Le marché fait le pari de la reprise en V
information fournie par GreenSome Finance 06/07/2020 à 09:25

Et si ce qui nous attend au niveau économique se résumait à la lecture des performances des indices au cours du 1er semestre, à savoir une reprise en V ? En effet, au cours du 1er trimestre les marchés n'ont cessé de chuter et ont même été assommés en mars. Depuis ils ne cessent de monter et ont repris depuis leurs plus bas en moyenne 33% après une baisse moyenne de 38%. Deux éléments ont provoqué la vague haussière : 1/ l'hyper réaction des banques centrales et des Etats pour abreuver de liquidités nos économies et 2/ un espoir grandissant de fin de pandémie mondiale. On assiste donc à une reprise en V des marchés boursiers, dopés qu'ils sont par cet afflux de liquidités. Ils l'étaient déjà, désormais on voit mal comment ils pourront être sevrés.

D'un point de vue économique, nous avons encore peu d'éléments de réponse de la mise à l'arrêt du monde. Les choses repartent les unes après les autres mais on commence à parler de plans sociaux même chez des acteurs que l'on pensait protégés de tout à l'image d'Airbus. Aussi, les commentaires sont nombreux pour dire que cela repart vite. Le seul « hic » c'est que l'on compare aux mois précédents où plus rien ne se passait.

C'est donc facile de parler de reprise vigoureuse lorsque l'on ne part de rien. Alors oui, le PIB mondial va chuter, que disons nous, s'effondrer en 2020 mais cela semble presque un non sujet quand on écoute la plupart des intervenants. Car ils regardent déjà 2021. Ce S1 boursièrement parlant traduit bien cet état d'esprit mais selon nous on oublie un élément clé qui pourrait venir gripper ce beau scénario… Quid du vrai retour de la consommation ?

Performances des indices

Performances des indices (Source : GreenSome Finance - Nyse Euronext)

Consensus

Le gros des ajustements avait été fait il y a deux mois. Nous sommes désormais dans du saupoudrage pour 2020. Néanmoins la sanction est sévère et même jamais vue. Une chose en revanche nous intrigue, les estimations 2021 notamment pour les Small Caps. Certes leur couverture est nettement importante que pour les grandes valeurs mais on a l'impression que 2020 n'aura été qu'une parenthèse. Ainsi, le consensus s'attend à un BPA moyen pour le CAC toujours en retrait de 9,3% par rapport à celui de 2019 alors que pour le CAC Mid&Small il est sur une progression de 8,5% et même de 48% pour le CAC Small. Il y a là quelque chose qui nous chagrine…

Estimations de variation des BPA

Estimations de variation des bénéfices par action au 29 février. (Source : InFront)

Valorisation

2020 est hors de prix !!!!! Mais 2020 est une année à mettre entre parenthèses, diront certains. Il faut regarder 2021. Si on regarde 2021 et que l'on a en tête que nous sommes sur des taux qui resteront au plancher alors il y a encore de la marge pour le CAC 40 alors que plus on descend dans la cote plus il est compliqué d'y trouver son compte alors même que les prévisions 2021 des petites valeurs nous paraissent irréalistes. Attention donc car nous sommes sur une corde raide dont les attaches ne sont pas si solides que cela.

Valorisation des indices

Valorisation des indices. (Source : InFront)

Conclusion

Le marché est optimiste ce qui, après ce que nous avons traversé, fait du bien. Pour lui, la reprise se fera en V. Toutefois, le marché, car le sujet semble absent du débat, fait fi des dégâts économiques à venir et des destructions d'emplois qui seront massives. Pour le moment, les Etats ont colmaté mais cela ne pourra pas durer indéfiniment. Le chômage va exploser partout ce qui aura des conséquences sur la consommation et donc sur la création de valeur. Toute la question sera de savoir à quelle vitesse nos économies seront en mesure de recréer des emplois. Cet élément, le marché ne semble pas vouloir l'intégrer. Peut-être à raison pensant que quoiqu'il en soit comme les Banques Centrales sont prêtes à tout, les Etats trouveront toujours des moyens pour colmater les brèches.

Quelque chose a donc changé. Les marchés ont modifié leur raisonnement ou leur motivation. Pour eux tant qu'il y a des liquidités, il n'y a pas de problème. Cela se tient mais c'est un puit sans fond et le meilleur stress test de ce scénario sera le S2. Dans quelle mesure les mauvais résultats des entreprises qui vont tomber auront raison de cet optimisme sans faille ?
Si ça passe au S2 alors tout pourra passer et nous devrons mettre au placard notre esprit contrariant.

En attendant, un des points positifs de ce S1, est le retour ou l'arrivée de nombreux investisseurs particuliers ce qui est toujours de bon augure pour les Small Caps qui continuent d'accumuler un certain retard depuis 2 ans et demi sur les grandes valeurs. Après, il convient de privilégier les sociétés ayant un niveau de récurrence d'activité important, un bilan peu endetté et plusieurs « pattes » tant en termes géographique, produits ou typologie de clients pour plus facilement encaisser les crises. Dernier point, l'actionnariat familial est souvent un atout non négligeable car tout le monde est dans la même barque.