La Fed devra soigner sa communication mercredi

information fournie par Reuters 19/03/2019 à 07:00
 (Répétition sans changement d'une dépêche diffusée lundi)
    par Trevor Hunnicutt et Ann Saphir
    NEW YORK/SAN FRANCISCO, 19 mars (Reuters) - Jerome Powell,
le président de la Réserve fédérale, sera attendu sur deux
points mercredi lorsqu'il s'adressera à la presse à l'issue de
la réunion de politique monétaire de la banque centrale: les
"dots" - autrement dit les prévisions des membres de la Fed sur
le niveau des taux - et le portefeuille d'obligations.
    Le maintien de l'objectif des fonds fédéraux à 2,25-2,50% ne
fait aucun doute, tout comme la réaffirmation par la Fed de son
approche "patiente" en matière de politique monétaire.
    Le premier enjeu de la réunion sera de voir si cette
promesse de patience se reflétera dans le "dot plot", le
graphique qui reproduit les prévisions des membres de la Fed
pour les taux d'intérêt sur les trois prochaines années.
    Les marchés attendent aussi des détails sur l'arrêt de la
réduction du bilan de la banque centrale, qui détient encore
pour près de 3.800 milliards de dollars (3.350 milliards
d'euros) d'obligations dans ses coffres.
    "Ce seront de nouveaux éléments d'information en fonction
desquels évolueront les marchés, que ce soit ou non l'intention
de la Fed", déclare Ben Jeffery, stratège chez BMO Capital
Markets.
    En décembre, une petite phrase de Jerome Powell sur la
poursuite de la réduction du bilan avait fait chuter les
marchés, ce qui avait contribué un mois plus tard à l'annonce de
la "pause" sur les taux. Depuis lors, le président de la Fed a
admis le besoin d'éviter des "perturbations inutiles des
marchés."
    Les traders n'attendent plus de hausse des taux cette année
et certains tablent même sur une baisse du loyer de l'argent en
2020. Toute divergence entre ce sentiment et le message de la
Fed pourrait agiter les marchés. Tout comme d'ailleurs une forte
baisse des "dots", surtout si elle s'accompagne d'une révision
marquée des projections macroéconomiques.
    
 
    Les derniers indicateurs économiques, plutôt moroses,
viendront en outre compliquer la tâche de Jerome Powell, à
commencer par l'annonce d'un fort ralentissement des créations
d'emplois le mois dernier, qui s'est accompagnée d'une hausse
des salaires.
    Le ralentissement économique en vue aux Etats-Unis, celui à
l'oeuvre en Chine et plus généralement les incertitudes autour
de l'économie mondiale rendent les marchés d'autant plus
sensibles aux signaux envoyés par la Fed.
    
    UN COMMUNIQUÉ ÉVASIF
    Lors de sa précédente réunion fin janvier, la Fed a mis fin
à son rythme trimestriel de hausse des taux pour se montrer
désormais "patiente". Powell a par la même occasion indiqué que
la banque centrale pourrait cesser cette année de réduire son
bilan.  
    Le communiqué de politique monétaire https://www.federalreserve.gov/newsevents/pressreleases/monetary20190130a.htm
 ne fournissait aucun indice sur l'orientation future des taux
d'intérêt, que ce soit à la hausse ou à la baisse.  
    Le communiqué publié mercredi soir devrait rester tout aussi
évasif sur ce point, à en croire les déclarations les plus
récentes des responsables de l'institution.
    "La patience, cela veut dire qu'on ne va pas donner beaucoup
d'indications sur le chemin que l'on prendra car l'incertitude
est telle qu'il faut tout simplement voir comment les choses
évoluent", a par exemple déclaré Eric Rosengren, le président de
la Fed de Boston, le 5 mars.
    Mais cette volonté de ne pas en dire trop risque d'être mise
à mal par la publication, mercredi aussi, des dernières
projections économiques de la banque centrale. Ce document
pourrait bien montrer que la Fed anticipe toujours une hausse de
taux si la croissance reste robuste en 2019.
    Lors de la réunion des 29 et 30 janvier, certains membres du
comité de politique monétaire (FOMC) se sont inquiétés que les
projections puissent envoyer un message erroné sur les
intentions de la Fed, selon le compte rendu https://www.federalreserve.gov/newsevents/pressreleases/monetary20190220a.htm
 des débats publié le 20 février. Jerome Powell a par la suite
déclaré le 8 mars qu'il ne fallait pas accorder trop
d'importance aux prévisions.
    Jusqu'ici, la communication soignée et réactive de la Fed
sur les taux a inspiré confiance aux marchés. Une mesure des
fluctuations attendues des cours des emprunts d'Etat sur trois
mois  .MERMOVE3M  est à son plus bas niveau depuis 17 ans. Le
marché boursier n'est pas en reste puisque l'indice S&P 500
 .SPX  affiche une progression de 12% depuis le début de
l'année.
    
    ÉVITER UN BILAN EN PORTE-À-FAUX
    S'il n'y a plus beaucoup de mystère autour des taux
d'intérêt, surtout avec une inflation qui reste contenue, la
banque centrale devra en revanche préciser sa communication sur
l'arrêt de la réduction de son bilan.
    La Fed a massivement acheté des obligations pour stimuler
l'activité économique après la crise de 2008. Fin 2017, dans un
souci de normalisation, elle a commencé à réduire son stock de
titres en ne "remplaçant" plus ceux arrivant à échéance.
    Cette politique revenant à durcir les conditions
financières, la Fed a logiquement décidé d'y mettre un terme
dans le courant de cette année pour ne pas se retrouver en
porte-à-faux avec son message sur les taux d'intérêt.
    
    
    Reste à savoir à quel niveau le bilan sera figé, et nul
doute que Powell sera interpellé sur ce point mercredi.
    Interrogé par Reuters, le président de la Fed de New York,
John Williams, a dit début mars qu'il n'y avait pas de "réponse
claire" à la question de la taille souhaitable du bilan. 
    Les intervenants des marchés espèrent voir leur attentes
"confirmées et confortées" par le discours de la Fed sur la
taille et la composition de ses actifs, dit Cliff Corso,
président exécutif de la société de gestion Insight North
America. "Toute divergence par rapport à ces attentes pourrait
créer un peu de volatilité", ajoute-t-il.  

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Federal Open Market Committee target rate projections    https://tmsnrt.rs/2UCRTe1
Federal Reserve bond holdings    https://tmsnrt.rs/2UD2oOr
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 (Trevor Hunnicutt à New York et Ann Saphir à San Francisco;
Véronique Tison pour le service français, édité par Marc
Angrand)