par Shu Zhang et Matthew Miller
PEKIN, 5 avril (Reuters) - Etre l'un des patrons d'une
banque publique chinoise, c'est-à-dire l'un des plus puissants
établissements financiers du monde, n'avait rien de
particulièrement gratifiant l'an passé puisque l'Etat a réduit
de moitié leur rémunération dans le cadre d'une cure d'austérité
généralisée.
Si on les compare aux salaires pratiqués dans les pays
occidentaux, ceux des dirigeants bancaires chinois étaient déjà
bien modestes mais à présent ils gagnent moins que bon nombre de
banquiers frais émolus en Europe et aux Etats-Unis et l'écart
avec leurs homologues occidentaux est toujours plus béant.
C'est ainsi que Jian Jianqing, président (du conseil
d'administration ou chairman) de l'Industrial and Commercial
Bank of China (ICBC) 1398.HK 601398.SS , première banque
mondiale par l'actif, a perçu moins de 550.000 yuans (74.550
euros) en 2015, soit 52% de moins que les 1,1 million de yuans
de 2014, suivant le dernier rapport annuel de l'établissement.
Sa rémunération représentait 0,3% des 27 millions de dollars
(23,7 millions d'euros) gagnés par Jamie Dimon, le directeur
général de JPMorgan Chase JPM.N en 2015, ainsi qu'un très
faible pourcentage des 14,3 millions de francs suisses (13,13
millions d'euros) de Sergio Ermotti, le directeur général d'UBS
UBSG.S .
Les salaires des "chairmen" et divers présidents des cinq
premières banques chinoises ont tous été réduits de moitié l'an
passé, comme le montrent les différents rapports annuels.
Les quatre autres banques en question sont China
Construction Bank 0930.HK 601939.SS , le deuxième
établissement chinois, Agricultural Bank of China
1288.HK 601288.SS , Bank of China 3988.HK 601988.SS et Bank
of Communications 3328.HK 601328.SS .
Les grandes banques chinoises sont habituellement dirigées
par des bureaucrates nommés par l'Etat et pour nombre d'eux le
poste n'est qu'un marchepied pour une fructueuse carrière
politique à venir. Cet objectif passe au préalable par des
salaires très encadrés et à présent radicalement rétrécis.
Les quatre première banques chinoises figurent dans le
palmarès des dix premières banques mondiales par l'actif.
Par le passé, les patrons des entreprises publiques
chinoises ne manquaient pas d'opportunités de gonfler leurs
émoluments par des moyens plus ou moins détournés mais la vaste
campagne anti-corruption lancée par le président Xi Jinping a
nettement réduit leurs possibilités en la matière.
Les coupes claires dans les salaires des grands patrons de
la banque sont intervenues en outre en un moment où le
ralentissement économique du pays a pesé sur les profits du
secteur. Les grandes banques chinoises ont publié le mois
dernier une croissance des bénéfices qui a été la plus faible en
10 ans.
(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique
Tison)