Scor : les comptes basculent dans le rouge et départ du DG de Scor L&H information fournie par AOF 30/07/2024 à 08:34
(AOF) - Deux semaines après son avertissement sur ses activités vie et santé, Scor a dévoilé une perte nette de 308 millions d’euros au deuxième trimestre 2024 et de 112 millions pour le premier semestre 2024. En 2023, le réassureur avait généré un bénéfice net de respectivement 192 millions d’euros et 502 millions d’euros. Les activités d’assurance L&H (L&H insurance service) ont essuyé une perte de 329 millions au deuxième trimestre contre un profit de 140millions, un an plus tôt.
Elles ont été affectées " par l'impact négatif estimé de la revue 2024 des hypothèses L&H de 509 millions d'euros, en partie compensée par un impact positif de 143 millions issu principalement d'actions sur le portefeuille "
" Frieder Knüpling, directeur général de Scor L&H depuis 2021, a décidé de poursuivre de nouvelles opportunités professionnelles et quittera le Groupe. Jusqu'à nouvel ordre, je reprendrai la direction de L&H " a indiqué le directeur général, Thierry Léger.
Les activités P&C (dommages et de responsabilité) affichent un ratio combiné de 86,9 % au deuxième trimestre, en repli 1,6 points. Sous 100%, plus cet indicateur est faible et plus la rentabilité est forte.
La valeur économique du groupe à reculé de 5,2% à 8,4 milliards au 30 juin 2024, par rapport au 31 décembre 2023. Elle baisse de 7,3 %4 à hypothèses économiques constantes. Elle se définit comme la somme des fonds propres et de la marge sur services contractuels (CSM), qui reflète la valeur actualisée des profits futurs attendus.
Le ratio de solvabilité estimé du groupe ressorti à 201% au 30 juin 2024, dans la zone de solvabilité optimale de 185%-220%, impacté négativement à hauteur de 20 points par la revue 2024 des hypothèses L&H.
Thierry Léger, directeur général de Scor, a déclaré " Je suis déçu par les résultats L&H du premier semestre. En réponse, nous avons lancé un plan ambitieux en trois volets qui résulte en une série d'actions déterminées, destinées à restaurer la profitabilité du portefeuille L&H de manière durable. La revue 2024 des hypothèses L&H en cours, qui se terminera d'ici à la fin de l'année, a donné lieu à un impact négatif significatif sur nos résultats du T2 2024 ".
Avant d'ajouter : " Nous présenterons en détail une mise à jour de la stratégie de l'activité L&H et des hypothèses et objectifs de Forward 2026 le 12 décembre 2024 ".
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Cinquième réassureur mondial né en 1970, leader en Europe ;
- Profil de risque très sûr : réassureur le plus diversifié géographiquement et répartition équitable entre réassurance-vie sous la marque Scor Global Life (plus de la moitié des primes) et réassurance non-vie sous la marque Scor PC ;
- Primes brutes d’un montant de 17,6 Mds€ et diversification réussie dans la gestion d’actifs avec un portefeuille de 20,3 Mds€, investi aux 8/10èmes en obligataire ;
- Modèle d’affaires organisé en 3 « hubs » autonomes de gestion (les Amérique, l’Asie-Pacifique et l’EMEA), la souscription et la gestion des sinistres dépendant des divisions vie et non-vie;
- Capital ouvert, les premiers actionnaires étant, à fin septembre, Covea (8,78%) devant ACM (5,21 %) et les salariés (3,79%), Fabrice Brégier présidant le conseil d’administration de 16 membres et Thierry Léger assurant la direction générale ;
- Situation financière solide avec, à fin juin, des capitaux propres de 5 Mds€ et une amélioration du ratio d’endettement, à 20,1 %.
Défis
- Stratégie Forward 2026 :
- focus sur 3 activités :
- vie et santé : bénéfice entre 500 et 600 M€,
- dommages : hausse annuelle de 4 à 6 % des revenus, ratio combiné inférieur à 87 % et ratio de charges sur catastrophes naturelles à 10 % des revenus,
- investissements : taux de rendement entre 3,4 et 3,6 % sur la période,
- taux annuel de croissance de la valeur économique de 9 %, ratio de solvabilité maintenu entre 185 et 220 % et rendement sur capitaux propres de + 12 % ;
- Stratégie d’innovation visant à dessiner la réassurance du futur :
- nouvelles solutions : réassurance paramétrique, exploitation et analyse des données pour les clients via la plateforme DASP, pour les clients,
- lancement de la plateforme hELIOS et partenariat avec start-up et Insurtech,
- cybersécurité en interne et pour les clients,
- 250 ME d’investissements dans les technologies ;
- Stratégie environnementale au cœur de la stratégie, les réassureurs étant très exposés aux risques climatiques :
- portefeuille d'investissement neutre en CO2 en 2050,
- soutien à la recherche sur les risques climatiques ,
- création d’offres spécifiques -FEEL, BAM ou VITAE- en réassurance-vie,
- recours aux crédits carbone et lancement d’une facilité de crédit « verte » ;
- Normalisation de l’actionnariat à l’automne par rachat de sa participation à Covéa, qui sera, d’ici la fin de l’année, transmise à Cardif, filiale d’assurances de BNPParibas ;
- 3 éléments porteurs : la hausse des tarifs de réassurance-dommages, la fin de l’impact du Covid et la hausse des taux d’intérêt.
Défis
- Sensibilité aux catastrophes naturelles (en cours d’abaissement par une politique stricte de souscription) et à la parité € vs $ et £, monnaies de libellé de l’essentiel des revenus ;
- Evolution de la valeur économique, de 54 € par action ;
- Résultat de l’arbitrage sur les conditions de cessions à Covea du portefeuille-vie américain ;
- Après une hausse du résultat semestriel à 502 M€ à fin juin, objectifs 2023 d’une croissance de la valeur économique et d’un ratio de solvabilité dans le haut de la fourchette 187 -220 %.
Une belle dynamique de développement pour l'assurance-vie française
La progression de l'assurance-vie se poursuit au fil des mois. Sur les quatre premiers mois de l'année, les cotisations ont atteint 53,7 milliards d'euros, un niveau inégalé depuis plus de dix ans. A 10,5 milliards d'euros, la collecte nette retrouve elle aussi son niveau le plus élevé depuis 2011 sur une période similaire. Au final, à fin avril 2022, les encours des contrats d'assurance vie ont atteint 1.847 milliards d'euros, en croissance de 1,1% sur un an. Ces bonnes performances sont en partie liées au succès croissant du PER (Plan d'Epargne Retraite). Depuis le début de l'année 2022, les PER commercialisés par un assureur ont affiché 592.000 assurés supplémentaires et 9,3 milliards d'euros de versements. Fin avril 2022, 3,2 millions d'assurés détenaient un PER, ce qui représentait un encours de 39 milliards d'euros. Sans tenir compte des transferts, 87 % des nouveaux titulaires d'un PER (à fin décembre 2021) l'avaient souscrit auprès d'un assureur.