Les prix du brut montent en flèche après les frappes israéliennes en Iran information fournie par Reuters 13/06/2025 à 18:04
(Reuters) -Les prix du pétrole s'envolent vendredi après l'attaque israélienne contre l'Iran, qui aggrave considérablement les tensions au Moyen-Orient et renforce les craintes d'une perturbation de l'approvisionnement en brut.
Le Brent avance de 6,36% à 73,76 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 6,6% à 72,53 dollars.
Le Brent avait enregistré un gain de 14% plus tôt vendredi, à près de 79 dollars le baril.
Les gains de vendredi sont également les plus importants mouvements intrajournaliers pour les contrats à terme du Brent et le Texas depuis 2022, lorsque la Russie a lancé son invasion de l'Ukraine, faisant monter en flèche les prix de l'énergie.
La hausse des prix du pétrole profite aux compagnies pétrolières, contrairement aux principaux indices boursiers en net repli avec le regain d'aversion au risque.
L'indice Stoxx 600 paneuropéen du secteur du pétrole et gaz monte de 0,58%, seule hausse sectorielle en Europe. A New York, l'indice S&P 500 Energy avance de 1,3%.
Israël a déclaré avoir frappé des sites nucléaires, des usines de missiles balistiques et des commandants militaires iraniens dans la nuit de jeudi à vendredi dans le cadre d'une opération visant à empêcher Téhéran de développer une arme atomique.
L'Iran a promis de se venger. "Le peuple iranien et les responsables du pays ne resteront pas silencieux face à ce crime, et la réponse légitime et puissante de la République islamique d’Iran fera regretter à l’ennemi son acte insensé", a menacé le président iranien Massoud Pezeshkian.
L'escalade des hostilités au Moyen-Orient, une région productrice de pétrole de premier plan, intervient dans un contexte de fortes tensions, dix-huit mois après le début de la guerre dans la bande de Gaza, qui menacent de faire éclater un conflit plus large entre, d'un côté, les Etats-Unis et Israël, et de l'autre, l'Iran et ses alliés.
"Ceci a augmenté l'incertitude géopolitique de manière significative et exige que le marché du pétrole prenne en compte une prime de risque plus importante pour toute perturbation potentielle de l'approvisionnement", écrivent dans une note les analystes d'ING.
Selon d'autres analystes, l'attaque d'Israël contre l'Iran ne devrait pas toutefois perturber de manière significative l'approvisionnement en pétrole.
Goldman Sachs a intégré une prime de risque géopolitique plus élevée dans ses prévisions ajustées pour le prix du pétrole à l'été 2025, mais "nous ne prévoyons toujours aucune perturbation de l'approvisionnement en pétrole au Moyen-Orient", a déclaré la banque dans une note vendredi.
Les analystes de Citi ont également déclaré que les perturbations de l'approvisionnement devraient être limitées, ajoutant que même si les tensions géopolitiques pourraient persister, les prix de l'énergie ne devraient pas rester élevés pendant une période prolongée.
DÉTROIT D'ORMUZ
L'un des facteurs de risque pris en compte par le marché est un éventuel blocus du détroit d'Ormuz, un corridor maritime par lequel transite environ un cinquième de la consommation mondiale de pétrole.
Si un tel blocus apparaît peu probable, le détroit reste au centre des préoccupations car il pourrait empêcher les principaux producteurs de l'Opep+ de déployer leurs capacités de réserve, a déclaré Goldman Sachs, ajoutant que dans un scénario extrême impliquant une perturbation prolongée, les prix pourraient dépasser les 100 dollars le baril.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a déclaré vendredi être prête à libérer des réserves de pétrole si le marché venait à connaître des pénuries à la suite de l'attaque israélienne contre l'Iran, suscitant les critiques de son rival, l'OPEP, qui a estimé que cette déclaration ne ferait qu'alimenter la peur sur les marchés.
L'AIE, qui représente les consommateurs de pétrole, et l'Opep, représentant certains des plus grands producteurs mondiaux de pétrole, se sont affrontés ces dernières années sur les perspectives de la demande mondiale de pétrole et le rythme de la transition énergétique.
Le directeur général de l'AIE, Fatih Birol, a déclaré que, si le marché pétrolier était bien approvisionné, l'agence serait prête à agir si nécessaire, ajoutant que le système de sécurité pétrolière de l'agence disposait de 1,2 milliard de barils de pétrole dans ses réserves stratégiques et d'urgence.
Le secrétaire général de l'Opep, Haitham al Ghais, a critiqué la déclaration de Fatih Birol, affirmant qu'elle suscite "de fausses alarmes et projette un sentiment de crainte sur le marché en répétant la nécessité inutile de recourir potentiellement aux stocks pétroliers d'urgence".
(Reportage Sam Li à Pékin, Florence Tan à Singapour, Brijesh Patel à Bangalore ; version française Diana Mandia et Mara Vîlcu, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)