L'extension du coronavirus freine les tentatives de rebond

information fournie par Reuters 28/01/2020 à 15:30

LES BOURSES EUROPÉENNES EN HAUSSE À MI-SÉANCE

PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en légère hausse mardi et les Bourses européennes regagnent un peu de terrain à mi-séance, mais l'inquiétude suscitée par le coronavirus chinois et ses probables conséquences économiques freine le rebond des actions au lendemain de leur pire séance depuis octobre.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,3% environ pour le Dow Jones et le Standard & Poor's 500 et de 0,6% pour le Nasdaq.

En Europe, le CAC 40 à Paris gagne 0,29% à 5.879,75 points à 12h05 GMT et s'éloigne du plus bas de trois mois et demi touché lundi à 5.851. A Londres, le FTSE 100 prend 0,2% et à Francfort, le Dax avance de 0,07%.

L'indice EuroStoxx 50 est en hausse de 0,24%, le FTSEurofirst 300 de 0,05% et le Stoxx 600 de 0,13%.

Ce dernier a subi lundi sa plus forte baisse depuis le 2 octobre (-2,68%), tout comme le S&P 500 américain (-1,57%) et l'indice MSCI mondial (-1,62%), tandis que la volatilité montait fortement sur l'ensemble des marchés boursiers.

Ces mouvements traduisent la peur d'un impact sensible sur la croissance et la consommation de l'épidémie de coronavirus en Chine, qui a fait 106 morts et affectait plus de 4.500 personnes selon le dernier bilan en date, mais ils pourraient refléter un changement d'état d'esprit plus durable chez les investisseurs.

"Même si l'on ne peut pas encore parler d'une transition du 'risque on' au 'risque off', un certain nombre de signes indiquent que l'appétit pour le risque va désormais de pair avec une plus grande prudence: la volatilité ne diminue pas, les rendements des emprunts d'État baissent et les écarts de crédit s'élargissent", résume ainsi Olivier Marciot, directeur et gérant senior d'Unigestion.

"L'épidémie de coronavirus à l'approche du Nouvel An Chinois pourrait déclencher un changement de sentiment plus général, dont les répercussions pourraient être accélérées par les valorisations élevées de tous les actifs."

La prudence perceptible sur la plupart des marchés est également liée à l'approche des décisions de la Réserve fédérale américaine, qui entame ce mardi sa première réunion de politique monétaire de l'année, à la multiplication des publications de résultats des deux côtés de l'Atlantique et à l'imminence de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, qui sera officielle vendredi.

VALEURS EN EUROPE

Le secteur des ressources de base (+0,13%) et celui de l'automobile (+0,78%), particulièrement exposés au marché chinois, repartent de l'avant au lendemain d'une forte baisse.

A l'inverse, celui des hautes technologies (-1,17%)continue de reculer, pénalisé entre autres par les prévisions jugées décevantes du géant allemand des logiciels d'entreprise SAP, qui perd 3,28%.

Philips abandonne 2,99% après l'annonce de résultats inférieurs aux attentes et de la mise en vente de ses activités d'électroménager.

A la hausse à Paris, Airbus gagne 1,23%, l'annonce d'un accord de principe pour solder des enquêtes anti-corruption dans plusieurs pays d'Europe soulageant les investisseurs.

Renault progresse de 0,4%. Le conseil d'administration du groupe automobile est convoqué dans la journée pour se prononcer sur la nomination de Luca de Meo au poste de directeur général, selon deux sources proches du dossier.

TAUX

Signe que les inquiétudes liées au virus chinois sont loin d'être dissipées, les marchés obligataires restent orientés à la hausse, avec pour conséquence entre autres, pour la première fois depuis octobre, une brève inversion de la portion trois mois-dix ans de la courbe des rendements américains, une anomalie considérée par certains comme le reflet de craintes de récession.

Le rendement des Treasuries à dix ans se stabilise autour de 1,60% après être revenu à 1,57%, son plus bas niveau depuis octobre.

En zone euro, les craintes de voir l'épidémie chinoise freiner l'économie se traduisent par une dégradation des anticipations d'inflation: le taux d'inflation "à cinq ans dans cinq ans", baromètre des prévisions d'évolution à long terme des prix, est repassé sous 1,27% pour la première fois depuis un mois et demi.

Le rendement du Bund allemand à dix ans est quasi inchangé, autour de -0,385%.

CHANGES

L'aversion au risque reste sensible également sur le marché des devises: le yuan continue de monter et le dollar a touché, contre un panier de devises de référence, son plus haut niveau depuis le 2 décembre.

L'euro se traite autour de 1,1011 dollar après être revenu lundi à 1,1008. La monnaie unique est parallèlement revenue au plus bas depuis avril 2017 face au franc suisse, ce dernier bénéficiant lui aussi de son statut de valeur refuge.

"En période d'aversion au risque, les flux se dirigent habituellement vers le yen japonais et le franc suisse. Mais au vu de la proximité du Japon avec la Chine, le risque de voir le virus gagner le Japon est élevée, avec un cas confirmé pour l'instant. Le franc suisse est donc actuellement le refuge ultime", explique Chris Towner, directeur du courtier JCRA.

PÉTROLE

Les cours du pétrole subissent leur sixième séance consécutive de baisse, un mouvement lié principalement au coronavirus que les déclarations de pays de l'Opep sur une possible prolongation des restrictions de production ne parviennent pas à inverser.

Le Brent abandonne 0,76% à 58,87 dollars le baril, au plus bas depuis plus de trois mois, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,23% à 53,02 dollars.

(Marc Angrand)