Renault-Premier dividende en 4 ans grâce à des "fondamentaux assainis"
information fournie par Reuters 16/02/2023 à 11:12

 (Actualisé avec précisions, conférence, cours, commentaire)
    par Gilles Guillaume
       BOULOGNE-BILLANCOURT (Hauts-de-Seine), 16 février
(Reuters) - R enault  RENA.PA  a annoncé jeudi le retour d'un
dividende pour la première fois en quatre ans, signe d'une
situation financière assainie et d'une confiance retrouvée bien
que la sortie du marché russe ait replongé le groupe au losange
dans le rouge en 2022.
        Après trois exercices sans versement aux actionnaires,
et un dernier dividende supérieur à 3 euros par action en 2019,
le constructeur automobile français va proposer le paiement d'un
montant symbolique de 25 centimes d'euro par action à sa
prochaine assemblée générale.
  
        "Nous sommes sortis des urgences et de retour dans la
partie, prêts à prendre notre envol et part à la course", a dit
le directeur général Luca de Meo au cours d'une conférence avec
les analystes financiers.
  
        "Les fondamentaux du groupe ont été assainis en
profondeur et nous ne reviendrons pas en arrière. Les
perspectives financières 2023 et le retour d'un dividende en
sont la démonstration", a-t-il ajouté, cette fois dans un
communiqué.
  
        Vers 11h00, l'action cède 0,2% après avoir ouvert la
séance en hausse.
  
        Renault a accusé une perte nette, part du groupe, de 338
millions d'euros en 2022, alors qu'il avait renoué en 2021 avec
un bénéfice de 888 millions d'euros, chiffre retraité des
activités russes, après deux années dans le rouge et une perte
historique en 2020.
    La perte nette, part du groupe, de l'an dernier est en ligne
avec les -310 millions d'euros du consensus de 22 analystes
fourni par la société.
        Hors impact de la charge d'ajustement liée aux cessions
des activités russes annoncée en mai, quelques mois après
l'invasion russe de l'Ukraine, le bénéfice net des activités
poursuivies de Renault ressort en forte hausse à 1,62 milliard
d'euros.
  
        "Un quatrième trimestre très solide et des prévisions
2023 supérieures au consensus", commente Barclays dans une note.
  
        DOUBLEMENT DE LA MARGE
  
        La stratégie de redressement du groupe, axée sur
l'électrique et la montée en gamme, lui a permis de porter sa
marge opérationnelle à 5,6% l'an dernier contre 2,8%, chiffre
lui aussi retraité, en 2021. Renault compte poursuivre sur cette
lancée, avec pas moins de 18 lancements de véhicules sur les
trois années à venir, et vise une marge d'au moins 6% en 2023.
  
        Le constructeur table ensuite sur plus de 8% en 2025 et
sur plus de 10% en 2030.
  
        Ebranlé par la chute de son PDG historique Carlos Ghosn
en 2018 et l'échec de sa stratégie de croissance tous azimuts,
Renault a engagé une politique d'économies drastique, fortement
abaissé son point mort - le niveau de ventes à partir duquel il
commence à gagner de l'argent - et s'est recentré sur ses
marchés et ses modèles les plus rémunérateurs.
  
        Précurseur de l'électrique avec son partenaire Nissan
 7201.T  au cours de la décennie passée, il s'est également vu
détrôner par des nouveaux venus comme Tesla  TSLA.O  ou les
ambitions de géants comme Volkswagen  VOWG_p.DE  ou Stellantis
 STLA.MI .
  
        Pour revenir dans la course, le constructeur automobile
français a multiplié les nouveaux partenariats avec des acteurs
de la tech - Google  GOOG.O  ou Qualcomm  QCOM.O  - ou avec le
constructeur chinois Geely. Afin de renforcer son image d'un
"pure player" de l'électrique innovant, il veut aussi séparer
ses activité de véhicules à batteries et de logiciels de ses
actifs historiques dans les motorisations thermiques.
  
        Il a également engagé la refonte de son alliance
historique avec Nissan et annoncé qu'il réduirait sa
participation dans Nissan à 15%, contre 43,4% jusqu'ici, plaçant
28,4% dans une fiducie en attendant de vendre des titres.
  
        Il va parallèlement renforcer sa coopération
industrielle avec ses partenaires japonais - Nissan mais aussi
Mitsubishi - en Inde, en Amérique latine et en Europe.
  
        Celle-ci pourrait aider à améliorer des ventes aux
partenaires toujours en berne. Longtemps un des atouts du groupe
au losange, elles ont encore pesé à hauteur de 545 millions
d'euros sur le chiffre d'affaires de l'automobile en 2022 à
cause de la baisse des ventes de diesel et l'arrêt de la
production par Renault de fourgons pour Opel et Fiat, désormais
deux marques du concurrent Stellantis. 
  
 (Reportage Gilles Guillaume, avec Ingrid Melander, Tassilo
Hummel et Bertrand Boucey à Paris, édité par Jean-Michel Bélot,
Kate Entringer et Blandine Hénault)