GESTION-Les marchés ont changé de régime de risque-BFT IM

information fournie par Reuters 24/05/2019 à 14:15
    par Patrick Vignal
    PARIS, 24 mai (Reuters) - Alors qu'ils étaient poussés par
des vents favorables aux actifs risqués depuis le début de
l'année, les marchés financiers ont changé de régime début mai
et sont désormais pilotés par des risques géopolitiques qui
prennent de l'ampleur, dit-on chez BFT Investment Managers.
    Le soutien apporté par la macroéconomie avec la posture plus
accommodante adoptée par les grandes banques centrales n'a pas
disparu mais ne suffit plus à compenser des incertitudes de plus
en plus grandes, notamment sur le front du commerce, dit à
Reuters Laurent Gonon, directeur des gestions de la société,
filiale d'Amundi.
    "On a eu quatre mois, jusqu'à fin avril, avec des marchés
portés par les banques centrales qui ont complètement retourné
leur politique monétaire en début d'année et qui ont offert au
marché un retour vers des configurations porteuses", dit-il.
    Mais la donne a changé lorsque Donald Trump a annoncé le 5
mai dernier que 200 milliards de dollars de produits chinois
jusque-là soumis à des droits de douane de 10% à leur entrée aux
Etats-Unis seraient taxés à hauteur de 25%.  
    Et la situation pourrait encore empirer si le président
américain mettait à exécution sa menace de taxer les 325
milliards de dollars d'importations chinoises qui ne le sont pas
encore, fait valoir pour sa part Mabrouk Chetouane, directeur de
la recherche et de la stratégie de BFT IM.
    "Si la Chine voyait toutes ses exportations vers les
Etats-Unis taxées, cela affecterait le secteur exportateur et
donc l'activité économique dans son ensemble. Il serait alors
possible de voir la prévision de croissance de la Chine tomber
en dessous de 6%", dit-il.
    "Le moteur chinois serait ralenti, bridé, et, mécaniquement,
cela aurait des effets en cascade sur la croissance mondiale et
sur celle d'autres zones économiques, notamment la zone
émergente."
    Pour l'instant, l'environnement global des marchés n'a rien
de catastrophique, soulignent les deux experts de la société de
gestion.
    
    LES OBLIGATIONS CONVERTIBLES PLAISENT
    "Les aspects macroéconomiques sont un facteur de soutien
parce que, même s'il y a un ralentissement, on évite la
récession, on reste au-dessus du potentiel et il n'y pas
d'inflation et pas trop de dérapages avec une visibilité qui est
plutôt bonne", dit Laurent Gonon.
    "Par contre, sur tout ce qui est risques géopolitiques, on
revient dans un environnement avec zéro visibilité, de grosses
incertitudes et le retour de la volatilité."
    La conséquence pour les gestions de BFT IM est une réduction
du niveau de risque des portefeuilles, notamment sur les actifs
risqués les plus exposés à la thématique commerciale, comme les
actifs émergents.     
    "Sur les actions, on privilégie plutôt l'Europe, qui n'est
pas complètement au coeur de la guerre commerciale, avec des
signaux macroéconomiques plutôt positifs et des valorisations
intéressantes par rapport à d'autres zones", dit Laurent Gonon.
    "Dans le contexte actuel, il y a une classe d'actifs que
l'on aime bien, ce sont les obligations convertibles, parce
qu'elles permettent d'avoir une approche un peu plus défensive
dans ce contexte incertain et qu'elles fonctionnent bien parce
que le crédit résiste bien."
    Du côté de l'obligataire, la dette souveraine est peu
attrayante dans un environnement de taux bas, explique le
directeur des gestions de BFT IM.
    "Il faut aller chercher du rendement vers le crédit, qui est
aujourd'hui une source de performance, notamment le 'high yield'
européen, moins endetté que les boites américaines."
    La question qui agite les marchés et perturbe les prévisions
des économistes est de savoir jusqu'où Donald Trump est capable
d'aller. 
    "Trump a-t-il un intérêt, d'un point de vue économique, à
aller sur ces 325 milliards ? La réponse est non. Le problème
est que, d'un point de vue politique, cette stratégie est
payante dans le but de préparer les primaires et l'élection
présidentielle de 2020", explique Mabrouk Chetouane.
    "On parlera de guerre quand tout sera taxé et tous les coups
seront permis. Pour l'instant, il reste de la marge de
négociation, comme on vient de le voir avec le délai accordé à
Huawei pour trouver un terrain d'entente."
    

 (Edité par Marc Angrand)