Les Bourses européeennes dans le rouge après le revers de Friedrich Merz au Bundestag

information fournie par Reuters •06/05/2025 à 14:47

(Coquille dans le titre)

par Diana Mandia

Wall Street est attendue en baisse mardi et les Bourses européennes, qui étaient pratiquement stables à l'ouverture, sont dans le rouge à mi-séance alors que Friedrich Merz n'a pas pu obtenir, à la surprise générale, le soutien d'une majorité de députés pour être confirmé dès le premier tour de scrutin à la chancellerie allemande. Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,46% pour le Dow Jones, de 0,74% pour le Standard & Poor's-500 et de 0,97% pour le Nasdaq, le président américain Donald Trump ayant ravivé lundi les inquiétudes concernant les droits de douane sur les produits pharmaceutiques, tandis que certains résultats négatifs d'entreprises pèsent également sur l'humeur des investisseurs. À Paris, le CAC 40 perd 0,47% à 7.691,70 points vers 11h31 GMT. À Francfort, le Dax recule de 0,87% et à Londres, le FTSE 100 cède 0,13%.

L'indice EuroStoxx 50 recule de 0,65%, le FTSEurofirst 300 perd 0,40% et le Stoxx 600 abandonne 0,34%.

La séance, plutôt attentiste en début de matinée alors que la Reserve fédérale (Fed) et la Banque d'Angleterre doivent annoncer dans la semaine leurs décisions de politique monétaire, a basculé dans le rouge lorsque Friedrich Merz n'a pas obtenu le soutien d'une majorité absolue de députés pour être confirmé au premier tour du vote sur la chancellerie allemande.

Si ce revers, inattendu et sans précédent dans l'histoire du pays, n'enterre pas les chances du chef de file des conservateurs d'accéder à la chancellerie, il traduit les doutes qui entourent sa volonté de mener une politique budgétaire plus souple pour relancer une économie fragilisée par les conséquences de la guerre en Ukraine et la politique commerciale du président américain Donald Trump.

"Je ne m'attendais pas du tout à ce qui s'est passé aujourd'hui", a déclaré George Lagarias, économiste chez Forvis Mazars, tout en ajoutant que les marchés seraient très surpris si Friedrich Merz n'était pas élu chancelier. Le Parlement a 14 jours pour élire un nouveau dirigeant - Friedrich Merz ou quelqu'un d'autre.

Les investisseurs digèrent également les indices définitifs des directeurs d'achat (PMI) de la zone euro, qui montrent que l'activité a continué de croître en avril, mais à un rythme plus lent, la demande s'étant affaiblie et le secteur des services ayant quasiment stagné.

Avant le vote du Bundestag allemand, la séance était plutôt stable, les investisseurs attendant les décisions sur les taux de la Fed et la BoE mercredi et jeudi, respectivement, et surtout des commentaires à propos de l'impact des droits de douane sur les plans des deux banques centrales.

La politique tarifaire du président américain reste en effet au centre des préoccupations, bien qu'il y ait peu de progrès tangibles dans les négociations possibles pour éviter une escalade commerciale entre les États-Unis et la Chine.

Donald Trump a contribué lundi soir à réduire l'optimisme en disant qu'il prévoyait d'annoncer des droits de douane sur les produits pharmaceutiques au cours des deux prochaines semaines.

VALEURS EN EUROPE

Le secteur européen de la défense, le plus susceptible de bénéficier du plan d'investissement prévu par Friedrich Merz avec la réforme historique du frein à l'endettement, cède 0,97% et affiche l'un des plus importants replis de l'indice Stoxx 600.

Hugo Boss, qui a fait état mardi d'un chiffre d'affaires trimestriel supérieur aux attentes et a maintenu ses prévisions pour l'ensemble de l'année, progresse de plus de 5%.

A Londres, Deliveroo avance de 1,8% après que DoorDash a annoncé mardi le rachat de la société britannique de livraison de repas Deliveroo pour 3,40 milliards d'euros.

Le fabricant d'appareils médicaux Philips perd 3% alors qu'il a annoncé mardi s'attendre à un impact net des droits de douane compris entre 250 à 300 millions d'euros en 2025 et a abaissé sa prévision de bénéfice de base annuel.

ArcelorMittal, qui tient mardi son assemblée générale sur fond d'un projet de suppression de plus de 600 postes en France, perd 2%.

TAUX

Pour l'instant, la réaction du marché obligataire au coup de théâtre en Allemagne est limitée. Le rendement du Bund allemand à dix ans prend 1,2 point de base à 2,5320%. Le deux ans recule d'environ 1 point de base à 1,7610%.

"A en juger par la réaction du marché, il semble que l'échec de Merz lors du premier vote soit perçu comme une difficulté temporaire plutôt que comme l'annonce d'un éventuel changement de direction politique" , a déclaré Richard McGuire, analyste chez Rabobank, ajoutant que le Rubicon de la dette avait été franchi, l'Allemagne ayant désormais la capacité de dépenser au-delà des limites précédentes imposées par le frein constitutionnel à l'endettement.

Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans prend 0,4 point de base à 4,3472%. Le deux ans recule pour sa part de 2,5 points de base à 3,8158%.

CHANGES

Les politiques commerciales souvent erratiques de Donald Trump continuent d'alimenter des ventes importantes de billet vert, poussant l'euro, le yen et le franc suisse à la hausse.

Le dollar américain recule ainsi mardi de 0,24% face à un panier de devises de référence, tandis que la devise européenne avance de 0,13% à 1,1329 dollar.

Côté devises émergentes, le dollar taïwanais a pris 8% en deux séances, un niveau sans précédent, pour atteindre des sommets de trois ans, tandis qu'à Hong Kong, la banque centrale de facto a acheté 7,8 milliards de dollars pour empêcher la monnaie locale de se renforcer et de rompre son ancrage au billet vert, des mouvements mettent en évidence la fragilité de la devise américaine.

PÉTROLE

Le marché pétrolier affiche un rebond technique après une forte baisse lundi à la suite à la décision de l'Opep+ d'accélérer encore ses hausses de production.

Le Brent prend 2,01% à 61,46 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) gagne 2,12% à 58,34 dollars.

(Rédigé par Diana Mandiá, édité par Augustin Turpin)