* La perspective d'un "non" n'effraye pas tout le monde
* Certains investisseurs parient toujours sur l'Italie
* Ils jugent les peurs des marchés infondées
par Danilo Masoni
MILAN, 24 novembre (Reuters) - Une poignée de gérants de
fonds parient sur l'Italie, à contre-courant de la plupart,
convaincus que le "non" attendu au référendum constitutionnel du
président du Conseil Matteo Renzi, offrira des opportunités
d'investissement.
Les actions italiennes ont perdu près du quart de leur
valeur cette année, et les obligations d'Etat sont également
sous pression, à l'approche d'une consultation qui, si les
sondages sont corrects, pourraient aboutir à la démission de
Renzi, à l'effondrement de son gouvernement et au plongeon de
l'euro.
Les gérants de fonds et les analystes s'attendent à une
intensification des mouvements à la vente si la réforme proposée
par Renzi, notamment la réduction drastique du poids du Sénat,
est refusée. Mais quelques gérants trouvent les pires craintes
du marchés infondées.
"L'humeur des investisseurs va changer pour un, deux, trois
mois mais ce ne sera pas une catastrophe si le "non" l'emporte",
estime Umberto Borghesi d'Albemarle Asset Management, société
basée à Londres qui va lancer un fonds d'investissement quatre
jours avant le vote prévu le 4 décembre.
"On ne peut pas échapper aux crises mais on peut en tirer
avantage."
Borghesi, qui supervise quelque 400 millions d'euros
d'actifs, explique qu'Albermarle veut lever jusqu'à 60 millions
d'euros pour ce nouveau fonds et qu'il misera sur les actions
sous-évaluées.
DES EDITEURS AUX BANQUES
Parmi ses premiers choix figurent quelques entreprises
démodées comme l'éditeur Mondadori MOED.MI , le spécialiste des
machines de menuiserie Biesse BSS.MI et un autre industriel,
Saes Getters SAEI.MI , des entreprises qu'il estime délaissées,
bien gérées et dont l'offre est adaptée à la demande.
AXA Investment Managers, l'un des plus grands gérants de
fonds européens, assure également garder la tête froide. Le
gérant parisien détient un fonds italien de 300 millions d'euros
qui maintient sa position surpondérée sur les banques
italiennes, considérées comme les plus vulnérables.
"Nous devons lutter contre la volatilité mais nous ne jouons
pas le référendum. Ce serait comme acheter un ticket de
loterie", explique Gilles Guilbout, responsable de la stratégie
actions d'AXA, ajoutant que les perspectives des banques ne sont
pas toutes pessimistes.
"Nous faisons des investissements à horizon de trois ans,
pas de trois semaines."
Le secteur bancaire italien, le quatrième de la zone euro,
plie sous le poids de créances douteuses de 360 milliards
d'euros et est menacé d'une crise à moins qu'il puisse lever
rapidement 20 milliards d'euros, les banques cotées ayant perdu
la moitié de leur valeur cette année.
Guilbout croit que les autorités européennes ne laisseront
pas la crise se généraliser, l'effondrement des banques
italiennes pouvant constituer une menace pour la zone euro
elle-même.
"L'éclatement de la zone euro ou la débâcle du secteur
bancaire constituent des risques trop grands pour les laisser
arriver", dit-il, ajoutant qu'il pariait pour le long terme sur
les banques qui seraient forcées de fusionner pour améliorer
leur rentabilité.
Robert Lottici, gérant de portefeuille chez Banca Ifigest,
société milanaise, explique qu'il accroît son exposition au
marché italien et se concentre sur les titres qui offrent un
intérêt garanti, comme les entreprises publiques.
Ses choix se portent sur les opérateurs comme l'exploitant
de gazoducs Snam SRG.MI , le gestionnaire de réseaux
électriques Terna TRN.MI , le groupe de pétrole et gaz Eni
ENI.MI , le fabricant de câble Prysmian PRY.MI et la plus
solide banque italienne, Intesa Sanpaolo ISP.MI .
Sur le marché obligataire, les analystes s'attendent à ce
que l'écart de rendement entre les obligations d'Etat italiennes
et les obligations d'Etat allemandes augmente 30 à 50 points de
base. L'écart actuel, environ 180 points, est le plus grand
depuis deux ans, mais 50 points supplémentaires le
rapprocheraient du gouffre qui s'est ouvert en 2011 et 2012.
(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité
par Patrick Vignal)