Faut-il payer les salaires en cours de mois ?
information fournie par Boursorama avec LabSense 04/01/2023 à 08:30

Selon la moitié des Français, toucher sa paie en plusieurs fois serait un moyen de mieux gérer son budget et d'éviter les découverts bancaires. Le "salaire à la demande" est une pratique inhabituelle en France, même si elle est prévue par le Code du travail.

Faut-il payer les salaires en cours de mois ?-iStock-HJBC

Découverts bancaires : 60 % des Français concernés

Dans une période d'inflation (+ 6,2 % sur un an), qui pèse lourdement sur le pouvoir d'achat, la gestion du budget se complique pour les revenus modestes. Faire durer la paie sur un mois ressemble même, pour certains, à un exercice d'équilibriste. Selon un sondage récent, réalisé par l'institut OpinionWay pour une fintech spécialisée dans la gestion du versement d'acomptes à la demande, 6 Français sur 10 ont déjà été confrontés à un découvert. Les plus concernés sont les jeunes de 25 à 34 ans (68 %) et les ouvriers (78 %, soit 8 personnes sur 10). Selon les personnes interrogées, ce dysfonctionnement leur est en partie imputable (mauvaise gestion, dépenses imprévues...), mais, pour la moitié d'entre elles, l'entreprise est également responsable (retards dans le versement du salaire). Le versement en cours de mois serait donc une solution qui pourrait répondre aux nouveaux besoins des salariés, qui subissent de plein fouet les hausses de prix récurrentes (+ 13 % en un an sur la catégorie des produits alimentaires, selon l'INSEE). Ce dispositif permettrait notamment d'éviter les agios engendrés par un découvert, sur un compte bancaire déjà fragilisé. Cette idée est de plus en plus relayée par les salariés français. Selon l'enquête, ils sont 49 % à se déclarer favorables au versement de leur salaire toutes les deux semaines, et le chiffre avoisine même les 68 % chez les moins de 35 ans.

L'acompte : un droit qui facilite la gestion du budget

Les enquêtés estiment qu'une plus grande flexibilité dans le versement de leur salaire permettrait une meilleure gestion de leur budget. Leur motivation première serait d'éviter les frais de découvert, mais aussi de ne pas être obligés de recourir à des prêts à la consommation. Le système de salaire à la demande serait donc un avantage pour les salariés, car, en diminuant le stress lié à l'argent, il permettrait d'améliorer le bien-être au travail. Or, il se trouve que cette possibilité est un droit fondamental prévu dans le Code du travail, plus précisément par l'article L3242-1. Tout salarié peut en effet demander, en milieu de mois, à percevoir une partie de son salaire, et l'employeur ne peut pas refuser si le montant de l'acompte ne dépasse pas la moitié du salaire mensuel. En revanche, l'entreprise n'est pas tenue d'accepter des sollicitations portant sur d'autres montants, ou plusieurs demandes au cours du mois. Mais ce droit est peu connu du grand public, puisque 55 % sont persuadés qu'un employeur peut, dans tous les cas, refuser le versement. La pratique du salaire à la demande reste cependant peu courante dans les entreprises françaises, qui déplorent un processus coûteux et complexe, imposant d'avoir une avance sur trésorerie suffisante.