Sans Warren Buffett à sa tête, quel avenir pour Berkshire Hathaway? information fournie par Boursorama avec AFP 06/05/2025 à 08:18
S'inscrire dans les pas d’un investisseur au flair légendaire? Ou imprimer sa propre marque? Pour Greg Abel, remplacer Warren Buffett à la tête du conglomérat Berkshire Hathaway n'est pas gagné d’avance.
Officiellement désigné successeur de M. Buffett dès 2021, Greg Abel a vu cette nomination prendre un autre tournant samedi, lorsque le patron de Berkshire Hathaway a annoncé lâcher les rênes de son groupe à la fin de l’année.
Dans la foulée, la prise de fonction de M. Abel en tant que directeur général à partir du 1er janvier 2026 a été confirmée dès lundi par un communiqué succinct du groupe.
L'annonce de ce changement de direction "a été un peu surprenante" tant Warren Buffett, "un des plus grands investisseurs de notre époque", semblait inamovible, juge auprès de l'AFP Art Hogan, analyste financier de B. Riley Wealth Management.
En plus d’un demi-siècle à la tête de Berkshire Hathaway, Warren Buffett, 94 ans, a transformé ce qui était alors une PME textile en un gigantesque conglomérat valant plus de 1.000 milliards de dollars à Wall Street.
Ce conglomérat possède des dizaines d'entreprises (des piles Duracell à l'assureur américain Geico) et des actions dans des sociétés soigneusement sélectionnées, de Coca-Cola à Bank of America, en passant par Chevron ou American Express.
Toute sa vie, Warren Buffett a préféré investir sur le long terme dans des entreprises stables dont il a épluché les comptes.
- "Soigneusement sélectionné" -
En coulisses, le multimilliardaire préparait largement sa succession depuis des années. Greg Abel "fait tout le travail et je récolte tous les éloges", confiait M. Buffett en 2023 à la chaîne télévisée CNBC.
"Depuis quelques années, Greg (Abel) est vice-président de toutes les entreprises non assurantielles. Il a donc exercé la fonction à laquelle il sera nommé à la fin de l'année", juge auprès de l'AFP Robert Miles, professeur et auteur, spécialiste de Warren Buffett.
Pour Patrick O'Hare, analyste financier de Briefing.com, "au fil des années, M. Buffett lui-même a essayé de préparer les investisseurs à comprendre qu'il ne serait pas éternel et, pendant cette période, il a souligné la réussite de certains des gestionnaires" de Berkshire Hathaway, à l'instar de Greg Abel.
Peu connu du grand public, M. Abel a rejoint l'entreprise en 1992 au sein de sa division énergie et chapeaute depuis plus de sept ans toutes les activités ne relevant pas de l'assurance.
"Abel a été soigneusement sélectionné par Buffett et a prouvé ses capacités, ce qui est, pour les investisseurs, un premier gage de confiance", assure à l'AFP Stefan Lewellen, professeur de Finance à l'université d'Etat de Pennsylvanie.
- De "grandes responsabilités" -
Le futur patron de Berkshire Hathaway ne s’est pas exprimé sur la façon dont il comptait diriger le conglomérat à partir de 2026.
Mais, selon Robert Miles, le "système Berkshire" a été mis en place par Warren Buffett et Charlie Munger, bras droit du dirigeant décédé en 2023, et la mission de Greg Abel "consiste à perpétuer cette culture."
"Personne ne peut remplacer Buffett et ce serait une erreur d'essayer" car il s'agissait d'un "personnage unique", prévient Art Durnev, professeur émérite de finance à l'Université de Richmond.
Pour Steve Sosnick, analyste financier d'Interactive Brokers, "Greg Abel et le reste de l'équipe ont de grandes responsabilités à assumer et disposent d'énormes quantités d'argent qu'ils peuvent investir s'ils le souhaitent".
Berkshire Hathaway est aujourd'hui assis sur une trésorerie de plus de 340 milliards de dollars.
"Un grand point d'interrogation est de savoir dans quelle mesure Abel sera actif dans la gestion des entreprises de Berkshire", note M. Lewellen.
"Tout laisse à penser qu'il sera plus dynamique que Buffett, mais reste à voir si c'est une bonne ou une mauvaise chose pour les investisseurs", ajoute le professeur.
"Il est important, par ailleurs, de trouver le bon équilibre entre la sélectivité et la spéculation", conclut M. Durnev.