Une clause du nouvel Aléna vise à dissuader de commercer avec Pékin
information fournie par Reuters 03/10/2018 à 06:51
WASHINGTON, 3 octobre (Reuters) - Une disposition du nouvel accord commercial tripartite Etats-Unis-Mexique-Canada (AEUMC, USMCA en anglais) vise à empêcher tout accord de libre-échange avec des pays n'ayant pas le statut d'économie de marché, ce qui cible particulièrement la Chine, ont estimé mardi des analystes. Washington et Ottawa ont conclu dimanche à l'arraché un accord visant à sauver l'Aléna en tant que zone de libre-échange tripartite avec Mexico. Donald Trump a obligé le Canada et le Mexique à accepter un certain nombre de contraintes pour commercer avec les Etats-Unis, leur principale zone d'exportation. Le président américain, qui souhaite mettre fin à la liberté qui prévaut dans les échanges commerciaux dans le monde, veut isoler la Chine et empêcher les compagnies chinoises d'utiliser le Canada et le Mexique comme des "portes dérobées" pour acheminer des produits libres de droits de douane aux Etats-Unis. Selon une clause de l'AEUMC, si l'une des parties veut négocier un accord de libre-échange avec un pays n'ayant pas le statut d'économie de marché, elle doit prévenir les autres parties trois mois avant d'entamer de telles discussions. Si ces négociations aboutissent, les autres parties prenantes de l'AEUMC peuvent alors se détacher de l'accord sous six mois et conclure leur propre accord bilatéral. Cette clause confère à l'administration Trump une forme de veto sur tout accord commercial que le Canada et le Mexique pourraient vouloir conclure avec la Chine, estime un analyste de l'institut American Enterprise, situé à Washington. "Nous avons des raisons de penser qu'un accord de libre-échange avec la Chine est une possibilité pour le Canada et le Mexique (...) C'est une façon très élégante de gérer cela", a déclaré Derek Scissors. "Aucun accord avec la Chine ne vaut de perdre un AEUMC ratifié", a-t-il ajouté. Si Washington établit la même clause dans ses négociations avec l'Union européenne et le Japon, il pourrait alors isoler davantage Pékin au sein du commerce mondial, a poursuivi Scissors. La Chine a demandé à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de lui reconnaître le statut d'économie de marché, plus de 16 ans après son adhésion à l'OMC, une demande à laquelle les Etats-Unis sont opposés. (David Lawder; Jean Terzian pour le service français)