Grippe aviaire : Stéphane Le Foll souhaite changer «le modèle de production» du foie gras

information fournie par Le Figaro 13/02/2017 à 19:43

Le ministre de l'Agriculture a mis en cause la segmentation de la production dans le sud-ouest, en matière d'élevage de canards et de production de foie gras.

La France doit revoir «le modèle de production du foie gras» en «limitant les transports» de palmipèdes qui sont un vecteur de transmission des virus, a estimé ce lundi le ministre de l'Agriculture Stephane Le Foll. «Il va falloir avoir une stratégie pour limiter les transports, on va essayer de signer un contrat avec le Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras) pour revisiter le modèle de production», a-t-il affirmé à la presse pour la première fois depuis le début de la crise de grippe aviaire fin novembre en France.

Le ministre n'a pas voulu commenter l'information judiciaire ouverte la semaine dernière par le parquet de Paris qui cherche à comprendre comment le virus H5N8 s'est transmis comme une trainée de poudre fin 2016 dans les élevages du sud-ouest de la France.

● Le mode d'élevage des canards et de production du fois gras visés

La France recense 231 exploitations, situées dans neuf départements, touchées par le virus. Le gouvernement a déclenché depuis début janvier des abattages préventifs dans des élevages non touchés par le virus, qui ont débouché sur au moins deux millions de canards tués à ce jour. «Il y a des choses qui se sont passées qui n'auraient pas dû se passer», a souligné le ministre. «Si on applique des règles de biocontrôle avec un modèle de production inchangé, cela ne servira à rien», a-t-il ajouté soulignant que «la multiplicité de transport est un vecteur viral aussi».

Derrière ces mots semble clairement mise en cause la segmentation de la production dans le sud-ouest, en matière d'élevage de canards et de production de foie gras. Les animaux passent en effet d'une exploitation hyper spécialisée à l'autre: des fermes de reproduction aux couvoirs, puis aux élevages de poussins, aux élevages en parcours extérieur, aux éleveurs-gaveurs, pour finir par les abattoirs et la transformation. Chaque opération se fait sur des sites différents, obligeant à transporter des milliers d'animaux à chaque étape, parfois d'un département à l'autre.

Cette organisation est mise en cause depuis longtemps par la Confédération paysanne (syndicat classé à gauche), pour qui c'est «l'industrialisation de la production» qui «provoque et amplifie les crises sanitaires». Le syndicat plaide pour des élevages à l'ancienne «autarciques», où tout est fait au même endroit, ce qui permettrait d'endiguer la propagation des virus.

(Avec AFP)