GESTION-Vague de défauts en vue dans le secteur du tourisme-Allianz GI
information fournie par Reuters 17/09/2020 à 10:55

PARIS, 17 septembre (Reuters) - Le secteur du tourisme et des loisirs, en première ligne dans la crise du coronavirus, n'a pas fini de souffrir, le retrait des mesures temporaires de soutien et l'augmentation de l'endettement pouvant provoquer une vague de faillites et de consolidations, dit-on chez Allianz Global Investors.

Le secteur a vécu une crise historique avec l'effondrement du trafic aérien, les mesures de confinement, les craintes des voyageurs sur le risque sanitaire, les restrictions du tourisme d'affaires et l'annulation de grands événements professionnels, culturels et sportifs, a rappelé jeudi Stéphanie Iem, analyste crédit pour la société de gestion, lors d'une conférence en ligne.

Le recul du chiffre d'affaires des acteurs du secteur devrait ainsi atteindre 50% cette année, avec un repli atteignant 60% pour l'Ebitda, selon les projections de l'Organisation mondiale du tourisme (UNWTO).

Le secteur a su réagir rapidement avec notamment le recours au chômage partiel, le report des charges et le décalage des investissements, a souligné l'analyste d'Allianz GI.

Il a pu paralèlement renforcer sa liquidité grâce aux prêts garantis par l'Etat, à de nouvelles lignes bancaires, à des émissions obligataires et à des augmentations de capital, a-t-elle dit.

L'avenir, cependant, est loin d'être rose, selon elle.

"Même si certains segments ont rebondi, notamment le tourisme de proximité, nous n'attendons pas de retour à la normale avant 2022-2023", a-t-elle dit.

Les acteurs du secteur ont subi en outre de nombreuses dégradations de notations et des perspectives de crédit, avec des restructurations ou des défauts pour les émetteurs les plus fragiles comme Carlson Travel, Codere, Hertz HTZ.N , Europcar

EUCAR.PA , Swissport et Travelex, a-t-elle ajouté.

"Le secteur du tourisme a concentré le plus grand nombre de baisses de notations sur les derniers mois et de nouvelles dégradations sont à attendre dans les prochains mois", a dit Stéphanie Iem.

"Nous prévoyons une augmentation du risque de défauts dans les 12 à 24 prochains mois parce qu'une fois que les mesures de soutien des gouvernements vont être retirées, les sociétés vont hériter d'un bilan surendetté avec des modèles économiques qui vont être mis en péril par de nouveaux modes de consommation.

"Nous restons très prudents sur ce secteur et très sélectifs en privilégiant les sous-segments ayant un fort potentiel de rebond à cour terme et les entreprises ayant une structure de capital soutenable dans le temps."

(Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault)