Le financement participatif ou crowdfunding n’en finit plus de séduire. Pour les particuliers qui souhaitent soutenir un projet mais aussi pour les entreprises. Et même les très grandes entreprises, qui s’intéressent plus particulièrement à un secteur : l’immobilier. Pour preuve de son attractivité, de nombreuses plateformes de crowdfunding immobilier sont en ce moment rachetées par de grands groupes. Ce secteur d’investissement n’est pourtant pas sans risque. Explications.
83 % de hausse sur les fonds récoltés
Selon le dernier baromètre publié par KPMG et l’association Financement participatif France, pas moins de 402 millions d’euros ont été levés via les différentes plateformes de crowdfunding tous projets confondus en 2018. Plus de 33 000 projets ont été financés par le financement participatif et les encours ont connu une augmentation de 20 % depuis 2017 tous secteurs confondus. Pour le seul secteur de l’immobilier, ce sont 185 millions qui ont été récoltés. Ce qui représente une augmentation de 83 % par rapport à l’année 2017. Sur 10 projets immobiliers défendus, 7 concernent le résidentiel. Mais 2018 voit naître une certaine diversification des projets, notamment dans le tertiaire et l’aménagement foncier. Petit bémol, le taux de rendement moyen est passé de 9,9 % en 2017 à 9 % l’année dernière. Des chiffres qui restent tout de même très attractifs, bien au-dessus des rendements offerts par les livrets bancaires, comme le livret A (0,75 %) ou les fonds en euros de l’assurance-vie (1,60 %).
Une prise en main par les grands groupes
Avec de si bons chiffres, rien d’étonnant à ce que le crowdfunding immobilier attire des entreprises de plus en plus importantes et notamment des grands groupes bancaires. Après le rachat d’Homunity, la première plateforme du secteur, par credit.fr, c’est HappyCapital qui s’est offert Prexem proposant ainsi maintenant en plus des actions, des obligations et des minibons, des prêts. Mais l’événement qui marqua un tournant dans le secteur fut sans nul doute l’acquisition de 100 % du capital de KisskissBankbank par la Banque Postale à l’été 2017. Au moment du rachat, l’un des deux poids lourds du crowdfunding avec Ulule regroupait déjà plus de 1,3 million de membres et avait soutenu 27 000 projets depuis 2009, pour un total de 80 millions d’euros. Avec cette acquisition, la Banque Postale a pu créer tout un écosystème FinTech. Ce rapprochement d’un grand groupe bancaire vers une forme alternative de financement n’est pas sans rappeler l’opération effectuée par la BNP qui avait racheté Compte Nickel, ce compte sans banque qui est vendu dans les bureaux de tabac et réunit quelques 540 000 utilisateurs.
Les risques
Deux risques majeurs existent pourtant pour les investisseurs dans le crowdfunding immobilier : le défaut et le retard de remboursement. En cas de défaut, c’est-à-dire si le promoteur ne peut pas rembourser, l’épargnant peut alors perdre tout ou partie de son investissement. Selon l’étude de KPMG, ce taux de défaut reste toutefois très faible et s’établit à moins de 1 % depuis 2012. Le retard de remboursement en revanche, quand le promoteur ne rembourse pas dans les temps prévus, est nettement plus élevé et concernent 9 % des projets. L’épargnant ne perdant pas pour autant nécessairement son investissement.