Les gérants d’actifs voient leurs encours fondre au T2-2022 information fournie par Agefi Asset Management 12/08/2022 à 10:15
(NEWSManagers.com) - Après des pertes plutôt contenues au premier trimestre
2022, l'industrie de la gestion d'actifs a souffert au cours du deuxième
trimestre 2022. Si la saison des résultats trimestriels n'est pas
encore terminée, le secteur a perdu l'équivalent de 2.852 milliards
d'euros entre fin mars et fin juin 2022 selon nos calculs sur
la base des résultats de 26 sociétés de gestion et filiales de gestion
d'actifs cotées en Bourse. Ce groupe de 26 sociétés* gérait quelque
31.733 milliards d'euros à fin mars, mais seulement 28.881 milliards à
fin juin 2022, suggérant une baisse générale d'encours de 9% pour le
deuxième trimestre 2022. Cette baisse est principalement liée à un effet
défavorable des marchés, plus ou moins fort selon les groupes, conjugué
à des décollectes parfois massives. Les effets de change de devises ont
été variables selon les firmes.Le géant de la
gestion d'actifs, BlackRock, représente plus d'un tiers des pertes
d'encours (37%) de ces 26 gestionnaires d'actifs analysés, avec sa chute
de 1.062 milliards d'euros d'encours sur le trimestre. Soit 11%
d'actifs sous gestion en moins entre fin mars et fin juin 2022. Sur le
périmètre, les pertes d'encours en pourcentage se sont étalées de -4% à
-18%. Le métier asset management de BNP Paribas et de HSBC, ainsi que
Pimco et Amundi limitent la casse avec des chutes d’encours comprises
entre -4% et -6% sur le trimestre. A l’inverse, les Américains Artisan
Partners, T.Rowe Price et Columbia Threadneedle ont vu leurs actifs sous
gestion chuter respectivement de 18%, 15,6% et 14%. Allianz Global
Investors, qui a été confronté aux conséquences de l’affaire des fonds
Alpha, ainsi que State Street ont perdu 11% d’encours.
Sur le périmètre analysé par nos soins, seuls quatre
gérants affichent une hausse d’encours. En l’occurrence trois
gestionnaires d’actifs alternatifs américains – Blackstone (+25
milliards d’euros), KKR (+12 milliards) et Apollo (+2 milliards) – et le
britannique Schroders (+25 milliards). Pour Apollo comme pour
Schroders, cependant, les acquisitions pour le premier de Griffin
Capital et pour le second du pôle solutions de River and Mercantile ont
contribué à cette progression.
Les actifs alternatifs et l'Asie sauvent les flux
Côté flux, les résultats ont également été contrastés,
affectés en majeure partie par la réallocation des investisseurs
institutionnels face à la conjoncture macro-économique explosive
(tensions géopolitiques, inflation, hausse de taux, crise de l’énergie,
etc). Pris dans leur ensemble, les 26 gérants affichent une collecte
nette cumulée de 73,3 milliards d’euros pour le deuxième trimestre 2022
selon nos calculs. En retirant les gestionnaires alternatifs
KKR, Blackstone et Apollo, qui représentent à eux trois 146,1 milliards
d'euros de collecte nette, la décollecte nette cumulée des 23 gérants
restants atteint 72,8 milliards d'euros.
BlackRock
et Blackstone ont continué à collecter de manière significative sur le
deuxième trimestre à hauteur de 87,9 et 86,3 milliards d’euros
respectivement. Le segment des actifs alternatifs a été particulièrement
porteur puisque Apollo et KKR ont respectivement collecté 35,3 et 24,5
milliards d’euros. D’autres gérants comme les Britanniques Schroders et
Man Group ont vu leur flux portés par l’alternatif. Janus Henderson, qui
a enchaîné un 19ème trimestre de décollecte, a lui aussi collecté sur
les actifs alternatifs. Ces flux nets sont un peu paradoxaux dans la
mesure où la plupart des actifs privés, en particulier les actifs sur le
private equity, ont fait l’objet de décotes, parfois substantielles,
dans leur valorisation au cours du premier semestre 2022. Aussi
Jefferies estime-t-il dans un récent rapport que les investisseurs se
sont délestés de leurs parts de fonds de capital investissement à un
niveau record de 33 milliards de dollars au premier semestre 2022,
contre 19 milliards au premier semestre 2021.
Les sorties se sont manifestées sur la gestion
traditionnelle. Parmi les grosses décollectes, celles des produits de
State Street (-61 milliards d’euros), des fonds obligataires de Pimco
(-28,7 milliards d’euros) et de DWS (-25 milliards d’euros, l'essentiel
en fonds monétaires) sont à noter.Les
joint-ventures en Asie et partenariats ont aussi permis à certains
gestionnaires d’actifs de s’en tirer avec une collecte positive sur le
trimestre. C’est le cas notamment d’Amundi (+ 1,8 milliard d’euros) qui a
pu s’appuyer sur les flux entrants de ses joint-ventures en Chine et en
Inde et d’Axa Investment Managers dont la collecte du deuxième
trimestre a été portée par ses co-entreprises en Asie.
Marges stables ou en baisse contenue
Autre tendance de ces résultats trimestriels: pour la
plupart des gestionnaires d’actifs publiant le montant des commissions
de gestion perçues, celui-ci a reculé d’un trimestre à l’autre. Une
petite disparité s'observe dans l'évolution des marges opérationnelles
sur le trimestre. Parmi les gérants publiant leurs marges, plusieurs
l’ont vue se contracter de manière relativement limitée (Invesco,
AllianzGI, Franklin Resources, Janus Henderson notamment) ou rester
presque stable (BlackRock, Pimco) quand d’autres l’ont amélioré dont
Amundi et Man Group.Sur la première
moitié de 2022 en revanche, certains gérants ont vu leur marge
opérationnelle dégringoler de manière significative comme le Britannique
Jupiter Asset Management et le Suisse GAM Holding. Le premier, qui a
acté le départ de son futur-ex directeur général Andrew Formica, a perdu
10 points de marge opérationnelle sur la période tandis que GAM, qui a
perdu environ 17% de ses encours sur le semestre et serait de nouveau à
vendre, affiche une marge opérationnelle négative de 17,6 points sur le
semestre.Il faudra également suivre l’évolution de l’asset
management chez Credit Suisse qui traverse une passe difficile, puisque
son désormais ex-patron Ulrich Körner a pris les rênes du groupe à la
place de Thomas Gottstein.
*Amundi, Axa IM, Rothschild & Co, Natixis,
Artisan Partners, Franklin Resources, Invesco, Credit Suisse, DWS, UBS,
BlackRock, Man Group, Columbia Threadneedle, BNP Paribas, Allianz Global
Investors, Pimco, Apollo Global Management, Blackstone, KKR, T.Rowe
Price, State Street, Schroders, Jupiter, GAM, HSBC, Janus Henderson.