchés financiers et peuvent investir à partir de faibles montants. L'essor des influenceurs financiers sur les réseaux sociaux contribue également à cette tendance en démocratisant l'investissement boursier.

Une épargne engagée et responsable

Les jeunes se distinguent par une forte sensibilité à la finance durable. En 2023, 58 % des moins de 35 ans manifestaient un intérêt pour les placements responsables, contre 44 % pour l'ensemble de la population. En 2022, ils représentaient la moitié des souscripteurs de fonds durables.

De plus, ils sont favorables à des mesures incitatives en faveur de l'épargne verte : 43 % des 18-24 ans et 49 % des 25-34 ans soutiennent une réduction de la taxation des placements écologiques. Par ailleurs, 30 % des moins de 25 ans souhaitent une taxation plus forte des placements dans les énergies fossiles, contre seulement 22 % de l'ensemble des Français.

Par ailleurs, ils réclament davantage de transparence sur l'utilisation de leur argent par les institutions financières.

Les jeunes Français démontrent une grande adaptabilité face aux enjeux économiques actuels. Tout en conservant des placements classiques comme le Livret A et l'immobilier, ils explorent de nouvelles voies d'investissement telles que les cryptomonnaies et la finance verte. Plus audacieux que leurs aînés, ils restent cependant vulnérables aux arnaques en ligne, ce qui souligne l'importance d'une meilleure éducation financière pour les accompagner dans la gestion de leur patrimoine.