Le Maire croit à la privatisation d'ADP, l'action chute encore

information fournie par Reuters 10/05/2019 à 10:13

LE MAIRE CROIT À LA PRIVATISATION D'ADP, L'ACTION CHUTE ENCORE

PARIS (Reuters) - Bruno Le Maire croit toujours au bien-fondé de la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP) mais attendra la fin de la procédure de neuf mois du référendum d'initiative partagée (RIP) avant de lancer l'opération.

Le conseil constitutionnel a validé jeudi une démarche de parlementaires hostiles à la privatisation de l'opérateur des aéroports de Roissy, Orly et du Bourget, visant à organiser un référendum sur ce projet phare de la loi Pacte.

La perspective de cette consultation, qui doit maintenant être demandée par un dixième des électeurs français, soit 4,7 millions de personnes, pour voir le jour, a fait chuter en Bourse l'action ADP.

A 9h56 vendredi, le titre cédait encore 8,8% à 154,6 euros, accusant ainsi la plus forte baisse de l'indice SBF 120, pour sa part en hausse de 0,9%. Il avait déjà perdu 5,7% la veille à la suite de l'annonce de la décision du Conseil constitutionnel.

"Fondamentalement je crois dans ce projet. Et (...) la majorité, qui a (l'a) voté unanimement, sait qu'il est bon économiquement pour le pays", a déclaré le ministre de l'Economie sur CNEWS.

"Pendant que la procédure va courir, il est évident que nous n'allons engager aucune opération de privatisation", a-t-il ajouté, préférant voir dans ce délai "une opportunité pour mieux expliquer (le) projet."

Cette nouvelle donne a d'ores et déjà conduit JP Morgan a revoir à la baisse sa recommandation sur ADP à neutre, contre surpondérer, ainsi que son objectif de cours, abaissé de 210 à 160 euros.

POURSUITE DE LA PRIVATISATION DE LA FDJ

"Nous pensons (...) que l'appétit en matière d'offres dans ce contexte sera impacté", écrit la banque dans une note. "A la lumière de ces nouveaux développements, nous estimons que le scénario baissier que nous avions précédemment identifié dans l'hypothèse d'une annulation de la privatisation va être testé."

Outre la question du référendum, le Conseil constitutionnel a également été saisi de quatre recours émanant de députés et de sénateurs de droite comme de gauche contre les privatisations programmées d'ADP et de la FDJ (Française des Jeux). Ces parlementaires estiment que ces privatisations devraient être considérées comme inconstitutionnelles, puisqu'elles concernent des "monopoles de fait" qui doivent donc être la propriété de la collectivité, selon les termes de la Constitution. Mais dans sa décision de jeudi sur le référendum d'initiative partagée, le Conseil constitutionnel semble exclure cette hypothèse pour l'opérateur aéroportuaire. Concernant la Française des Jeux (FDJ), elle "n'est pas concernée par le recours, donc l'accord a été donné pour privatiser la Française des Jeux", a précisé Bruno Le Maire. "Je souhaite que les Français puissent participer à cette privatisation, qu'ils puissent devenir actionnaire de la Française des Jeux et profiter de cette opération", a ajouté le ministre de l'Economie.

Le produit de ces privatisations, ainsi que celui de la diminution de la participation de l'Etat dans Engie, doit alimenter un fonds pour l'innovation de rupture, doté de dix milliards d'euros, et contribuer au désendettement.

(Gilles Guillaume et Myriam Rivet, édité par Benoît Van Overstraeten et Jean-Michel Bélot)