TOULOUSE, 11 juin (Reuters) - Le Centre national d’études
spatiales (CNES) et l’Institut de recherche en astrophysique et
planétologie (IRAP) de Toulouse ont présenté mardi à la presse
la SuperCam, l’instrument conçu par les ingénieurs français qui
équipera le véhicule Rover de la mission américaine Mars 2020.
Après la mission Mars Science Laboratory et son robot
Curiosity en opération sur Mars depuis 2012, la NASA va envoyer
un nouveau véhicule robotisé avec cette nouvelle mission qui
doit décoller du Kennedy Space Center (Floride) en juillet 2020.
Ce véhicule, au nom provisoire de Rover Mars 2020,
recherchera des signatures organiques pouvant attester, si elles
existent, d’une vie sur la planète rouge. Il sera notamment
capable d’étudier la diversité géologique du cratère Jezero, où
il se posera le 18 février 2021, après sept mois de voyage.
Ce Rover pourra prélever des échantillons de roches et de
sol puis de les stocker dans des mini-conteneurs, qui seront
ramenés sur Terre lors d’une autre mission.
Sur le Rover sera positionné SuperCam, composé de deux
parties : le Mast Unit, instrument français, situé en haut du
mât du Rover, et le Body Unit, développé par les Américains,
dans le cœur du Rover.
"La SuperCam va opérer de la science à distance en réalisant
des tirs lasers focalisés sur un point de roche qui auront pour
effet de le chauffer jusqu’à 8.000°C", a expliqué mardi devant
la presse Muriel Deleuze, chef de projet Contributions à Mars
2020 au CNES. "Cela créera un plasma, dont la lumière sera
analysée pour fournir la composition chimique des roches."
Avec cette nouvelle mission, SuperCam est aussi équipé des
spectromètres Raman et infrarouge pour analyser, toujours à
distance, la minéralogie des roches, c’est-à-dire la façon dont
les atomes sont liés en molécules, un diagnostic primordial pour
la découverte de chimie organique.
"La Terre et Mars ayant environ le même âge, soit 4,5
milliards d’années, l’idée est de détecter les minéraux sur Mars
pour savoir s’il y a eu de la vie auparavant", a détaillé
Pierre-Yves Meslin, enseignant-chercheur à l’IRAP.
"L’important serait de trouver des traces d’argiles et de
carbonates pour comprendre le passé aqueux et l’atmosphère de
Mars afin d’étudier l’habitabilité passée", a-t-il ajouté.
Contrairement au précédent instrument embarqué sur
Curiosity, la ChemCam, la caméra de contexte de SuperCam
enregistrera en couleur.
L’autre nouvel instrument de cette mission martienne est un
microphone qui permettra d’enregistrer les sons lors des tirs
lasers pour déterminer notamment la dureté des roches, le bruit
du Rover ou le vent martien.
Depuis 2015, environ 240 personnes des deux établissements
toulousains ont travaillé sur la conception, l’étude, la
réalisation de cet instrument français, qui sera livré dans les
prochains jours au JPL (Jet Propulsion Laboratory) à Pasadena
pour être intégré en haut du mât du Rover. Le coût du projet
pour la partie française s’élève à 20 millions d’euros.
(Julie Rimbert, édité par Yves Clarisse)