Sanofi dans le rouge après une fin d'année décevante

information fournie par AOF 01/02/2024 à 11:54

(AOF) - Sanofi (-1,96% à 91,53 euros) affiche une des plus fortes baisses du CAC 40 après dévoilé des résultats plus faibles que prévu au quatrième trimestre. Le laboratoire pharmaceutique a enregistré une augmentation du bénéfice par action des activités de 8,2% à taux de change constants à 1,66 euro, alors que le consensus s'établissait à 1,71 euro. En 2023, le bénéfice net par action des activités a atteint 8,11 euros, en hausse de 5,4% à taux de change constants.

Sur la même base, le groupe pharmaceutique a enregistré des ventes en progression de 9,3% au quatrième trimestre à 10,919 milliards d'euros, contre un consensus de 11,17 milliards. La marge brute ressort pour sa part à 74,8% contre 73,6% prévu.

Repli attendu du bénéfice par action en 2024

Sanofi a confirmé prévoir une baisse de son bénéfice par action des activités dans le bas de la fourchette à un chiffre à taux de change constants en tenant compte de l'augmentation du taux d'imposition attendu.

Le conseil d'administration a cependant proposé un dividende de 3,76 euros, en hausse de 5,6%.

Sanofi a parallèlement annoncé que François-Xavier Roger serait nommé directeur financier et membre du comité exécutif à compter du 1er avril 2024, en remplacement de Jean-Baptiste Chasseloup de Chatillon, en poste depuis 2018, qui a choisi de quitter Sanofi pour prendre la tête d'Apprentis d'Auteuil.

Jefferies juge ce départ regrettable et prévient qu'il pourrait nuire au sentiment à court terme vis-à-vis de la valeur, "compte tenu des progrès impressionnants qu'il a réalisés jusqu'à présent en matière d'efficacité opérationnelle".

AOF - EN SAVOIR PLUS

Points clés

- 5ème groupe pharmaceutique mondial, créé en 1994, 1er européen, et 1er mondial dans les vaccins ;

- Ventes de 43 Mds€ provenant de 4 divisions : la médecine de spécialités (immunologie, neurologie et oncologie) pour 41 %, la médecine générale pour 31,5 % les vaccins pour 16 % et la santé grand public ;

- Part croissante des Etats-Unis dans les ventes (43,6 %) devant l’Europe (24,6 %) et le reste du monde 31,8 % ;

- Modèle d’affaires en 4 points : une organisation simplifiée, un portefeuille restructuré et contenant plus de produits biologiques, une R&D transformée et des ambitions fortes en termes de rentabilité et de solidité financière ;

- Capital éclaté (hors L’Oréal : 9,48 % des actions et 16,95 % des droits de vote), Serge Weinberg présidant le conseil d’administration de 16 membres, Paul Hudson étant directeur général ;

- Bilan très solide, 73,5 Mds€ de fonds propres, 6,4 Mds€ de dette nette et 8,5 Mds€ d’autofinancement libre.

Enjeux

- Plan « Play to win » 2025 visant à créer un groupe agile et n° 2 mondial :

- 2023/25 : réduction d’1/3 des familles de produits, productivité guidée par la R&D et le digital dans les usines et marge opérationnelle de 32 % ;

- Stratégie d’innovation :

- 5 axes de recherche : immunologie & inflammation, oncologie, neurologie (scléroses notamment), maladies hématologiques rares & maladies rares, vaccins,

- 91 projets en cours dont le 1/3 en phases 3 et 5 en attente de visas par les autorités,

- développée en collaboration -Kymera pour l’immunologie, Translate Bio dans les ARN pour vaccins- ou par acquisitions –Kiadis, Biopharma, Kymab pour l’oncologie,

- soutenue par des plateformes technologiques : petites molécules, anti-corps, protéines, hémogénétiques, génomie ;

- Stratégie environnementale Planet Mobilization visant la neutralité carbone totale dès 2045 :

- 2027 : élimination des emballages plastiques pour les vaccins,

- 2025 : écoconception de tous les nouveaux produits ;

- émissions de lignes de crédit indexées sur le développement durable ;

- Retombées des 5 médicaments « prioritaires » : Amcenestrant (cancer du sein), Fitusiran (ARN pour hémophilie), Efanesoctocog (hémophilie), Nirsévimab et Nisévimab (virus respiratoires) et Tolébrutinib (sclérose en plaques) :

- Suivi commercial des médicaments approuvés par la FDA (Dupixent) ou reconnus comme innovants (Efanesoctocog alpha pour l’hémophilie) et homologués par la Commission européenne (Nexviadyme et Xenpozyme) ;

- Après Origimm, spécialisée dans la recherche sur les affections cutanées, Kadmon et Owkin, acquisition d’Amunix en immuno-oncologie (agents biologiques) et élargissement de la collaboration avec Innate Pharma (cellules natural killer).

Défis

- Résistance à la concurrence des génériques d’Aubagio, lancés au 1er semestre ;

- Suivi des approbations des autorités réglementaires : Altuviliol et Beyfortus, lancés en 2023, et Enjaymo ;

- Résultats de phase 2/3 positifs pour Acoziborole (maladie du sommeil);

- Après la hausse de 8 % des résultats 2022 , anticipations 2023 : 10 Mds€ de ventes pour le Duplixent et croissance du bénéfice par action inférieure à 10 % ;

- Dividende 2022 de 3,56 €.

En savoir plus sur le secteur Pharmacie

L'oncologie, priorité des géants pharmaceutiques

La déconvenue boursière de Sanofi enregistrée fin octobre 2023 souligne le nouveau cap pour le groupe, qui a dorénavant fixé l'oncologie comme priorité numéro 1. Les efforts sur ce segment, où les thérapies avancent le plus vite, impliquent notamment des investissements en R&D qui pèsent sur la rentabilité. Sanofi a donc annoncé une baisse de son bénéfice par action en 2024 et l'abandon de son objectif d'une marge opérationnelle de 32 % en 2025. Merck vient, lui, de dévoiler une nouvelle alliance. Il va verser jusqu'à 22 milliards de dollars au groupe japonais Daiichi Sankyo dans le cadre d'un partenariat sur des traitements expérimentaux contre le cancer. Si certains experts estiment que les États-Unis représentent près de la moitié des dépenses mondiales d'oncologie (médicaments et traitements), soient 196 milliards de dollars en 2022, les dépenses chinoises dans ce domaine ont plus que doublé en cinq ans, passant de 5 à 11,8 milliards de dollars.