Les autoroutes vont-elles augmenter leurs tarifs ?
information fournie par Boursorama avec LabSense 16/12/2021 à 07:30

Après une hausse de 0,44 % début 2021, la plus faible depuis 20 ans, le tarif des autoroutes devrait augmenter de 2 % en moyenne au 1er février 2022. Ces chiffres, communiqués par le ministère des Transports à l'AFP, doivent cependant être validés par le gouvernement.

Les autoroutes vont-elles augmenter leurs tarifs ? / iStock-dutchphotography

Une hausse chaque année, en fonction de l'inflation et des travaux réalisés

C'est une bien mauvaise nouvelle pour les automobilistes... Comme si la majoration du prix de l'essence ne suffisait pas, les sociétés ASF (Autoroutes du Sud de la France) du groupe Vinci, et APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône) du groupe Eiffage, principaux réseaux autoroutiers, envisagent d'augmenter leurs tarifs en février. La première projette une hausse de 2,19 % et la seconde de 2,05 %, soit l'augmentation la plus importante depuis 2012. Rappelons que la hausse était de 1,8 % en 2019, 0,85 % en 2020 et 0,44 % en 2021. Pourquoi ce coup de grâce pour le porte-monnaie des conducteurs ? Tous les ans, au 1er février, un contrat strict liant les sociétés d'autoroute à l'État prévoit automatiquement une augmentation des tarifs de péages en fonction de deux critères : l'inflation et les chantiers réalisés sur le réseau. Il est vrai qu'en 2021, l'inflation est passée de 1,2 % en juillet à 2,8 % en novembre, ce qui s'explique par la flambée des prix liés à l'énergie et des produits manufacturés. Les protagonistes se défendent donc en affirmant que le coût du péage n'augmentera pas plus que l'inflation.

Le projet de hausse en cours d'étude par le gouvernement

Le gouvernement doit maintenant se positionner sur cette décision, qui doit être approuvée formellement avant de pouvoir s'appliquer. Sujet délicat, car les remous de l'histoire récente restent encore bien présents dans les mémoires. Pendant la crise sociale majeure des Gilets jaune, en 2019, la baisse du tarif des péages était en effet l'une des principales revendications, et les barrières de péage étaient massivement occupées. Des discussions tendues avaient permis au gouvernement de négocier une diminution de 30 % pour les conducteurs réguliers, sans réussir toutefois à obtenir une baisse pour tous. L'autre option retenue en 2015, à l'initiative de l'écologiste Ségolène Royal, était le gel des tarifs de péage. Mais l'État n'a pas souhaité reconduire cette option en 2019, car le rattrapage inévitable ne fait que reculer l'échéance.

Payer les autoroutes, pour qui et pourquoi ?

Exiger un paiement pour avoir le droit de circuler sur le réseau autoroutier était au départ un choix de l'État, qui avait choisi l'option de "l'utilisateur-payeur" plutôt que de solliciter le contribuable. La répartition des sommes collectées par le péage est la suivante : 37 % vont dans les caisses de l'État, 30 % permettent de construire ou de rénover le réseau autoroutier, 16 % sont utilisés pour l'exploitation de l'autoroute, et 17 % représentent les bénéfices pour la société. Selon l'Association des sociétés françaises d'autoroutes (ASFA), les bénéfices sont utilisés pour financer le coût des constructions des autoroutes ainsi que les services, mais aussi... à rémunérer les actionnaires. Il faut savoir qu'en France, les 10 milliards d'euros collectés aux péages proviennent de sept sociétés concessionnaires : ASF, Cofiroute et Escota (Vinci), APRR et Area (Eiffage et Macquarie), Sanef et SAPN (Abertis). Elles ont toutes été privatisées en 2006, sauf Cofiroute qui fonctionne avec des fonds privés.