L'économie collaborative : un nouveau modèle vertueux ?
information fournie par Boursorama avec LabSense 18/08/2021 à 08:30

Chauffeurs de VTC, livreurs de sushis à vélo ou encore loueurs de tondeuse du dimanche : l’économie collaborative s’est peu à peu imposée dans les habitudes de consommation des Français. Ce modèle économique valorisant l’échange et le partage entre particuliers, de plus en plus populaire, n’est cependant pas exempt de dérives.

L'économie collaborative, un nouveau modèle vertueux ? - iStock-Phynart Studio

Comment ça fonctionne ?

L’économie collaborative ou économie pair-à-pair (peer-to-peer) est un système qui repose sur le partage d’échanges ou de services entre particuliers via une plateforme numérique. L’économie collaborative est présente dans plusieurs secteurs d’activités, comme le transport, l’enseignement, le logement ou encore l’alimentation. Ce système, de particulier à particulier, a pour vocation initiale de faire évoluer le modèle socio-économique dominant en coupant les intermédiaires. Il se fonde sur deux grandes stratégies de développement : dupliquer les modèles classiques de consommation et utiliser les ressources mises à disposition par les particuliers ; créer de nouveaux services, complémentaires à l’offre classique existante.

L’impact de la crise économique

L’évolution et le développement des plateformes numériques d’échange et de partage ont sans conteste eu un impact décisif dans le développement de l’économie de pair-à-pair ces dix dernières années. Les experts pointent également l’impact foudroyant de la crise économique de 2007-2008 sur les habitudes de consommation des Français. Les particuliers, plus soucieux de leur budget, auraient ainsi désormais tendance à privilégier ce mode d’échange pour réaliser des économies ou chercher des sources de revenus complémentaires. Dans un contexte économique tendu, les Français sont en effet de plus en plus nombreux à proposer des biens et services sur une base régulière.

L’économie du futur ?

Longtemps considérée comme une forme d’économie de seconde zone, l’économie collaborative tend à s’imposer comme une adversaire de taille face à l’économie « réelle » et les circuits de consommation classiques. Récemment, la crise sanitaire et son impact économique ont renforcé le besoin de consommer mieux et de favoriser l’achat local et de seconde main. Résultat : les plateformes de services explosent. Le fondateur de la plateforme de location entre particuliers AlloVoisins, Edouard Dumortier, estime que l’économie de pair-à-pair a ainsi de beaux jours devant elle, indiquant que les « Français ont trouvé dans l’économie collaborative les réponses à leurs questions économiques, écologiques et sociales ».

Le spectre de la précarité

Chauffeurs de VTC, livreurs de sushis à vélo, loueurs occasionnels de voitures personnelles : le développement de l’économie collaborative a contribué à l'émergence de nouvelles formes d’emploi hybrides, valorisées par la souplesse et la liberté qu’elles confèrent aux employés, mais souvent précaires. Ces nouveaux emplois non-salariés sont généralement couverts par le statut d’autoentrepreneur, largement utilisé en France. Pour les plateformes, ce statut est plus qu’intéressant dans la mesure où il implique une économie importante des coûts liés à la masse salariale. En contrepartie, les travailleurs échappent à un lien de subordination direct et sont « leurs propres patrons ». Ils bénéficient théoriquement d’une souplesse quant aux horaires et à la charge de travail qu’ils décident d’accepter, ce qui leur permet notamment de combiner plusieurs activités. Ils restent cependant dépendants économiquement de la plateforme et de son activité. Contraints à l’indépendance, ces micro-entrepreneurs se retrouvent bien souvent à multiplier les courses et les tâches pour de faibles rémunérations et sans protection sociale. Si l’économie collaborative apparaît comme le modèle économique du futur, la précarisation de l’emploi qu’elle engendre est une problématique bien actuelle.