Crédit immobilier: va-t-on vers une crise sévère et durable?

information fournie par Le Figaro 13/05/2020 à 14:45

Jamais les banques n'avaient prêté aussi peu d'argent aux emprunteurs immobiliers depuis juin 2019 (Crédits photo : Adobe Stock - )

En mars, le volume de prêts a chuté de 20%. Mais les baisses à venir pourraient être encore plus violentes.

À peine 20 milliards d'euros. Jamais les banques n'avaient prêté aussi peu d'argent aux emprunteurs immobiliers depuis juin 2019 (19,7 milliards d'euros à l'époque). La Banque de France vient de publier ses chiffres pour le mois de mars. La baisse est logique mais pas uniquement pour les raisons que l'on imagine, à savoir celles liées au Covid-19.

Tout d'abord, parce que seule la deuxième quinzaine du mois de mars était concernée par le confinement. Ensuite, parce que, malgré le confinement, des crédits immobiliers ont été accordés les 15 derniers jours de mars. « Il s'agit de prêts demandés en février et qui se sont concrétisés en mars », explique Sandrine Allonier, de Vousfinancer, courtier en crédit immobilier. La preuve: « La production des nouveaux crédits représente les crédits octroyés, même lorsqu'ils ne sont pas encore effectivement versés à l'employeur », précise la Banque de France.

Conclusion: « La cause principale de cette baisse, ce sont les mesures de restriction imposées par les autorités financières en décembre dernier », affirme Sandrine Allonier. Autrement dit, le véritable impact du Covid-19 se verra plutôt en avril voire en mai. « On peut s'attendre à ce que la production de crédits chute à 10 milliards d'euros », affirme Sandrine Allonier. Du jamais vu depuis fin 2014! De tels montants avaient également été enregistrés durant la crise des subprimes en 2008 ou la crise grecque en 2010 (voir ci-dessous).

Reste à savoir si ces sommes seront réellement atteintes. Si oui, cette crise du crédit immobilier durera-t-elle? Tout dépend d'abord de la solvabilité de la demande. Dans ce domaine, un léger frémissement se fait ressentir. Les recherches sur Internet pour connaître sa capacité d'emprunt ou les meilleurs taux de crédit repartent de l'avant. Encore faut-il qu'elles se transforment en des prêts accordés. Ce qui n'est pas gagné.

Car certes, la grande majorité des banques reprennent des nouveaux dossiers mais resteront-elles aussi sélectives? « Les autorités financières doivent abandonner les restrictions qu'elles ont imposées aux banques et qui les poussent à rejeter de trop nombreux dossiers , martèle Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. Il faut également réformer les règles de calcul du taux d'usure qui excluent des candidats solvables de l'accession à la propriété. » Environ 200.000 ménages pourraient être exclus d'ici 2021 à cause de la crise et du resserrement du crédit, selon l'économiste Michel Mouillart.