Le franc suisse à un pic de deux ans contre l'euro avant la BCE
information fournie par Reuters 23/07/2019 à 15:21
* Le franc suisse à plus haut de 2 ans contre l'euro, sous 1,10 * Probabilité renforcée d'interventions de la BNS - analystes * La BNS peut encore assouplir, a dit son président en juin par Tommy Wilkes et Saikat Chatterjee LONDRES, 23 juillet (Reuters) - Le franc suisse a atteint un plus haut de deux ans contre l'euro mardi, enfonçant le seuil de 1,10 euro considéré comme le catalyseur d'intervention par la Banque nationale suisse (BNS), sur fond d'anticipations d'un nouvel assouplissement monétaire dans la zone euro, d'incertitude accrue sur le Brexit avec la désignation attendue de Boris Johnson comme Premier ministre britannique et d'instabilité politique en Italie et en Espagne. Le franc suisse a enfoncé le seuil de 1,10 pour s'échanger à 1,0984 contre l'euro, lequel s'affiche ainsi en recul de 0,2% sur la séance et à un plus bas de deux ans. La devise helvétique affiche une progression de plus de 4% par rapport à ses niveaux de l'ordre de 1,15 franc pour un euro en avril. "Les traders testent de plus en plus les limites. Ils essayent de voir quand la BNS va intervenir", a dit Thu Lan Nguyen, analyste sur les changes à la Commerzbank. Elle a toutefois ajouté que l'appréciation rapide du franc sur le niveau de 1,10 pour un euro, qui a déclenché des interventions de la BNS dans le passé, montre que "les menaces d'intervention ne sont pas aussi crédibles que par le passé." La BNS s'est refusée mardi à dire comment elle réagirait à une éventuelle initiative de la BCE pour assouplir sa politique monétaire mais le mois dernier son président, Thomas Jordan, a dit disposer d'amples marges de manoeuvre pour assouplir encore sa propre politique monétaire portant déjà très accommodante. Cela pourrait se traduire par des interventions mais aussi sur les taux d'intérêt, avait-il alors déclaré. Une action pour freiner l'appréciation du franc suisse pourrait toutefois susciter la colère du président américain Donald Trump, prompt à dénoncer les manipulations présumées de leurs taux de change par les partenaires des Etats-Unis et à leur détriment. Bien que la Suisse ait été retirée en mai de la liste du Trésor américain des pays manipulant leur devise, la condamnation par Donald Trump des mesures d'intervention sur les changes, qu'il n'exclut toutefois pas concernant le dollar, signifie qu'une initiative de la BNS de l'ampleur de celle décidée en janvier 2015 est peu probable. La BNS avait alors renoncé à défendre le seuil de 1,20 franc suisse pour un euron entraînant une appréciation massive de sa devise jusqu'à moins de 0,90 franc pour un euro. Le franc suisse est aussi soutenu par les craintes d'une sortie sans accord du Royaume-Uni de l'Union européenne avec l'élection de Boris Johnson à la tête du Parti conservateur qui en fait le successeur désigné de Theresa May comme Premier ministre, et par l'instabilité politique en Italie et en Espagne. "Nous pensons que cela serait une période peu appropriée pour que les Suisses reprennent des interventions massives sur le marché des changes pour s'opposer à l'appréciation du franc", préviennent les analystes de Goldman Sachs. Les investisseurs accordent dans le même temps une proportion de près de 50% à une baisse de taux par la BNS en septembre et de deux tiers à l'horizon du mois de décembre par rapport au niveau actuel de -0,75%. Sur le même thème : Le franc suisse se rapproche du seuil d'intervention de la BNS : <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ Swiss franc deposits as pct of GDP https://tmsnrt.rs/32VdMtA CHF And SNB Intervention https://tmsnrt.rs/2OcUYTm ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (avec John Revill à Zurich et Sujata Rao, Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)