Épargne salariale : des salariés mieux informés mais pas assez accompagnés information fournie par Mingzi 27/03/2025 à 08:15
D'ici fin 2025, les entreprises de 11 à 49 salariés doivent proposer un dispositif de partage de la valeur à leurs employés. À quelques mois de l'échéance, une enquête OpinionWay pour l'AMF, l'AFG et La Finance pour tous dresse un état des lieux riche d'enseignements.
À l'approche de l'échéance imposant aux PME de mettre en place un dispositif de partage de la valeur avec leurs salariés, une étude OpinionWay révèle un paradoxe persistant : si l'épargne salariale bénéficie d'une image globalement positive, elle reste encore peu utilisée dans les petites entreprises. Manque d'information, complexité perçue, inégalités d'accès… les chiffres montrent qu'un travail de pédagogie reste essentiel pour que ces dispositifs de partage de la valeur tiennent pleinement leur promesse.
Une notoriété qui masque des écarts profonds
Premier constat : les dispositifs d'épargne salariale – comme le PEE (Plan d'Épargne Entreprise) ou le PER collectif (Plan d'Épargne Retraite) – sont bien ancrés dans l'esprit des salariés. Près de 78 % déclarent les connaître, au moins de nom. Un chiffre stable par rapport à la précédente vague de 2023.
Mais derrière ce score global se cachent de fortes disparités. Les salariés des grandes entreprises (plus de 250 salariés) sont bien mieux informés (84 %) que ceux des TPE de moins de 10 salariés (66 %). Même constat pour les catégories socioprofessionnelles : 91 % des cadres supérieurs connaissent le PEE, contre 66 % des employés.
Un usage en demi-teinte
Côté détention, la moitié des salariés (53 %) déclarent aujourd'hui disposer d'un dispositif d'épargne salariale. Un chiffre en légère hausse depuis 2020, mais qui reste modeste, surtout dans les plus petites entreprises. Seulement 39 % des salariés de structures de moins de 50 personnes en bénéficient, contre 62 % dans les plus grandes.
Le PEE reste le produit le plus courant (36 %), devant le PER collectif (31 %) et les stock-options (12 %). Dans la majorité des cas, les salariés placent leur participation ou intéressement sur ces plans plutôt que de les percevoir immédiatement.
Un fort besoin d'accompagnement
Si 77 % des salariés détenteurs se disent satisfaits de leur épargne salariale, seuls 5 % estiment que les dispositifs dépassent leurs attentes. Un décalage qui s'explique en partie par une complexité persistante. Un salarié sur deux ne se sent pas capable de choisir seul ses placements, et 62 % réclament un accompagnement plus poussé.
Par ailleurs, 59 % des salariés détiennent moins de 10.000 euros sur ces plans, et les versements volontaires ont chuté : seuls 41 % y ont eu recours en 2025, contre 73 % en 2023. Le manque de fonds et la méconnaissance des démarches freinent l'initiative.
Du côté des dirigeants : un impact positif malgré les freins
Chez les dirigeants ayant déjà sauté le pas, le bilan est plutôt encourageant : 86 % se disent satisfaits des dispositifs mis en place, notamment pour leurs effets positifs sur la motivation (79 %), la fidélité (79 %) et l'attractivité de leur entreprise (75 %).
Mais la mise en place n'a rien d'une formalité. Pour deux tiers des dirigeants, elle a exigé un effort important en matière de gestion, de communication et de suivi. Un accompagnement externe a souvent été nécessaire : 81 % ont eu recours à un conseiller spécialisé.
Une obligation encore méconnue dans les plus petites structures
Si 84 % des dirigeants interrogés disent avoir entendu parler de l'obligation légale de 2025, cette connaissance chute à 61 % chez ceux qui n'ont encore rien mis en place. Et parmi eux, seuls 39 % envisagent de le faire dans l'année. Les freins ? Une entreprise jugée trop petite, des contraintes financières ou tout simplement… une méconnaissance des dispositifs.