Zone euro : la croissance toujours au ralenti

information fournie par Boursorama 05/12/2014 à 18:30

La croissance dans la zone euro

Au troisième trimestre, la zone euro n’a enregistré qu’une croissance de 0,2%. Engluée dans la stagnation, elle reste confrontée au risque de déflation. La probabilité de lancement d'un nouveau programme d’achats d’actifs par la BCE, y compris de dette souveraine, au cours du premier trimestre 2015 a significativement augmenté même si aucun calendrier n'a été donné.

La zone euro peine à retrouver un rythme soutenu de croissance. Au troisième trimestre, celle-ci est ressortie à 0,2% selon les chiffres dévoilés vendredi par Eurostat . Conforme aux prévisions des analystes, ce chiffre fait suite aux 0,1% du deuxième trimestre alors que la zone euro est sortie de la récession au premier trimestre 2013. Cette maigre performance résulte d’abord de la hausse de 0,5% de la consommation des ménages alors que le niveau des investissements et le solde entre exportations et importations ont pesé négativement sur le taux de croissance. Les importations ont progressé à un rythme plus soutenu que les exportations : +1,2% vs. +0,8% . Si la baisse de l’euro est une bonne nouvelle pour les entreprises exportatrices européennes, le tassement des exportations illustre le ralentissement de la demande mondiale.

L’Espagne a enregistré la meilleure performance avec une croissance de 0,5% au troisième trimestre. La France reste dans la moyenne avec une croissance de 0,3% . Elle fait mieux que l’Allemagne (+0,1%) qui a évité du même coup la récession après une croissance négative de 0,1% au deuxième trimestre. Rappelons qu’une période de récession se définit par deux trimestres consécutifs de variation négative du PIB. L’Italie aussi a enregistré une croissance négative de 0,1% au troisième trimestre.

Ces chiffres interviennent au lendemain de la réunion de la BCE qui a fortement révisé à la baisse ses prévisions de croissance : +0,8% vs.0,9% pour 2014 et surtout +1% vs. +1,6% pour 2015 et 1,5% vs. 1,9% pour 2016 . Idem pour l’inflation toujours très inférieure aux prévisions initiales :+0,5% vs. +0,9% pour 2014, +0,7% vs. +1,1% pour 2015 et +1,3% vs. +1,4% pour 2016. L’objectif des 2% d’inflation fixée par la BCE s’éloigne donc à moyen terme et entretient les risques d’une entrée en déflation potentiellement catastrophique pour l’économie européenne. La baisse spectaculaire des prix du pétrole est une bonne nouvelle pour les consommateurs européens mais Mario Draghi craint les effets de « second tour » sur le niveau des salaires qui pourrait dégrader à nouveau les anticipations d’inflation à moyen terme.

Dans ce contexte, l’hypothèse d’un programme d’assouplissement quantitatif (QE), ouvert à toutes les classes d’actifs (y compris les emprunts d’Etat européens) à l’exclusion de l’or, est clairement renforcée . Si un lancement au cours du premier trimestre est plausible, les investisseurs ont été néanmoins déçus car aucun calendrier précis n’a été donné. « La tonalité générale du discours de Mario Draghi montre incontestablement que la probabilité d’un prochain programme d’achat de titres d’Etat a augmenté. Par moment, le président parle même presque comme si la décision était prise… Il faudra, toutefois patienter jusqu’au 22 janvier, au moins » précise Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC.

Julien Gautier