Le Beaujolais nouveau, un vin boudé en quête de renouveau

information fournie par Le Figaro 14/11/2018 à 18:54

Le Beaujolais nouveau, un vin boudé en quête de renouveau (Crédit photo: Kelsey Knight - Unsplash)

D'année en année, les ventes de Beaujolais nouveau diminuent. Face à ce désamour (même les Japonais le délaissent) les producteurs veulent opérer une montée en gamme de leurs crus, en misant notamment sur les jeunes amateurs de vin.

Comme tous les troisièmes jeudis du mois de novembre, le Beaujolais nouveau fait son grand retour sur les tables françaises. Et cette année, le millésime s'annonce particulièrement abouti. «Les conditions de maturation ont été idéales: aucun accident climatique, le soleil, la chaleur… ont permis un mûrissement lent et régulier des baies. Puisant dans les réserves d'eau amassées au printemps, la vigne n'a globalement pas souffert de la sécheresse», souligne l'Inter Beaujolais. Résultat: les vignerons ont récolté des raisins «sains, riches en sucre, bien concentrés». De quoi, prévoir une large production. L'année dernière, la récolte avait permis de remplir et vendre près de 24 millions de bouteilles. De quoi contenter les Français, mais pas que…

Près de 50% de la production totale de Beaujolais nouveau est vendue à l'étranger. Les pays asiatiques en sont particulièrement friands. Et près de la moitié de la production à l'export est écoulée aux Japon, ce qui représente près de 6 millions de bouteilles, soit 43.665 hectolitres. Suivent les États-Unis avec 12.824 hl, le Canada avec 6341 hl, le Royaume-Uni avec 5730 hl et la «grande Chine» (Chine et Hong-Kong) avec 3149 hl. Mais d'année en année, le Beaujolais nouveau perd de son attrait, que ce soit en France ou à l'étranger. Après la folie des années 80, les ventes de Beaujolais nouveau ne cessent de reculer depuis une quinzaine d'années. Même les Japonais commencent à délaisser ce vin primeur. Entre 2016 et 2017, les ventes de Beaujolais nouveau ont subi une baisse de 7,7% en volume et de 7,5 % en valeur. En 2011, 8 millions de bouteilles étaient importées, soit 2 millions de plus qu'en 2017.

«Il y a une forte concurrence de la part des pays du nouveau monde, de l'Italie ou encore de l'Espagne. Ces derniers profitent de la fête du Beaujolais nouveau pour vendre leurs vins. Par exemple, au Japon, quand on se rend dans des magasins on s'aperçoit que les distributeurs profitent de la date pour vendre des vins qui se prétendent nouveaux avec des prix moins élevés», explique au Figaro , Anthony Collet, directeur Marketing de l'Inter Beaujolais. Conséquence directe: le choix en magasin est plus large et les ventes sont moins importantes. En outre, en France, le Beaujolais nouveau pâtit d'une piètre réputation et d'une mauvaise image.

Opérer une montée en gamme

Pour remédier à ce désamour grandissant, les vignerons de la région ont lancé il y a deux ans une opération de re-séduction. Et cette stratégie ne se focalise plus uniquement sur le Beaujolais nouveau. «C'est une stratégie en triptyque qui repose sur trois produits: le Beaujolais nouveau, les Beaujolais de caractère et les Beaujolais d'exception», précise Anthony Collet. En clair, il s'agit d'opérer une montée en gamme pour «refléter la qualité et l'expression du terroir». Et les jeunes amateurs de vin sont la clé de voûte de ces nouvelles ambitions. «C'est notre cible majeure pour relancer la consommation de Beaujolais. D'une part, parce qu'ils n'ont pas d'a priori sur notre production, et d'autre part parce que nous réalisons des vins légers, portés sur le fruit. Soit ce qui correspond à ce qu'ils attendent», note le directeur Marketing de l'Inter Beaujolais.

Les acteurs de la région vont aussi se mobiliser pour promouvoir leur région à l'international. «On va se déplacer à l'étranger avec des producteurs, des vignerons, des œnologues pour développer l'image du vignoble. On va continuer à se concentrer sur nos six marchés cibles: le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon et la Grande Chine», explique Anthony Collet. Et pour l'instant la stratégie paye. De 2016 à 2017, les ventes à l'export de Beaujolais - et non de Beaujolais nouveau - ont progressé de 5,7% en volume et de 7,8% en valeur, d'après les chiffres de la douane française.