Le coworking, durement touché par la crise, veut rebondir en incarnant une autre façon de travailler

information fournie par Boursorama avec Newsgene 03/06/2020 à 13:21

Le coworking, durement touché par la crise, veut rebondir en incarnant une autre façon de travailler

Le coworking a été durement touché par la crise sanitaire et le confinement. Mais les professionnels du secteur espèrent désormais rebondir en incarnant une autre façon de travailler alors que le télétravail à domicile « a fait des dégâts » et que les bureaux sont toujours aussi coûteux.

Les espaces de coworking, désertés pendant le confinement, espèrent rebondir en s'imposant comme une alternative à la fois aux bureaux coûteux en m² et au télétravail à domicile, jugé éprouvant par les salariés.

« Le télétravail a fait des dégâts invisibles » , estime Alexis Rebiffé, cofondateur de Deskopolitan qui propose deux espaces de coworking à Paris. Isolement, débordement du travail sur la vie privée, perte de sens collectif : pour Patrick Levy-Waitz, président de la Fondation Travailler Autrement, « ce n'était pas du télétravail, c'était du confinement ». « Les espaces de coworking retrouveront leur place parce que les gens ont besoin de lien social » , estime-t-il.

« Des espaces nickel et un personnel aux petits soins »

Alexis Rebiffé croit à « un modèle où on serait au siège le lundi, en coworking le mardi et en télétravail le mercredi ... » . Ses locaux dans le XIe arrondissement de la capitale restent pourtant quasiment vides : à peine 10% des locataires ont fait leur réapparition, en dépit du luxe de précautions (masques, gel, distanciation etc.).

L'entrepreneur Carlos Rommelaere s'est pour sa part précipité dès le 11 mai. « Je travaillais confiné chez moi avec mon conjoint qui donnait ses cours en ligne toute la journée, j'ai cru que j'allais péter un plomb » , lance-t-il. « Pour moi, le coworking c'est comme un hôtel où on loue son bureau, avec des espaces nickel et un personnel aux petits soins » , dit-il, enthousiaste. « Quand vous travaillez chez vous, vous êtes seul avec vos problèmes entre quatre murs. Aller et revenir du boulot permet de laisser les problèmes derrière soi » .

La plupart des clients de Deskopolitan sont de petites entreprises, à l'instar de celle de Laurent Lhermitte, qui propose des services de téléphonie. « Le coworking est très bénéfique pour de petites structures de 10 ou 20 salariés, ça permet de confronter les idées avec d'autres petites entreprises, ça crée de l'échange et du dynamisme » , explique-t-il.

Certes, louer dans un espace de coworking revient environ 15% plus cher, mais « je sais pourquoi je paye: ici, pas besoin de vérifier s'il y a du papier dans les toilettes et une ramette dans l'imprimante » , dit Laurent Lhermitte.

Un secteur durement touché par la crise

Le coworking a pris de plein fouet le confinement car les locations sont plus souples que dans l'immobilier de bureau : un préavis de 30 jours suffit et certains ont préféré ne pas renouveler leur contrat en attendant des jours meilleurs. Patrick Levy-Waitz estime que 15% des clients n'ont pas renouvelé leur abonnement pendant le confinement. « Or, il faut 85 à 90% de remplissage pour être rentable » .

80% des « tiers-lieux » (espaces et cafés de coworking, fablabs, friches culturelles ...) interrogés par l'association France Tiers-Lieux se sentent mis en danger par la situation provoquée par la crise sanitaire, avec une perte de chiffre d'affaires estimée à 111,5 millions d'euros sur l'année.

A côté des poids lourds du secteur (WeWork, Regus, Morning Coworking, Kwerk etc.), une multitude de petites structures, pour la plupart associatives, sont à la peine. Un tiers d'entre elles seulement étaient bénéficiaires avant la crise. Les espaces privés, plus proches du business des centres d'affaires et souvent adossés à des groupes, auront davantage les moyens de s'adapter aux nouvelles normes sanitaires et à la demande.

« Ma conviction c'est que cette crise va accélérer une autre façon de travailler » , estime Patrick Levy-Waitz. « On est à un moment unique d'alignement entre l'intérêt économique des entreprises qui veulent réduire les coûts immobiliers et l'intérêt des salariés si le télétravail est fait dans des conditions sérieuses » , dit-il, pariant sur l'installation d'infrastructures « à proximité des villes moyennes situées à 100 km des métropoles » .