UE-Les 27 divisés sur certaines questions clés pour la COP28
information fournie par Reuters 16/10/2023 à 12:44

par Kate Abnett

Les ministres de l'Environnement de l'Union européenne (UE) se réunissent lundi pour définir la position du bloc en vue de la conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2023 (COP 28), mais les pays membres sont encore divisés sur certaines questions clés, telles que l'accord mondial sur l'élimination progressive des combustibles fossiles.

L'UE est généralement l'un des négociateurs les plus ambitieux lors de ces conférences, au cours desquelles près de 200 pays se réunissent pour discuter de la lutte contre le réchauffement de la planète.

L'une des décisions clés sera de savoir si les pays participant à la conférence, qui se tiendra à Dubaï à partir du 30 novembre, se mettront d'accord pour la première fois sur l'élimination progressive des combustibles fossiles.

La combustion du charbon, du pétrole et du gaz produit des gaz à effet de serre qui sont la principale cause du changement climatique.

Une dizaine des 27 pays membres de l'UE, dont le Danemark, la France, l'Allemagne, l'Irlande, les Pays-Bas et la Slovénie, souhaitent que le bloc exige l'élimination progressive de tous les combustibles fossiles, ont déclaré des diplomates européens à Reuters.

"Si vous écoutez tous les scientifiques, il est assez clair que nous devons éliminer progressivement tous les combustibles fossiles", a dit le ministre néerlandais du Climat, Rob Jetten, exhortant l'UE à être "le bloc le plus ambitieux" sur la question lors de la COP28.

Un nombre similaire de pays, dont la République tchèque, la Hongrie, l'Italie, Malte, la Pologne et la Slovaquie, sont plus prudents et souhaitent une élimination progressive des combustibles fossiles dits "unabated", soit qui n'utilisent pas de technologie permettant de capturer les émissions qui en résultent.

Selon la ministre maltaise de l'Environnement, Miriam Dalli, l'objectif est de laisser cette option ouverte "pour les secteurs difficiles à décarboner", ce qui pourrait inclure les industries à forte intensité de carbone, telles que les produits chimiques et le ciment, qui disposent d'options limitées pour réduire leurs émissions.

Les pays de l'UE doivent adopter leur position de négociation à l'unanimité, ce qui signifie qu'un seul gouvernement peut la bloquer.

LES YEUX RIVÉS SUR LA POLOGNE

Les gouvernements digérent également l'impact du résultat des élections législatives polonaises de dimanche, qui pourraient ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement plus favorable à l'UE.

Le gouvernement nationaliste du parti Droit et Justice (PiS) est l'un des principaux opposants de l'UE sur certaines politiques climatiques. La Pologne même intenté une action en justice contre le règlement sur la fin de vente des voitures thermiques neuve en Europe d’ici 2035.

Les producteurs et les consommateurs de combustibles fossiles - dont certains, comme l'Arabie saoudite, ont bloqué les tentatives d'accord lors des dernières réunions - devraient opposer une résistance similaire lors de la COP28.

Un projet de position de négociation de l'UE, dont Reuters a eu connaissance, préconise "l'élimination progressive, à l'échelle mondiale, des combustibles fossiles unabated et un pic de leur consommation déjà à court terme".

Le terme "unabated" se trouve entre crochets dans le projet car les pays ne se sont pas encore mis d'accord dessus.

Les subventions aux combustibles fossiles constituent un autre point de désaccord : les pays occidentaux riches, dont la France et les Pays-Bas, souhaitent que l'UE les supprime progressivement d'ici à 2025, tandis que les économies qui en sont dépendantes, comme la Pologne, ne souhaitent pas de date butoir.

(Reportage Kate Abnett, version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)