Personne ne veut passer à côté de la remontada
information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 02/05/2025 à 13:49

cac 40 (Crédits: Adobe Stock)

Une semaine sans catastrophe, sans déclaration tonitruante de la part de Donald Trump. Les deux seules sorties publiques du président des Etats-Unis n'ont, pour une fois, pas porté à conséquence. La première concerne un appel aux Américains invités à faire preuve de patience après l'annonce d'une contraction de 0,3% du PIB au premier trimestre. Un appel au patriotisme, après avoir essayé de mettre cette baisse d'activité sur le compte du précédent locataire de la Maison-Blanche. L'autre concerne son regret de ne pas pouvoir se présenter à l'élection papale au Vatican ! Donald Trump n'a visiblement pas perdu le sens de l'humour, les marchés n'en espéraient pas autant. Bref, l'atmosphère se détend et les investisseurs peuvent retourner au « business as usual » : l'analyse des résultats d'entreprises et des perspectives d'activité économique.

l'atmosphère se détend et les investisseurs peuvent retourner au « business as usual » : l'analyse des résultats d'entreprises et des perspectives d'activité économique

Du côté des publications de résultats, la vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais dans l'ensemble nos entreprises font preuve d'une belle capacité d'adaptation à une conjoncture pour le moins mouvementée. A la Bourse de Paris, à l'exception de Schneider Electric, TotalEnergies et Stellantis qui ont déçu, la plupart des grands groupes du CAC 40 ont favorablement surpris le marché. C'est le cas de Capgemini et d'Airbus, avec des progressions de chiffres d'affaires supérieures aux attentes, ou de L'Oréal et Teleperformance qui ont confirmé leurs objectifs annuels. Le secteur bancaire a également rassuré. ArcelorMittal a fait état de résultats assez solides, mais le groupe sidérurgiste déstabilisé par la menace des taxes américaines a préféré se montrer prudent sur ses perspectives. Aux Etats-Unis, avec une hausse de 10,9% des profits des sociétés du S&P ayant publié leurs résultats, les investisseurs sont agréablement surpris par rapport à une progression de 7,8% attendue début avril. Dans le secteur technologique toujours très suivi par les analystes, les bonnes performances de Meta et Microsoft sont parvenues à faire oublier la déception intervenue sur Apple et Amazon.

Signe que les investisseurs retrouvent le moral, les mauvais chiffres de croissance économique n'ont pas d'impact sur les cours. Le PIB américain s'est pourtant contracté au premier trimestre pour la première fois depuis la crise du Covid. L'inflation a également progressé de 2,3% à un niveau supérieur aux attentes, ce qui réduit les chances de voir la Fed réduire rapidement ses taux directeurs. De ce côté-ci de l'Atlantique les nouvelles macroéconomiques sont à peine plus encourageantes. Avec une hausse de 0,4% du PIB, la zone euro ferait toutefois presque figure d'îlot de prospérité. Il n'en fallait pas plus pour que les analystes d'UBS confirment leur préférence pour les actions européennes par rapport aux américaines mettant en avant des niveaux de valorisation plus attractifs avec une décote de 10% sur la base des ratios cours/bénéfices, un écart de croissance économique qui s'est nettement réduit entre les deux continents et une plus grande stabilité politique.

Cette amélioration du climat général des affaires nous a incité à renforcer en début de semaine nos positions sur l'ensemble des portefeuilles. Dans le Défensif, nous avons ainsi acquis le 29 avril 300 actions Eurofins Scientic. Le prestataire de services de bio-analyse a fait état d'une augmentation de près de 7% de son chiffre d'affaires trimestriel et a confirmé ses objectifs pour 2025 et 2027. Les énergéticiens allemands, E.On et RWE, entrent dans l'Offensif avec respectivement 1000 et 400 titres achetés. Nous avons également acquis 100 actions SAP AG. Le géant allemand des logiciels de gestion pour entreprises a fait état d'un bond de 79% de son bénéfice par action et a confirmé ses objectifs annuels. Pas de mouvements cette semaine dans notre sélection d'ETF Monde, mais nous avons fait entrer deux nouveaux fonds dans la sélection ISR/PEA. Il s'agit des fonds DNCA Invest Value Europe (26 parts acquises) et Ostrum SRI Euro Minvol Equity R (8 parts achetées).

Ces différents arbitrages permettent à nos quatre portefeuilles PEA d'afficher une performance positive au cours du mois d'avril, alors que l'indice CAC 40 a baissé de 3,37% à la clôture de 30 avril. Sur un an (cf nos graphiques), l'écart est plus important avec un gain de 8,97% pour la sélection d'ETF Monde, 5,68% pour celle orientée vers les fonds socialement responsables et 4,26% pour le portefeuille Défensif. L'Offensif est toujours à la peine, avec un recul de 2,93% sur douze mois glissants.

Quelle stratégie pour le mois de mai ?

Quelle stratégie pour le mois de mai ? Tout le monde a laissé de côté le vieil adage « sell in may and go away » et le plus joli mois de l'année démarre dans l'euphorie. Étant entendu qu'il vaut mieux se répéter que de se contredire, je suis tenté de reprendre le titre de ma chronique du 17 avril intitulée « le boursier est un animal plein de contradictions ». Nous avions alors expliqué que s'il est une chose que l'investisseur actif déteste encore plus que la baisse, c'est de passer à côté d'une hausse aussi brutale qu'inattendue. Ce sentiment est plus fort que tout, il vous pousse à revenir en force à l'achat au moindre signe d'embellie même les raisons profondes de la remontada vous échappent totalement. C'est exactement ce que nous vivons aujourd'hui. Wall Street vient d'enchaîner huit séances de hausses consécutives, à la City de Londres en est à la quatorzième et en Europe continentale l'Eurostoxx 50 se rapproche de jour en jour de ses sommets. En temps normal, avec une économie américaine qui hurle à la mort, prête à tomber en récession à tout moment et une Europe qui peine à repartir de l'avant, personne n'aurait osé miser un centime en Bourse. En fait, tout l'édifice haussier repose sur un double pari. D'abord, la perspective d'une résolution de la crise des droits de douane par une multiplication rapide des accords bilatéraux, notamment avec la Chine. Ensuite, l'espoir de voir les banques centrales venir au secours du marché. La BCE est dans de bonnes dispositions, mais les plus grosses attentes reposent sur la Fed. Les investisseurs sont convaincus que, face au risque de récession et en dépit de la persistance de l'inflation, son président Jerome Powell finira par accepter de baisser les taux directeurs bloqués à 4,5% depuis le mois de décembre. Ce pari est loin d'être déraisonnable, mais une fois qu'il sera gagné il faudra trouver autre chose pour entretenir la flamme. Pour l'heure, notre stratégie va consister à chercher des opportunités d'achat dans la cote européenne, en gardant toutefois un certain niveau de liquidités dans le portefeuille Défensif et la sélection Monde. L'Offensif reste fidèle à son orientation plus volontaire, mais ses performances sont toujours en retrait par rapport aux trois autres portefeuilles PEA.

Bonne lecture et bon week-end à tous,

Roland Laskine