Retraites-La CGT multiplie les actions
information fournie par Reuters 22/01/2020 à 16:17

 (Actualisé avec gardes à vue, Martinez à Gravelines,
manifestation des égoutiers à Paris)
    MARSEILLE, 22 janvier (Reuters) - Après des semaines de
grève, la CGT agit tous azimuts contre le projet de réforme des
retraites, avec notamment des coupures d'électricité sauvages
que le gouvernement s'est engagé à sanctionner pour atteinte "à
l'esprit du service public."
    Deux agents d'Enedis ont été placés en garde à vue mercredi
en Dordogne pour "mise en danger de la vie d'autrui" dans le
cadre d'une enquête sur une coupure de courant intervenue le 10
janvier dans une entreprise du département, a-t-on appris auprès
d'Enedis, qui dénonce "un acte de malveillance".
    "A ceux qui, se parant de je ne sais quel militantisme,
décident d'accomplir des actions parfaitement illégales et
potentiellement dangereuses, alors à ceux-là il faut dire que
leur comportement n'est pas acceptable et qu'il mène directement
à des sanctions", a déclaré le Premier ministre, Edouard
Philippe, lors des questions au gouvernement au Sénat.
    Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a
cautionné cette nouvelle stratégie, tout en se désolidarisant de
la coupure d'électricité pratiquée lundi au siège parisien de la
CFDT.
    "Ce n'est pas de la délinquance. (...) Quand il y a des gens
en grève, il y a des conséquences", a-t-il justifié sur BFM TV
et RMC.
    La CGT Energie a notamment revendiqué une coupure
d'électricité qui a affecté mardi matin le sud de la région
parisienne, dont le marché de Rungis et l'aéroport d'Orly.
   
    En Isère, la centrale de Grand'Maison, la plus puissante
centrale hydro-électrique de France exploitée par EDF  EDF.PA ,
a été mise à l'arrêt mardi matin mais fonctionnait de nouveau
normalement mercredi.
    "Les grévistes avec la CGT se sont installés en piquet de
grève reconductible pour une durée indéterminée. Ils décideront
dans les jours qui viennent des suites à donner au mouvement",
déclare la CGT Energie dans un communiqué.
    
    "DES MILLIONS DANS LES RUES"
    Philippe Martinez s'est rendu à Gravelines (Nord) pour
soutenir les grévistes de la centrale nucléaire.
    "C'est grâce à ce mouvement social, à la mobilisation de
tous que nous allons les faire céder", a-t-il lancé.
    "Vendredi, jour de l'examen en conseil des ministres de leur
contre-réforme, il faut que nous soyons des centaines de
milliers, des millions dans les rues pour dire 'ce projet on en
veut pas'", a-t-il ajouté.
    A Paris, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc
Mélenchon, a apporté son soutien à des égoutiers qui
manifestaient devant le ministère de l'Economie et des Finances.
    "Les #égoutiers ont 17 ans d’espérance de vie en moins que
la moyenne française. Avec la réforme des retraites de Macron,
ils partiraient 10 ans plus tard en retraite", a-t-il écrit sur
son compte Twitter.
    Une nouvelle opération "port mort", déjà menée la semaine
dernière, a été déclenchée mercredi à Marseille pour trois
jours.
    Dockers et employés du port ont bloqué les accès au Grand
Port Maritime de Marseille (GPMM). "Les bateaux peuvent entrer
et sortir du port mais ne sont pas traités", a dit à Reuters
Pascal Galéoté, secrétaire de la CGT du port de Marseille.
"D’autres actions sont déjà prévues pour la semaine prochaine."
    Selon la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille, le
conflit a déjà coûté 100 millions d’euros, dont 33 millions de
pertes directes pour l’économie locale, 25 millions de taxes non
encaissées et environ 40 millions de surcoût pour les chargeurs
contraints de rejoindre d’autres ports.
    Depuis début janvier, douze escales de paquebots de
croisière ont été annulées, ce qui représente environ 8.800
passagers en tête de ligne, et plus de 30.000 passagers ont été
affectés, selon le Club de la croisière Marseille Provence.

 (Rédaction de Paris avec Marc Leras à Marseille et Johanna
Decorse à Toulouse, édité par Sophie Louet)