L’impact de notre alimentation actuelle et la surpopulation à venir nous poussent à réfléchir à une alimentation différente et surprenante au premier abord : les insectes. Qu’en est-il dans les faits et quels sont les projets en cours ?
Les insectes dans l’alimentation animale… et humaine - iStock-DonnaDiavolo
Une nourriture moins contraignante
Un élevage facile Faciles à élever quand on sait qu’ils se nourrissent de peu et ne demandent pas de soins particuliers, les insectes ont le vent en poupe. Certaines espèces de mouches se contentent, en effet, de nos ordures ménagères pour survivre. Si on avance que, d’ici 2050, la population devrait atteindre 9 milliards d’individus, on comprend que les terres cultivables et les pâtures ne seront plus suffisantes à assurer notre survie. Les scientifiques et les agronomes travaillent donc à sélectionner les espèces et à trouver les moyens de les produire en quantité industrielle. Une transformation simple et rapide Après un engraissage facile, les insectes sont traités rapidement. Au bout de 15 jours, ils sont bourrés de protéines et tués par un jet de vapeur brulante. Ensuite, leurs composants sont séparés, asséchés et désinfectés pour être employés dans l’alimentation animale. Ynsect prévoit, d’ailleurs, d’inaugurer d’ici peu, une unité de production où l’on élèvera des larves de scarabées dont on promet une plus grande richesse en protéines.
Une option qui devient de plus en plus concrète
Un intérêt notable sur le marché français A Nesle, en Picardie, l’expérimentation a déjà commencé et on y élève, dans des volières de tulle blanc, des mouches noires : la nouvelle usine d’InnoFeed est sortie de terre en novembre dernier et ne fait que prospérer. Ici, la reproduction est rapide car elles y pondent 20000 œufs par seconde dans une « ferme verticale » de 28 mètres de hauteur. Déjà 7 milliards de larves y vivent. La réalité est là et la France semble en avance. Une autre société, Ynsect, prospère et a déjà récolté 220 millions d’euros auprès de ses investisseurs. Une réponse adéquate à notre démographie grandissante Des recherches récentes avancent que ces petites bêtes à 6 pattes pourraient se révéler utiles pour rendre notre alimentation plus saine et plus durable. Bourrés de protéines, les insectes seraient donc les remplaçants de notre production animale. Outre les protéines, ils sont riches en fer, en vitamines et, cerise sur le gâteau, ils émettent 99% de moins d’émissions de gaz à effet de serre que le bœuf ! Mais, culturellement, est-on prêts, en Europe, à accepter ce genre d’alimentation ? Si cette pratique a cours en Afrique et dans les villages du Laos, elle reste, chez nous, anecdotique. Pour l’instant, nous nous limitons à des poudres protéinées dans l’alimentation des poissons et des crevettes ou à des huiles dans celle des volailles. Notre consommation est donc indirecte mais bien réelle ! Si l’Autorité européenne de la sécurité des aliments vient d’autoriser l’utilisation de « vers de farine » dans l’alimentation humaine, il faut rester méfiants et attendre, avant validation complète, des études supplémentaires. En effet, qu’en sera-t-il des allergies ? Ainsi, la maîtrise des risques sanitaires n’est pas garantie et l’entomophagie n’est pas encore d’actualité.