La réforme des retraites est-elle favorable aux femmes ? information fournie par Mingzi 12/01/2023 à 10:22
Elisabeth Borne a présenté ce mardi le projet de réforme des retraites du gouvernement. Report de l'âge légal, allongement de la durée de cotisation, pension minimale … quelles sont les mesures favorables aux femmes et celles qui les pénalisent ?
La revalorisation de la pension minimale
La Première ministre a annoncé que la pension retraite minimum pour les personnes ayant effectué une carrière complète au SMIC ne pourra pas être inférieure à 85 % du SMIC net, soit 1.200 euros brut par mois et sera indexée sur l'inflation.
Cette mesure devrait être bénéfique pour les femmes. En effet, leurs pensions sont en moyenne inférieures de 40 % à celles des hommes (source : DREES), même si cet écart tend à diminuer progressivement depuis 2004. Si l'on tient compte des pensions de réversion et de la majoration pour les enfants, l'écart se situe autour de 25 %. Cela s'explique principalement du fait que les femmes ont un salaire inférieur de 22 % à celui des hommes (source : Insee) et qu'elles ont des carrières plus souvent interrompues par des congés parentaux qui réduisent la durée de cotisation et par conséquent leur pension. Selon la DREES, cinq femmes sur dix touchent la pension minimum contre trois hommes sur dix.
Petit bémol toutefois : pour bénéficier de la pension minium de 1.200 euros brut par mois, il faudra avoir effectué une carrière complète.
Par ailleurs, le gouvernement indique qu'il demandera « au Conseil d'orientation des retraites d'ouvrir un chantier sur la modernisation des droits familiaux et l'unification du système de réversion, qui permettent de corriger les inégalités de pensions entre les femmes et les hommes mais dont l'efficacité et la pertinence doivent être renforcées ».
La prise en compte du congé parental pour les carrières longues
Pour répondre à la problématique des carrières interrompues, souvent en raison d'un congé parental, le projet de réforme des retraites prévoit la prise en compte des périodes de congé parental dans le cadre du dispositif « carrières longues ». Il sera possible de valider jusqu'à quatre trimestres à ce titre. Selon le gouvernement, cette mesure bénéficierait à plus de 3.000 femmes chaque année. Il faut souligner que dans 90 % des cas, les congés parentaux sont pris par des femmes.
Ces périodes seront aussi comptabilisées dans le calcul du minimum de pension, ce qui permettra, selon le gouvernement, d'augmenter « les petites pensions des femmes ayant dû interrompre leur activité pour s'occuper de leurs enfants. »
Le gouvernement prévoit également la création d'une « assurance vieillesse des aidants » afin que ces derniers puissent faire valoir des trimestres pour leurs droits à la retraite. Cette mesure pourrait concerner 40.000 nouvelles personnes chaque année. Un dispositif qui favorable pour les femmes qui représentent près de 60 % des aidants.
Pas de décote à partir de 67 ans
L'âge de départ à taux plein correspond à l'âge à partir duquel un salarié ne subit plus de décote (malus appliqué sur la pension en cas de trimestres manquants). Elisabeth Borne a indiqué que l'âge de départ à taux plein serait maintenu à 67 ans.
Or, selon la DREES, les femmes de la génération 1950 ont été près de deux fois plus nombreuses que les hommes (19% contre 10%) à travailler jusqu'à 67 ans pour pouvoir obtenir un taux plein, en raison de carrières incomplètes. Il n'est donc pas certain que cette mesure soit de nature à réellement améliorer la situation des femmes. Certains militent pour la suppression de cette décote.
L'allongement de la durée de cotisation et le report de l'âge légal
Le gouvernement a annoncé l'allongement de la durée de cotisation à 43 ans, à horizon 2027 (et non plus 2035 comme prévu initialement). Or, une augmentation de la durée de cotisation impacte plus fortement les femmes qui ont plus souvent effectué des carrières incomplètes et peinent déjà à obtenir leurs trimestres.
Le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans risque de pénaliser les femmes les plus modestes, davantage touchées par les carrières incomplètes.