L'Allemagne a peut-être été trop naïve avec la Chine, dit Merkel
information fournie par Reuters 17/11/2021 à 13:34

par Andreas Rinke

BERLIN, 17 novembre (Reuters) - L'Allemagne a peut-être fait preuve de naïveté initiale dans certaines domaines de sa coopération avec la Chine mais la montée des tensions avec Pékin ne doit pas la conduire à remettre en cause cette politique, a déclaré à Reuters la chancelière Angela Merkel.

L'ouverture dont a fait preuve Berlin vis-à-vis de Pékin durant les 16 années de pouvoir d'Angela Merkel a fait de la Chine le premier partenaire commercial de l'Allemagne, malgré des inquiétudes croissantes sur les distorsions de concurrence et les risques d'espionnage industriel.

"Peut-être avons nous, au départ, été trop naïfs dans notre approche concernant certains partenariats de coopération", a dit Angela Merkel lors d'un entretien publié mercredi. "Aujourd'hui, nous examinons les choses plus attentivement, et nous avons raison de le faire."

La chancelière, qui s'apprête à quitter le pouvoir, a ajouté que l'Allemagne, et plus largement l'Union européenne, devaient néanmoins poursuivre leur coopération avec la Chine, les deux régions ayant encore à apprendre l'une de l'autre.

"Un découplement total ne serait pas approprié de mon point de vue, il serait dommageable pour nous", a-t-elle dit.

La Chine, où Angela Merkel a effectué 12 visites officielles en 16 ans, est depuis 2016 le premier partenaire commercial de l'Allemagne, ce qui vaut à Berlin des critiques sur la dépendance de l'économie allemande et sur une tolérance exagérée envers Pékin sur des sujets tels que les violations des droits humains.

Le gouvernement allemand, tout en défendant le partenariat stratégique avec la Chine, s'est récemment efforcé de diversifier les échanges avec l'Asie.

Il poursuit ses discussions avec Pékin sur les sujets tenant à la propriété intellectuelle et la protection de la propriété industrielle, "qui concernent tous les deux les étudiants chinois ici comme les entreprises allemandes en Chine", a dit la chancelière.

Elle a estimé que les démocraties occidentales devaient rester dans la course à l'innovation afin de profiter de "l'impact de certaines évolutions technologiques".

"Pour l'instant, ce n'est pas le cas en Europe dans des domaines comme l'informatique quantique et l'intelligence artificielle", a-t-elle dit. "La Chine et, dans de nombreux domaines, les Etats-Unis, sont meilleurs."

(Reportage Andreas Rinke, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)